Elle fait toujours le même rêve. L’océan qui entoure la cité est calme, les gens sont paisible et heureux. Chacun vaque à ses occupations sans savoir qu’au loin au plus profond de l’océan la terre a tremblé.
Lentement et sans faire un bruit l’eau se retire.
Une ombre arrive, changeant le jour en nuit, cachant le soleil et assombrissant les murs blancs de la cité.
Il est trop tard pour fuir, trop tard pour espérer sauver sa vie. La mort est là , gigantesque, inéluctable et pétrifiante.
Dans son rêve Cléio se retourne et voit la vague de plusieurs mètres foncer tel un oiseau de proie sur la cité. Elle recule, trébuche et tombe à terre. Sa bouche s’ouvre pour hurler mais aucun son ne sort. Tout se fige autour d’elle, les gens, la vague et ses longs cheveux blonds flottant autour de son visage horrifié.
Le temps s’arrête, laissant place à une peur infinie et une douleur croissante.
Pourquoi l’océan vénéré s’est-il retourné contre nous ?
L’eau est sur le point de la toucher. Une goutte s’éclate au ralenti sur son doigt, laissant un impact si fort qu’un filet de sang jaillit. D’autres gouttes touchent son visage détruisant sa beauté comme de multiples lames de rasoir. Ses larmes se fondent dans l’eau salée de la vague. Les cris de milliers de gens retentissent. La mort est tout autour d’elle et à jamais en elle.
Elle se réveille toujours à ce moment du rêve. La respiration en apnée, la peau en sueur et le corps cambré sur ses draps blancs.
En un jour et une nuit, la plus grande civilisation de la Terre en ce temps fut anéantie.
Elle sait qu’elle fera ce rêve jusqu’à son dernier souffle et même dans ses futures vies. Ce drame est tatoué à son âme pour toujours et à jamais. S’en souviendront-ils sur la terre qu’elle a fuie ?
Ou son peuple restera t-il a jamais un mythe ? Une histoire que l’on aime raconté et cité en exemple pour faire peur aux générations humaines futures ?
Le souffle coupé, reprenant ses esprits sur le bord de son lit, l’Atlante en exil qu’est Cléio espère un avenir meilleur en regardant l’océan d’un autre monde qui entoure sa maison sur pilotis.
Ses yeux vert d’eau se perdent dans le bleu de l’eau au crépuscule. Dans son coeur une prière s’adresse au dieu Poséidon.
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