Vingt-cinq années s’étaient écoulées, quand un jour dans le village humain « Humanum » naissait Exéus, fils de Ganateon, petit fils du roi Augurre 2. A sa naissance, Nidia, sa mère, avait souffert plus que jamais, mais Exéus doté d’une force surnaturelle, sortit de son ventre en un rien de temps, ce qui abrégea ses souffrances. Exéus était un enfant souriant avec des cheveux bruns et des yeux d’un bleu profond. Bien que de sang royal, il grandit dans une famille modeste et vivait dans la paix de Cryon. Dès son jeune âge, il raffolait des histoires de guerres que son grand père Augurre 2 prenait plaisir à lui raconter. Jour après jour, il attendait un nouveau récit et voulait toujours en savoir plus sur les origines de Cryon et sur les principaux conflits à travers l’histoire.
A l’âge de 6 ans il voulut apprendre à manier l’épée avec son père pour pouvoir se battre un jour comme son grand père l’avait fait autrefois. Quotidiennement, il se levait à l’aube pour pouvoir s’entraîner de nouveau. Son enthousiasme inquiéta Nidia qui avait peur qu’un jour son fils ne devienne un soldat et ne meurt au combat. Son mari Ganateon lui assurait que la paix était durable, et qu’un prochain conflit était impossible.
Plus les années passaient, plus sa détermination s’amplifiait. Il était excité et ne faisait que parler des anciennes guerres qui furent jadis meurtrières pour les siens.
Son habileté à combattre faisait la fierté de son peuple et on le prenait en exemple.
A quinze ans, c’était déjà un homme. Sa maîtrise des armes, son regard perçant et ses longs cheveux noirs attachés en catogan lui conféraient une autorité naturelle. Un jour, en allant au cours de combats, une surprise l’attendait. Depuis des années, il s’entrainait à manier l’épée seulement avec son père et jamais aucune autre personne n’avait ressenti le même besoin que lui. Seul Drac Onis, un jeune guerrier arrogant, voulait se joindre à lui mais ses différentes tentatives restèrent vaines. Aujourd’hui, quelqu’un était là, il attendait avec une épée à la main en le regardant. Il était plus grand qu’Exéus. Il avait des cheveux blancs, des yeux d’un vert puissant et des faussettes à chaque joue. Il ne souriait pas mais n’avait pas l’air triste pour autant. Exéus s’avança vers lui et engagea la conversation pour la première fois avec quelqu’un de son âge.
– Je suis Exéus.
– Varro. dit-il en lui tendant la main.
– Tu es venu t’entraîner, toi aussi ?
– Oui, mon père y tient.
– Pourquoi ?
-I l veut que j’apprenne à me battre aussi bien que toi. En te voyant la semaine dernière il a dit que tu te battais brillamment et que je devrais suivre ton exemple.
– Tu n’aimes pas le combat ?
– Si mais je manie bien mieux mon arc que mon épée répondit t-il.
– Très bien, vérifions ça!
Soudain Exéus saisit son glaive et commença à attaquer Varro. Ce dernier joua le jeu et prit lui aussi son épée et donna son premier coup. Il se retrouva vite à terre mais n’abandonna pas et se releva. Pendant près d’une heure, ils se battirent. Les coups s’enchainèrent et la fatigue gagna peu à peu les deux adolescents. Varro, à bout de force, renonça au prochain combat. Il lui proposa cependant de lui montrer comment il maniait l’arc. Il choisissait une cible et commençait à viser quand Exéus intervint.
– Attends! Cette cible est bien trop éloignée tu ne pourras pas la toucher.
Varro, cependant, ne prit pas compte des conseils de son ami et visa. Lorsqu’il tira, la flèche partit, tel un éclair, et arriva en plein dans la cible. Elle était plantée juste au milieu. Exéus n’en revenait pas.
– Comment as-tu fais ça? s’étonna t-il.
– Ce n’est qu’une question de pratique, rien de plus. Comme toi avec ton épée.
– C’est génial, tu as un véritable talent s’exclama Exéus.
– Merci s’empourpra Varro visiblement très touché.
– Tu reviens demain? questionna Exéus.
– Sûrement. Attends, dit soudain Varro, pourquoi ne déjeunerais tu pas chez moi ? cela me ferait un peu de compagnie et mes parents seraient honorer de te recevoir.
Après avoir obtenu l’approbation de son père, il accepta, surpris par cette invitation de dernière minute.
