Finalement tout le monde décida de rester. Même Wocirex déterminé à partir finit par retourner sa veste, sans doute de peur de perdre la face devant ses compagnons. Et alors que le temps semblait avoir suspendu son cours en attente du glas final, un vent de changement se profila à l’horizon. Les dernières nouvelles du front penchaient en notre faveur. L’armée impériale sous les ordres du général Marisk avait effectué plusieurs percées importantes dans les rangs adverses et avait libérés plusieurs cités tombées. Il n’en fallut pas plus pour raviver la flamme de l’espoir dans le cœur meurtri des villageois. Mais au milieu de toute cette effervescence de joie une ombre noircissait le tableau … Milthias ! Il restait en retrait, broyant du noir, comme si quelque chose lui avait échappée. Il refusait même que l’on se laisse aller à l’allégresse qui était selon lui le premier des fléaux menant à une défaite anticipée. Car en temps de guerre, comme il nous le répéta souvent par la suite, rien n’est joué d’avance et il est interdit de crier victoire tant qu’aucune déclaration n’a était officiellement signée par les parties concernées. C’est pour cela qu’il insista, pour que la rénovation défensive du village continu. Mon paternel semblait lui aussi réservé sur la situation, pour une raison qui m’échappait. Mais cela n’échappa pas à l’œil affûté et aux oreilles aiguisés de ma mère et autant dire que ça n’améliora pas leurs rapports. Mais le destin est capricieux et il ne se priva pas de nous le montrer. Alors que la victoire nous semblait a portée de main. Marisk connaissant succès sur succès et acculant chaque jours l’armée d’ Anthranax toujours plus prêt de la frontière un événement inimaginable se produisit qui eut tôt fait de nous remettre les pieds sur terre et de finir par la même occasion de nous enfoncer définitivement dans les ténèbres. Alors que l’armée impériale se trouvait à moins de cent cinquante kilomètre des Monts d’argent, un dernier obstacle se dressa sur son chemin. «Les Marais d’hécatonchires»
Un lieu lugubre parcouru de vapeur de soufre et ou la frondaison est si dense que les rayons du soleil ne parviennent pas à y pénétrer. D’après les légendes de nombreux affrontements opposant des sorciers des deux camps y auraient raisonnés, et c’est le dégagement de puissance qui en aurait résulté qui aurait modifié drastiquement la géologie de l’endroit, lui donnant son aspect actuel. D’autres récits les décrivent aussi comme une antichambre de l’Anchorr, les morts y côtoyant les vivants. Les âmes des défunts soldats tombés aux champs d’honneur y errant continuellement comme autant de bras maléfiques prêt à attirer les malheureux qui auraient l’audace de s’y aventurer dans les profondeurs des bourbiers qui tapissent le sol. Faits confirmés par les quelques téméraires ou inconscients qui au fil des années ont décidé de les traverser et s’en sont sortis. Tous leurs témoignages font état de murmures lancinants et de formes indistinctes se déplaçant entre les arbres. Malheureusement ceci se font rares car plus nombreux est le nombre de disparus, empêchant ainsi toute conclusion hâtive car comment savoir s’ils n’ont pas succombé aux dangers naturels des grenouillères, serpents, sable mouvant et autres merveilles que la nature a créé y étant légion. Plusieurs corps expéditionnaires envoyés pour enquêter sur ces disparitions, ne trouvèrent rien d’anormal. Seulement qu’une étrange aura semblait flotter dans l’air, provenant sans doute des vapeurs de souffre et pouvait éventuellement provoquer chez des personnes sensibles hallucinations et autres délires psychotiques.
Mais ces racontars de grand-mère n’inquiétaient nullement Marisk qui mue par son courage sa volonté de fer et surtout l’envie de défendre son pays ainsi que les personnes qui lui sont chère s’y enfonça sabre au clair. On ne les revit plus jamais.
