CHAPITRE IV : Erreur
Le lendemain, le jeudi 29 Janvier, toujours sous le choc des événements de la veille, j’étais « prêt » à obtenir mon deuxième pouvoir… Le réveil se fit comme tous les jours normaux, à part que je me réveillai suite aux ronflements de Blood dans ma tête, et très tôt, ce qui me permit de prendre mon temps. Je me préparai, je pris mon petit déjeuner, et je quittai mon domicile rapidement. Je demandai à Blood quel était le pouvoir qui m’attendait au passage de la cabine, mais il m’avoua que c’était une surprise, mais quelque chose de très utile. Arrivant près du lieu de l’accident d’hier, je remarquais que la zone était occupée par des policiers qui menait l’enquête.
« Merde… Comment vais-je faire pour passer par la cabine maintenant ?
– Regarde là-bas, niark ! Un policier ! Demande lui si tu peux passer ! me conseilla Blood.
– La réponse sera forcément non, mais je peux toujours essayer… »
Je me dirigeai alors vers ce policier, qui regardait les alentours. Me voyant arriver vers lui, il me stoppa d’un signe de la main et me dit :
« Désolé, jeune homme , mais vous ne pouvez pas passer !
– Que s’est-il passé ? demandai-je, comme si je n’étais pas au courant.
– Un homme a eu un accident de moto hier. On ne connaît pas la cause de cet accident, et cela ne semble pas être un accident normal… Enfin, c’est confidentiel, je ne peux pas vous en dire plus. Circulez ! m’ordonna-t-il, détournant le regard.
– Euh… En fait, j’aimerais juste passer un coup de fil à ma mère à l’aide de cette cabine téléphonique… bredouillai-je, la pointant du doigt.
– Si ce n’est pas urgent, cela attendra. Vous trouverez sûrement d’autres cabines plus loin, ne vous en faîtes pas, jeune homme. Sinon, vous devez avoir un téléphone portable, j’imagine.
Maintenant, circulez !
– C’est très urgent ! Et je n’ai pas de téléphone portable ! »
Le pire, c’est que c’était vrai ! Je n’avais pas de téléphone portable !
« Laissez-moi passer, je vous en prie ! le suppliai-je, jouant toujours la comédie.
– Dans ce cas, je peux vous prêter le mien ! Tenez ! débita-t-il, me tendant son téléphone portable. »
Je ne trouvais pas de moyen pour passer… Et merde !
« Blood ! J’ai besoin de toi… pensai-je.
– Désolé mais je ne peux rien faire, niark ! Trouve-toi un moyen pour passer ! Utilise ton intelligence ! Au pire, tu n’est pas obligé de passer par la cabine aujourd’hui ! »
Le policier me jeta un regard et s’impatienta :
« Vous pouvez utiliser mon portable si c’est si urgent.
– Mais… Je… hésitai-je, cherchant une solution. »
Puis je pris le portable du policier et fis semblant d’appeler quelqu’un.
« Allô, maman ? Désolé de te réveiller, mais c’est très important ! Allô ? Allô ?! »
Le policier me regarda, dubitatif. Je lui tendis alors le portable en lui affirmant :
« Votre portable ne fonctionne plus, il n’a sans doute plus de batterie… Vous pouvez me laisser utiliser la cabine téléphonique s’il-vous-plaît ? »
J’avais pris la peine d’éteindre son portable, et le temps qu’il le rallume, il ne pouvait pas vérifier si ce que je disais était vrai ou faux. Le tour était joué !
« Hum… Très bien, vous pouvez passer… Mais vous ne passez que votre coup de fil, et vous repartez, entendu ? exigea-t-il, ouvrant alors le passage.
– Merci beaucoup ! terminai-je, passant en dessous du ruban empêchant l’accès. »
Fier de moi, je me lançai ainsi vers la cabine, passant très vélocement. Logiquement, je ne ressentis ni coup de jus, ni quoique ce soit d’anormal cette fois.
« C’est toujours plus dur la première fois, niark ! ironisa Blood.
– Si tu veux… Plus sérieusement, quel est mon pouvoir ?
– Mystère et boule de gomme ! En tout cas, on va bien s’amuser, niark ! s’esclaffa Blood. »
Je ne répondis rien. J’allais le découvrir par moi-même de toute façon. Une fois passé par la cabine, mes mains dans les poches, je me dirigeai vers le chemin du lycée. J’avais une impression étrange. Je sentais quelque chose dans le bas de mon dos qui me gênait, mais impossible de savoir ce que c’était. J’avais les yeux qui piquaient, les dents qui semblaient mal placées et un petit coup de sang dans la bouche, comme si on m’avait donné un coup de poing et que la gencive était irritée. Lorsque je rencontrais des gens, ils me toisaient tous d’une manière déconcertante, comme si j’étais un monstre. Le problème, c’était que je méprisais cette sorte de regard oppressant sur moi, surtout de la part d’individus que je ne connaissais pas et réciproquement… Arrivé enfin devant la porte du lycée, le surveillant m’arrêta et m’interpella :
« Hé, jeune homme ! Ça va bien ?
