Dehors, au pied de la fenêtre, d’autres fleurs avaient été massacrées et Pavel se pencha pour mieux observer les empreintes laissées dans la terre meuble.

— Avez-vous vu son visage ? demanda-t-il tout en observant la direction prise par l’intrus.
— Non, il avait une grande cape noire et dans la panique… Je suis désolée, tout cela fait tellement cliché…

Les oreilles du lutin s’agitèrent légèrement mais il ne dit rien.

— Y a-t-il une sortie dans cette direction ?
— C’est une vieille grille rouillée qui débouche dans un terrain vague. Elle a arrêté de servir quand le terrain a été racheté par un industriel et la végétation l’a envahie.
— Pavel ?!
— Mh ?

Le détective se retourna et eut du mal à cacher son trouble quand il reconnut deux de ses collègues qui l’observaient sourcils froncés.

— On t’a retiré l’enquête mon vieux, qu’est-ce que tu fais là ?
— Je…
— Le directeur en sera informé. Fais-nous un peu d’air maintenant.
— J’ai engagé ce détective pour cette affaire, voulut le défendre la gobeline.

L’un des collègues, un affreux troll de presque deux têtes de plus que Pavel, afficha un sourire victorieux.

— Ça, ça signe clairement la fin de ta carrière mon vieux.

Pavel s’efforça de garder un masque impassible et se contenta de les saluer brièvement avant de s’incliner devant la gobeline.

— Non, dit-elle d’une voix blanche. J’ai besoin que ce soit vous…
— Navrée mademoiselle MacKriel.

Sans dire un mot de plus, il s’éloigna du petit groupe la tête basse. Il s’efforça de réprimer la rage qui était montée en lui face à l’attitude de ses deux imbéciles de collègues et accéléra le pas en direction de la grille rouillée. Il avait apparemment été le seul à apercevoir les lumières des véhicules de police et donc le seul assez malin pour s’éloigner avant d’être pris en train de fouiner sur les lieux du crime. Cela servirait de leçon à ces crétins qui se prenaient pour de grands enquêteurs.

La grille était grande ouverte et la végétation alentours saccagée. Un simple coup d’œil suffit à Pavel pour savoir que ce n’était pas la première fois que quelqu’un passait par là ces derniers temps.

Alors que des éclats de voix se faisaient entendre au manoir, le lutin se glissa silencieusement hors du parc et embrasa du regard l’immensité du terrain vague. La nuit était claire, il allait pouvoir suivre les traces sans peine.

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