Exéus et Varro se suivirent. La maison de Varro était une petite chaumière installée au fond d’Humanum. Une grange abritant un cheval jouxtait la petite demeure. La façade de la chaumière était des plus simples: une porte en bois sombre, des fenêtres rondes, des poutres en bois apparent ainsi qu’un toit de paille. Malgré la modeste maison, Exéus éprouva un sentiment de bien-être et se sentait comme chez lui. A l’intérieur, il découvrit un petit endroit chaleureux. La pièce principale était meublée de façon spartiate avec une petite table et de quelques chaises en bois, un grand meuble posé contre le mur et une cheminée. Varro vivait avec ses parents. Sa mère, une petite femme replète aux cheveux bruns était vêtue modestement. Elle avait des yeux aussi verts que Varro. A côté d’elle, se tenaient deux autres jeunes hommes aux cheveux blancs et aux yeux noirs, hérités certainement de leur père. La mère alla se présenter auprès de Exéus.
– Bien le bonjour, jeune Exéus, je suis Line, la mère de Varro . Enchantée de faire ta connaissance.
– Bonjour, Mme….?
– Tinius répondit-elle.
– Je suis content de vous rencontrer Mme Tinius dit Exéus.
– Je te présente mes deux grands fils, Agron et Lenius.
– Bonjour! dirent-ils en même temps.
– Mon mari ne fait que parler de vous ici. Il admire votre volonté de combattre à un âge si jeune. Lui aussi, a combattu lors de la guerre des Mandores raconta Line.
– Mon grand père aussi y a combattu. C’est le roi Augurre 2.
– Oui, bien-sûr. Votre grand père est un homme bien.
Soudainement, Mme Tinius s’interrompit et se rappela qu’ils revenaient de l’entraînement.
– Vous devez être affamés finit-elle par dire.
Elle servit de la soupe à Varro et en proposa à Exéus. La soupe était excellente et ils se régalèrent.
Durant le repas, Agron prit la parole et s’adressa à Exéus.
– Sais-tu que selon les légendes, un Mandore aurait survécu à la guerre de 1439. Il serait dit-on en train de préparer sa vengeance.
Exéus ne savait pas de quoi il parlait mais cela éveilla son attention. Un survivant se dit-il. Comment avait-t-il pu survivre au massacre de la guerre.
– Comment est-ce possible?
– Il aurait apparemment était ressuscité par les dieux eux-mêmes pour qu’il se venge de ce que nous lui avions fait jadis. C’est effrayant non? A l’idée qu’un ennemi qu’on croyait vaincu à jamais revienne…Mais il fut coupé de son histoire.
Soudain une voix inconnue s’éleva et dit.
– Sottises et balivernes! Ce ne sont que des mythes et des légendes pour enfants. Rien de tout cela est arrivé ou n’arrivera un jour.
– Comment peux-tu en être sûr père ?
Exéus fit le père de Varro pour la première fois. Il était grand avec des cheveux blancs comme ses progénitures. Il avait des yeux aussi noirs que l’ébène et portait une armure de cuir. Il semblait avoir la cinquantaine.
Alors qu’il s’apprêtait à répondre à son fils, il vit Exéus et s’exclama de joie.
– Ah le combattant est dans ma maison! Exéus est assis à ma table. Merveilleux!
– Mr Tinius, dit Exéus en se levant de sa chaise pour lui serrait la main. Enchanté de vous rencontrer!
– Moi de même. Voir un si jeune guerrier ici, c’est vraiment très rare.
– Oh je ne suis pas guerrier, seulement apprenti lui dit-il.
– Non tu es bien plus. La soif de la guerre coule dans tes veines. Comme dans celles de ton grand père.
– Vous le connaissez?
– Bien sûr, nous avons combattu ensemble. Ah dit-il d’un air nostalgique, une merveilleuse guerre.
Après le déjeuner, Exéus et Varro partirent de la maison et allèrent s’entrainer de nouveau à l’arène des guerriers. Sur le chemin, ils discutèrent de cette fameuse légende qu’Agron avait raconté lors du déjeuner. Varro apprit à Exéus que son frère était assez farceur et que cette histoire pouvait-être le fruit de son imagination.