– Bah oui, pourquoi ça n’irait pas ? débitai-je , entendant Blood poussant des ricanements saccadés.
– Tu me sembles bien pâle… Bon sang de bois, mais tu saignes ! Des yeux rouges… Des cheveux rouges… dit-il, comme effrayé.
– Comment ça, je saigne ? Et puis j’ai des cheveux noirs, pas rouges ! rétorquai-je, entendant les rires de Blood de plus en plus fort.
– Donne moi ton nom et ta classe, je vais t’amener à l’infirmerie !
– Euh… Je suis… commençai-je.
– Ne dis rien, niark ! me coupa Blood, Ton nouveau pouvoir, si tu l’as pas compris, est la métamorphose ! Mais pas en n’importe quoi ! En effet, tu as le pouvoir de te métamorphoser en moi ! »
Surpris, je regardai autour de moi. Tout le monde s’était arrêté et m’examinait du regard. Pris de stupeur, je me sauvai, bousculant les autres et cherchant un endroit pour être seul, en dehors du lycée. Une fois dans un coin isolé, je sortis machinalement mes mains de mes poches. Je les regardai avec stupéfaction : elles étaient couvertes de sang. En réalité, l’index, le majeur et l’annulaire étaient tous les trois entourés d’une fine couche de sang, qui continuait son chemin vers le dos de chaque main, pour ensuite se cacher sous les manches de mon manteau. Les traces continuaient probablement sur le reste de mon bras, voire sur tout mon corps peut-être (enfin, quand je dis « mes bras » ou « mon corps » je parle des parties du corps de Blood bien sûr, bien que ça soit moi qui les contrôle). Celui-ci m’annonça :
« Ce pouvoir te sera très utile, crois moi ! Dans ce monde, mon visage n’existe pas ! Aucune empreinte digitale, etc… L’outil parfait ! Niark !
– Je vois. J’aurais pu avoir des problèmes si tu n’étais pas intervenu… Sinon, je fais comment pour l’utiliser ce pouvoir ? Je veux dire… Comment faire pour reprendre mon apparence normale ? demandai-je, craintif si jamais je devais garder cette apparence jusqu’à la dissipation de mes pouvoirs.
– Laisse-moi t’expliquer. Tu t’es bien rendu compte que niark niark niark ? répondit-il sans que je comprenne sa question.
– Pardon ? répliquai-je, sur un ton pénible. »
Il y eût un silence élusif de quelques secondes. Puis je repris :
« Tu peux m’expliquer ?
– Bah je me sens obligé de tout t’expliquer dans les moindres détails maintenant, alors qu’au départ je voulais que tu devines par toi-même ton pouvoir… Ça serait plus rigolo, tu vois, niark… contesta le démon, sur un ton enfantin.
– Tu pourrais te dépêcher ? J’ai cours après, moi… Et puis je veux juste retrouver ma forme surtout ! Il est pas confortable ton corps !
– Si on peut plus rigoler… Niark ! Tu t’étais donc rendu compte que ta métamorphose s’est produite sans que tu ne t’en rendes compte, et sans que tu ne le veuilles? En réalité, c’est moi qui t’ai transformé, car comme je suis dans ton corps, je peux en faire ce que je veux. De plus, c’est moi qui active tes pouvoirs à chaque nouveau passage dans la cabine ! avoua-t-il.
– Mais je m’en fous de ça, je veux que tu me redonnes ma forme humaine je t’ai dit !
– Deux secondes, j’y viens, l’impatient ! Tu pourrais réfléchir un peu aussi, niark… En gros, pour activer ou désactiver mon pouvoir de métamorphose, il faut que tu me le demandes avec ta pensée !Dès que je réceptionne ta pensée, c’est-à-dire, tout de suite, je te change en moi des pieds à la tête !
– C’est pas plutôt de la tête aux pieds, l’expression ? lui demandai-je, blasé d’avoir attendu si longtemps une réponse aussi simple.
– Une expression, niark ? C’est lorsque tu prends mon apparence que ça agit ainsi, des pieds à la tête… C’est si difficile à comprendre, niark? me questionna-t-il, avec une pointe de raillerie au bout de sa phrase.
– Bon, je pense que je voudrais redevenir moi-même, c’est bon comme ça ? demandai-je, de plus en plus gavé. J’y pense depuis tout à l’heure, tu auras pu le faire depuis le début…»
Tout en poussant des ricanements et des « Niark ! » saccadés, je reprenais ma forme originelle de Levi Kotori. Ainsi, je retournai vers la porte du lycée, assez stressé tout de même. Mais le surveillant me laissa passer. Je soupirai de soulagement, mais le surveillant m’interpella alors que j’étais à quelques mètres de lui :
« Hé, jeune homme! Viens ici !
– Gloups, il a sans doute reconnu mes vêtements ou mon sac ! pensai-je, horrifié.
