Joris est assit sur le bord de son lit et pleure tandis que la pendule murale indique dix-sept heures. A sa ceinture sont accrochées deux saïs dorés qui lui ont été offert par la déesse lors de la cérémonie de ce matin. Ne voulant pas accomplir cette maudite destinée et étant retenu dans ce village contre sa volonté, Joris ne sait plus quoi faire. Alors qu’une idée noire traverse son esprit, la porte de la chambre s’ouvre sur Pierre.
– Tu descends ?
– Non merci.
– Mais tout le monde t’attend.
– Pour me mater comme une bête curieuse, non merci.
– Tu détestes vraiment ce que tu es ?
– Ce que vous m’avez fait devenir, tu veux dire.
Constatant que l’invité de ses parents ne souhaite pas se mêler aux habitants, Pierre décide de le laisser seul. En refermant la porte, le garçon regarde par la fenêtre du couloir et ses yeux croisent ceux de Yolande. Très vite, le jeune homme fait un mouvement avec sa tête et la femme comprend aussitôt que le protecteur n’est pas encore prêt pour descendre. Déçue, Yolande retourne à ses préparatifs et va rejoindre deux de ses amies : Liane et Dana. La première a des cheveux noirs et courts tandis que ses vêtements sont bleus clairs et gris.
De son côté, Dana a une chevelure de la même teinte que ceux de Liane mais elle se différencie par des mèches plus longues tandis que ses habits sont blancs et noirs. Au visage de Yolande, elles comprennent que quelque cloche.
– Tu veux que l’une d’entre nous aille discuter avec lui ? Propose Liane.
– Non car cela ne ferait qu’aggraver les choses, lui répond la cuisinière.
– Pourtant, c’est l’un des nôtres maintenant, se mêle Dana.
– Oui mais il va devoir prendre la route avec deux d’entre nous pour tenter de sauver nos mondes.
– Je ne pense pas qu’il soit prêt pour cela, poursuit celle qui a les cheveux courts.
– C’est pour cette raison qu’il doit participer à ces festivités. Ainsi, notre sauveur fera connaissance avec tout le monde et sera capable de choisir ses alliés. De plus, l’un d’entre eux devra parfaire sa formation aux armes.
– Autant qu’il choisisse un sorcier. Au moins, ce dernier pourra le protéger efficacement, indique Dana.
– Oui mais les sorciers purs ne sont plus légions dans notre village et c’est bien dommage.
Yolande met un terme à cette conversation en cassant un œuf dans un saladier. Tandis qu’elle bat le jaune à l’aide d’un fouet, Liane et Dana s’activent à décorer les tables. Pendant ce temps, Joris a réussit à se glisser dans l’église en s’échappant par la fenêtre de sa chambre. Désormais, il se tient seul face à la statue et sent une colère s’emparer de lui.
– Si je ne peux plus sortir de ce putain de village, c’est à cause de toi.
S’apprêtant à renverser la statue, Joris recule de plusieurs pas lorsqu’il voit une lueur blanchâtre baigner la déesse. Ensuite, un bruit étrange se fait entendre, poussant le jeune homme à baisser la tête. A ce moment, Joris remarque qu’une dalle se trouvant au sol s’est glissée sous une autre, dévoilant une cache dans laquelle repose un parchemin. Surpris, le protecteur regarde autour de lui et constate qu’il est toujours seul. Ne sachant quoi faire, Joris n’ose plus bouger lorsque le rouleau de papier est éjecté de sa planque par une force invisible.
Bien sûr, le parchemin achève sa course aux pieds de l’homme qui s’agenouille pour s’emparer du précieux. Dès que celui-ci est dans ses mains, Joris retire son ruban blanc et le déroule.
77