Quelques jours plus tard un homme se présenta au palais, vêtu de haillons et couvert de sang. Il disait faire partie de la troisième cohorte qui avait pénétré dans les marais sous la directive du général Akirian, et voulait parler de toute urgence à Darod. Bien entendu personne ne le prit au sérieux croyant avoir à faire à un illuminé ou un mendiant en quête de reconnaissance. Même quand celui-ci se mit a faire le Drogba, le salut traditionnel militaire la main gauche posée à la vertical sur la clavicule correspondante et la droite posée sur celle-ci a l’horizontale tout en suppliant de le laisser passer qu’il y en avait de la survie du monde on lui ria gentiment au nez. Désespéré celui-ci décrocha la cabas qu’il portait au dos, et dit qu’il avait un présent de la part du futur empereur d’Azur destiné aux Valeureux en gage de bonne foi. Les gardes le regardèrent alors médusés extirper la tête de Marisk et la brandir devant lui comme un trophée. Ceux-ci réagirent promptement ils dégainèrent leurs épées de concert prêt à tailler le malheureux en morceaux. Et sans l’intervention du capitaine Obara le commandant de la garde adamantine alerté par le vacarme il en aurait été ainsi et nulle n’aurait su ce qu’il était advenue de notre armée. Le pauvre ère fut alors conduit dans une cellule ou le commandant l’interrogea longuement. Aux termes de l’entrevue celui-ci ressortit l’air dépité, suivi du messager qu’il conduisit dans la salle du trône. Là sous le regard de l’impérator, celui-ci raconta en détail la déroute qu’avait subi notre armée, comment Milthias s’était lancé vaillamment a la conquête des marais et comment les milliers d’hommes qui l’accompagnaient, pleins de fougue et de rage et mus par l’espoir d’une victoire prochaine s’y était engouffrés à sa suite faisant fi de leurs propres appréhensions aux sujets de cet endroit que l’on dit maudit.

Récit du survivant :
– – Au début la procession s’était passée sans heurt malgré le calme surnaturel qui régnait en ces lieux, aucune plainte d’animaux ne sourdait des ombres même le clapotis des tourbes semblaient diffus et lointain. C’est comme si toute vie avait décidé de déserter ce lieu. Le moral des hommes n’était pas au beau fixe, et les plus folles divagations se propagèrent. Certains disaient apercevoir des formes diffuses se mouvoir dans les ombres, fait d’autant plus inquiétant que l’on apercevait nulle part ou presque des traces de l’avancée d’ Anthranax alors que celui-ci n’avait pas plus d’un jour d’avance. C’était comme si la nature couvrait leur trace. Si les éclaireurs ne les avaient pas vu pénétrer l’orée des marais on n’aurait jamais cru qu’une armée s’y cachait, aucune branche cassée ne jonchait le sol, aucun détritus ne le souillait. En ces lieux la nature paraissait encore vierge et immaculée, comme un nourrisson qui vient d’arriver au monde. Ne serait-ce les quelques traces de pas épars que nous remarquâmes, témoignant d’un passage récent. Mais rien qui laissait penser le passage plusieurs milliers d’hommes. Puis la ligne d’horizon sembla se mouvoir devant nous et les forces Méridiennes nous apparurent, immobiles. Elles nous dévisagèrent fixement, sereinement comme si elles étaient sur de leurs victoires alors qu’elles nous étaient deux fois inférieures en nombre. Puis ce fut le chaos Ramos ait pitiés de mes compagnons. Un cor retentit ! Sa note se répercutant dans toute les directions puis une pluie de flèches s’abattit sur nous de toute part Milthias eux à peine le temps de crier de lever nos boucliers que déjà une bonne centaine de mes frères venaient de rencontrer Ephais en personne dans son lugubre royaume de Anchorr. Des crochets s’arrimèrent ensuite sur les côtes de mailles de mes camarades qui se retrouvèrent subitement pendus dans les branches des arbres tandis que des soldats ennemis se servaient du balancement en résultant pour fondre sur nous depuis la cime des arbres planant un temps avant de s’écraser au milieu de nos formations faisant pleuvoir la mort et la désolation. Comme si cela ne suffisait pas des formes sombres surgirent du sol spongieux autour de nous, lançant des raids éclairs sur nos flancs pour désorganiser nos formations. La panique ne tarda pas à s’emparer de nos cœurs, déjà affectes par l’ambiance lugubre qui régnait en ces lieux et nombres d’hommes se désolidarisèrent de leurs formations, fuyant pour préserver leur