Exéus avait beau écouter les paroles de Varro, il était persuadé que ce mythe était véridique. Quelque chose lui disait qu’un survivant pouvait exister. Cela l’effrayait d’un côté mais d’un autre l’excitait. Si jamais une nouvelle guerre éclatait, il pourrait enfin exploiter ses talents de guerrier. Une fois arrivé à l’arène, ils saisirent chacun un glaive et commencèrent à se battre. Ils se battirent durement jusqu’au soir et chacun rentra chez soi. Exéus ne le savait pas encore mais cette journée allait changer sa vie à tout jamais. En poussant la porte d’entrée, il trouva son père agenouillé, la tête entre ses mains, en larmes. Il s’approcha et vit son grand-père gisant au sol, sans vie. Les cris et les pleurs de son père déchiraient les murs et le village entier entendait la souffrance et la tristesse qu’éprouvait en ce moment Ganatéon. Exéus était sous le choc et ne pouvait pas y croire, pourquoi un tel homme était-il mort maintenant? Ganatéon aperçut son fils et le prit pour l’étreindre. Il le serra si fort qu’il finit par lui faire mal. Exéus, ne dit rien, pour autant. Sa douleur devait être abominable, la sienne viendrait plus tard, une fois le choc amorti. En regardant de plus près le corps de son grand père il vit qu’un poignard était planté dans son torse. Du sang se déversait peu à peu sur le sol de la pièce. Qui avait bien pu poignarder son grand-père? Il était respecté de tous et avait apporté la paix en ce bas monde en chassant l’ennemi de ces terres? Soudain, une pensée lui traversa l’esprit. Il repensa à l’histoire d’Agron et à ce fameux survivant qui devait prendre un jour où l’autre sa revanche. En y songeant maintenant, il trouva cette hypothèse des plus logiques. C’était son grand père qui avait chassé le peuple des Mandores et donc, par conséquent, il devait être tenu comme principal responsable.
– Père qui est le responsable de cette acte horrible? finit-il par articuler.
– Je ne le sais point, mon fils mais sache que le coupable le paiera quelqu’en soit le prix.
– Ne crois-tu pas que ce pourrait être le survivant des Mandores qui selon la légende préparerait sa revanche depuis bien des années.
– Non ce n’est pas possible. Personne n’a survécu à cette guerre, ce ne sont que des mythes.
– Alors qui pouvait bien atteindre à la vie de mon grand père? Il était aimé de tous pour avoir apporté la paix. Qui pouvait bien lui en vouloir?
Ganatéon ne répondit pas et la discussion prit fin. Ce fut une dure nuit, Ganatéon ne cessa de pleurer la mort de son père. Ses cris étaient de plus en plus douloureux. Son coeur était déchiré et celui de Exéus rempli de vengeance. Au réveil, Exéus trouva la maison vide. Ni ses parents, ni le corps de son grand père étaient là. Dehors, il vit une foule de personnes se rendant au cimetière des justes de la cité. Il alla les rejoindre. Quelques instant après, son père prononça un discours en l’honneur d’Augurre 2.
-…Augurre Ganitus Baratheon 2 était un père mais aussi un grand père. C’était un homme juste qui apporta la paix à notre cité. Lui seul, réussit à passer un pacte de paix avec toutes les autres espèces de cette terre qui jadis étaient nos ennemis. Lui seul, dirigea et mena le combat contre le peuple ennemi, les Mandores…
Le discours de son père contrastait avec le silence qui régnait dans le cimetière. Exéus fut surpris de voir à quel point les gens appréciaient son grand père et le respectaient.
-…Je le demande haut et fort! continuait Ganatéon. Qui a pu assassiné un tel homme? Qui a bien pu ôter la vie à quelqu’un qui se faisait vieux maintenant? Un homme qui ne recherchait que la paix de Cryon. Aujourd’hui nous lui rendons hommage et qu’il puisse reposer en paix.
Toute la foule répondit à l’unisson « Amen » . Puis, un homme qu’Exéus reconnut immédiatement par sa voix grave, Mr Tinius, s’écria « Augurre! Augurre! » et tous les autres fidèles l’imitèrent en scandant le nom du juste. Les Nacients, les Sirnients, les Gonacients, les Touziens, les nains victorieux, les gollomes ainsi que les elfes, tous étaient là et pleuraient le départ du grand roi. Beaucoup d’entre-eux raccompagnèrent son père à sa demeure pour rendre à Augurre 2 un dernier hommage. Parmi toutes les personnes, Exéus reconnut Marcus le boulanger du village, Nora la poissonnière, Eldor, son grand-oncle, le frère de son grand-père considéré comme le sage du village, Tern un grand ami de son père, Medicus le médecin du village et pleins d’autres fidèles.
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