– Excuse-moi, mais ta carte de cantine est tombée, dit-il en la regardant, Levi Kotori… Tiens !
– M… Merci… marmonnai-je, rassuré »
J’ai eu de la chance! Heureusement que ces vêtements étaient communs et que mon sac était ordinaire… Sinon il m’aurait reconnu… Soupirant de soulagement, je me dirigeai vers la cour. Soudain, un con m’appela :
« Hé ! Petit con de Lévi ! Viens ici ! »
Je continuai ma route mais il me suivit, alors je me dirigeai vers les toilettes, ayant une petite idée en tête. Dans les toilettes, je changeai ma forme en celle de Blood, et quittai cet endroit pour arriver devant le con, le regardant fixement avec mes yeux rouges dilatés, qui me piquaient toujours autant.
« T’es qui, toi ?! T’essayes de me faire flipper ?! Il est où le ptit rat ?! Laisse-moi passer ! postillonna-t-il pas si rassuré que ça.
– Redis encore une fois quelque chose comme ça sur Levi et je te tabasse ! protestai-je »
Ça faisait vachement du bien de dire cela à un con !
« Pourquoi ?! T’es son petit copain ? J’avais raison quand je disais que ce petit merdeux était gay ! déclara le con.
– Qu.. ?! Je suis pas gay et je t’emmerde ! m’exclamai-je, lui donnant un coup de poing. »
Il tomba, laissant couler un filet de sang de sa bouche. Il se releva doucement. Je lui envoyai un regard de défi.
« Ha ha ! Tu ne peux rien contre moi ! Car je suis Blood ! pensai-je, sûr de moi.
– Au fait, déclara Blood, lentement, Je préfère te prévenir avant, mais lorsque tu as mon apparence, tu n’as pas ma force physique, ou ma résistance, cela va de soi.
– Tu plaisantes ?! pensai-je, déstabilisé.
– Comment t’oses me frapper, sale p’tit gringalet ?! J’vais t’tabasser et ensuite ce sera le tour de Lévi ! hurla le con, me donnant un coup de poing dans l’estomac qui me coupa le souffle. »
Je me fis latter comme une merde, comme d’habitude… Mes pouvoirs n’avaient rien changé… Le seul point positif était qu’il ne savait pas que c’était moi, et que mes blessures se soignèrent rapidement grâce au pouvoir de régénération… Mais j’étais toujours cette merde d’avant… Et je ne voyais pas en quoi ces pouvoirs allaient me changer et ce qu’ils allaient m’apporter… Pourtant, j’étais certain qu’un jour je me vengerais, et qu’ils verraient que je ne suis pas un raté, ni un petit merdeux…
« Arrête de te plaindre, niark ! Les pouvoirs que tu as ne te sont peut-être pas d’un grand secours aujourd’hui, mais ils le seront par la suite! »
Puis la sonnerie retentit dans la cour. Mon jeudi se déroula comme d’habitude… La journée me semblait longue… Tout ce que je voulais, c’était de passer une nouvelle fois par la cabine et d’obtenir un nouveau pouvoir, et rendre cette journée ennuyeuse différente des autres…
Le soir, je retournai chez moi, lorsque j’entendis un cri en passant près d’une petite boutique. Rapidement, je changeai mon apparence, et accourus dans le magasin. Un homme, muni d’un couteau, menaçait la jeune femme du guichet. Je voulais bouger, mais je n’y parvenais pas… J’étais pétrifié… Je voulais agir… Vraiment… Mais je ne pouvais pas… Et je ne savais pas quoi faire… L’homme me regarda et me cria :
« Le gamin, là ! Bouge pas où tu crèves, et cette fille aussi! »
Il attrapa la demoiselle par le cou et posa le couteau sous sa gorge.
« Il faut que je fasse quelque chose… Allez ! Fais quelque chose !! pensai-je, comme parlant à moi-même.
– Tu n’as pas à avoir peur, niark ! Tu ne peux pas mourir et personne ne saura qui tu es réellement avec mon apparence ! me dit alors Blood.
– Mais oui, c’est vrai ! Mes pouvoirs ! Je dois m’en servir pour faire le Bien ! »
Je m’approchai lentement de l’homme qui semblait horrifié par mon physique monstrueux. Lorsqu’il resserra l’emprise sous la gorge de la jeune femme, je me jetai sur lui, le renversant à terre et libérant la demoiselle. Il cria et me poignarda à l’aide de son couteau, à plusieurs reprises.
« Tu ne peux rien contre moi!! affirmai-je, m’emparant de son couteau. Maintenant, crève ! La planète tournera mieux sans un déchet comme toi ! »
Puis je plantai le couteau dans sa tête. Je respirais très fort, comme si j’étais épuisé. Quelques secondes plus tard, je me rendis compte de ce que je venais de faire. Pris de stupeur, je me relevai soudainement, et pris la fuite en courant aussi vite que je pouvais. Je venais de tuer quelqu’un !
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