vie, ce qui accéléra le massacre. Le général avait beau crier de ne pas rompre les rangs que l’avenir tout entier de l’Armérie dépendait d’eux rien n’y fit le traumatisme était trop fort et les rangs des déviants se multiplièrent. Ce fut ce moment que choisit Anthranax pour fondre sur nous avec toute la force de son armée restante. Le choc fut terrible, les Méridiens enfoncèrent nos lignes aussi facilement qu’un couteau pénètre dans du beurre et la bataille se transforma en une véritable boucherie car nos adversaires ne se battaient pas pour une juste cause, ils se battaient pour tuer et surtout ils avaient soif de revanche après toutes les déconvenues que nous leurs avions fait subir ces derniers temps. Partout ou se posait mon regard je ne voyais que des horreurs, des visions de cauchemars, ici et là des soldats qui rampaient une jambe en moins tandis que d’autres agonisaient se tordant de douleurs sur le sol essayant tant bien que mal d’empêcher leurs tripes de quitter leurs corps, un de mes frères s’effondra sur moi une flèche plantés dans l’œil. Le sang coulait tellement à flot que même le sol spongieux des grenouillères ne parvenait plus à l’absorber donnant à celui-ci une vilaine teinte carmine. On auraient dit que les portes d’ Anchorr venait de s’ouvrir sous nos pieds pour laisser pénétrer dans notre monde quelques démons putrides avides d’hémoglobines. Et tandis que le massacre perdurait nos adversaires nous taillant en pièces, décapitant, démembrant, éviscérant avec une hargne terrifiante les faisant ressembler à des chiens enragés, un homme tenait bon, refusant de se laisser écraser par la chape du destin, le général Marisk Akirian dont on disait qu’il avait la force de dix hommes. Il nous gratifia d’une démonstration de bravoure et d’art martial digne de nos plus grands héros au détriment des Amériens qui croisèrent le fil de sa lame. Alors que celui-ci retirait son glaive d’un cadavre, un soldat tenta de le prendre à revers mais Marisk fut plus leste, pivotant sur lui-même il décocha un formidable coup de bouclier dans la tête de son agresseur qui décolla littéralement du sol avant même qu’il retombe la lame du général le transperça de part en part, le malheureux finit littéralement embroché et alors que le général le fixait froidement deux autres soldats déboulèrent sur son flanc gauche ceux-ci furent accueillis par la dépouille de leur frère d’arme qui alla s’écraser sur eux, un autre combattant porta un coup de hache sur Marisk qui para son attaque tout en pivotant sur lui-même et lorsque le blanc de leurs yeux se croisèrent de nouveau l’assaillant tomba à la renverse transpercé au niveau du sternum,un cinquième Amériens se joignit à la fête qui ne se déroula pas sous les meilleurs hospices pour lui. Il fut cueilli par un redoutable coup de pied dans les côtes qui se brisèrent nettes et finit sa course quelques dizaines de mètres plus loin, avant qu’il ne puisse ne se relever Marisk bondit sur lui depuis les airs enfonçant son bouclier dans une de ses cuisses, qui s’ouvrit jusqu’à l’os et alors que celui-ci pestiféré le général acheva ses souffrances en enfonçant son glaive dans sa gueule. Mais tout homme a ses limites et Marisk semblait avoir atteint les siennes, ses mouvements ralentissaient, se faisaient moins précis, moins puissants au fur et à mesure que la bataille perdurait. Finalement un groupe d’Amériens parvint à percer sa défense et commença à le lardé de coups. Alors qu’il gisait au sol à l’agonie, un soldat prêt à lui porter le coup de grâce une voix puissante résonna.
-Arrière ! celui-ci est à moi
Un colosse de plus deux mètres approcha, engoncé dans une armure noire comme la nuit, nuancée d’argent et de rouge.
Les soldats s’écartèrent respectueusement une lueur de crainte dans le regard, je pense qu’il s’agissait du général Mérinax commandant en chef de la force d’invasion.
Il ordonna à Akirian de se redresser haranguant qu’il ne se rabaisserait pas à affronter un adversaire de son niveau, alors que celui-ci gisait à ses pieds, qu’il préférait le voir mourir debout plutôt que la face dans la merde à moins, ajouta t’il «que ça soit la place de ton peuple condamné à vivre aux milieux de nos déjections pour la fin de vos jours»
La provocation fit mouche, mut par une indéfectible volonté Marisk parvint à se relever et à saisir son glaive et son bouclier, malgré la gravité de ses blessures.
Mérinax exulta, tout en dégainant sa bardiche puis il s’élança sur notre général, portant un coup puissant à la vertical. Mais celui-ci réussit à esquiver par un magnifique roulé boulé. Avant de se redresser dans le même mouvement, et de porter un coup d’estoc en direction du cœur de son opposant, qui malgré sa corpulence parvint à esquiver par un magnifique pas de côté. Marisk emporté par son élan, fut fauché en pleine course par un croque en jambe et alla s’étaler quelques mètre plus loin dans la poussière. Alors qu’il se relevait difficilement il vit la bardiche qui filait vers sa tête depuis les airs. Il ne dut sa survie qu’a son instinct qui lui dicta de rouler sur le sol, malheureusement dans l’action son bras droit fut gravement toucher et il dut se résoudre à se débarrassé de son bouclier. Nouveaux coup de pied de Mérinax et il se retrouva à nouveau dans la boue, la hache du commandent plongeant vers lui, prête à lui ôter la vie. Pivotant légèrement, il parvint en s’aidant de ses deux mains à parer miraculeusement l’attaque. Son bras l’élançant, il ne put maintenir longtemps cette position. Se redressant et contre toute attente il asséna un formidable coup montant en direction de la tête de Mérinax, qui en fut pour ses frais. Son casque s’envola et l’attaque lui lacéra le visage du menton jusqu’au-dessus de l’œil droit. Il enragea, de la bave se formant à la commissure de ses lèvres, se demandant sans doute comment ce misérable avait réussi le premier à faire couler son sang. Puis un sourire malicieux égaya sa face hideuse. Il essuya le sang qui ruisselait, puis le lécha langoureusement une lueur de lubricité dans les yeux. Mais Marisk ne lui laissa pas le temps de rentrer en extase, il plongea sa lame en direction de son torse. Chose impensable, elle percuta la cuirasse mais ne la pénétra pas, étais ce parce que Marisk était vraiment à bout, ou que l’armure du commandant était incroyablement résistante. Une chose est sûre, elle lui sauva la mise. D’abord surprit par cette contre-attaque foudroyante celui-ci se ressaisit rapidement et posa ses deux paluches sur la lame qui vira rapidement au rouge tant il la serrait. Suivant son fil il se retrouva en tête à tête avec le général, son regard de carnassier le fixant avidement. Puis il lui éclata le nez d’un terrible coup de tête, avant de lui décoché une beigne à lui décrocher la mâchoire. Notre malheureux général fit deux tours dans les airs, avant de retrouver le plancher des vaches, ou il s’écroula lourdement sans parvenir à se redresser et là, je sus que c’était vraiment la fin. La suite n’est plus qu’horreur et désolation. Mérinax s’approcha du corps de Akirian et d’un redoutable coup de hache lui trancha net les deux jambes. Le général resta stoïque jusqu’aux tous derniers moments privant son adversaire de la jubilation de le voir le supplier. Même quand Mérinax souleva son corps meurtrit et brisé, pour lui porter le coup de grâce il ne broncha pas. Puis sa tête s’envola dans les airs, quittant son corps ravagé pour aller se vautrer dans la fange. Le commandant s’en saisit et la brandit à la face de son armée pour exalter sa ferveur. Ses hommes revigorés par cette apparition soudaine virent leur détermination repartir en flèche, et frappant avec une sauvagerie et une cruauté sans borne ils finirent de massacrer les survivants de notre armée. Je gisais à quelque mètre seulement de la dépouille de Marisk, trois carreaux d’arbalète plantés entre les omoplates. Un groupe de soldats s’approcha décidé à m’envoyer rejoindre mes ancêtres. Mais quand l’un d’eux me releva le menton, pour me trancher la gorge Mérinax lui ordonna de suspendre son geste haranguant que j’allais pouvoir lui être utile. Ils me gardèrent en observations pendant quatre jours, le temps que mes blessures se stabilisent puis je fus convoqué dans la tente de commandement ou Mérinax me gratifia d’une mission spéciale. La suite vous la connaissez.

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