Nyobe tourna la tête lorsque Léa entra dans le poste de contrôle. La mercenaire avait échangé son fauteuil contre une combinaison de mobilité qui assistait ses jambes. Elle l’avait faite disparaître sous un long manteau noir qui montait jusqu’en haut du cou. Sa démarche était saccadée mais ferme, dissuadant du moindre commentaire les personnes dans la pièce. Elle avait couvert ses yeux marrons de sa paire de lunettes intelligentes, et fait couper courts ses cheveux roux par un journalier d’en bas. Celui-ci lui avait demandé un passe-droit pour retourner à terre, qu’elle n’avait pas pu lui donner. Les ouvriers n’avaient pas été relevés depuis l’assaut. La tension montait et on avait déjà dû envoyer la sécurité dans les baraquements de fortune pour contenir un soulèvement de foule. Si on ne trouvait pas celui qui avait fait entrer les assaillants sur l’île, elle allait s’embraser. Léa ne faisait confiance à personne pour y parvenir. Pour l’heure, Nyobe lui laissait une chance.
Malékith se leva de sa chaise, après avoir projeté son écran au mur.
« — J’ai terminé. Mais c’est pas énorme.
— Vas-y, on t’écoute. » répondit Léa en s’asseyant. Les servomoteurs de sa combinaison faisaient un léger bruit strident. Nyobe prit note de les vérifier elle-même. Kyong-Hee et Cillian restaient dans l’ombre, le médecin gardant un oeil sur les constantes vitales de Zacarias. Il n’était toujours pas sorti du coma.
« — Bien. À 20h, une anomalie est détectée sur le quai Est. Vraisemblablement une équipe de quatre personnes, avec un véhicule furtif, type kayak ou canot pneumatique. Ils accostent, minent le quai, se cachent. Lorsque Kyong-Hee, Zac et Cillian arrivent, ces types commencent par tout faire sauter, puis tirent sur tout ce qui bouge. La sécurité arrive cinq minutes plus tard et prend part à l’affrontement.
— Encore des morts pour rien. » intervint Nyobe avec dégoût.
Kyong-Hee la foudroya du regard, se préparant à lui lancer une réplique cinglante, mais Léa leva la main pour l’en empêcher.
« — Les autres. Ceux de la tour.
— Oui. Ils sortent de l’ascenseur à votre étage, comme par magie. Impossible de savoir d’où ils venaient, mais regardez ça. »
Elle projeta une vue en coupe de la tour. Les cages d’ascenseur étaient surlignées en rouge, quatre par point cardinal. Puis elle révéla le circuit électrique qui alimentait leurs énormes moteurs, les câbles descendant jusqu’au générateur, au niveau de l’eau.
« — Les ascenseurs sont alimentés par le réacteur expérimental, qui utilise des roches météoritiques d’Antarctique. Il est surveillé en permanence, pour l’optimisation, et les moteurs pompent un paquet de jus. Les logs montrent une ponction de une minute et quarante-sept secondes, qui correspond à un trajet du sous-sol au sommet de la tour. J’ai failli ne pas trouver ça, avec le canon qui siphonnait toute la puissance.
— Et donc ? » lâcha Cillian qui s’impatientait.
« — Personne ne peut entrer dans le sous-sol sans un pass biométrique. Les autorisations sont changées chaque jour, donc quelqu’un les a fait entrer. Quelqu’un d’ici, qui ne peut pas avoir accès à ce que ces hommes cherchaient dans le laboratoire. On doit donc extraire un vers du fruit. »
Chacun se tut, prenant le temps d’apprécier le problème à sa juste valeur. Tous ici savaient qu’Odyssée n’était pas un projet sans risque. Beaucoup d’intérêts mélangés, certains qui s’opposaient, d’autres en concurrence, et plus rarement, quelques coopérations limitées. Les délégations armées n’étaient pas là pour protéger l’île de l’extérieur, mais pour se surveiller entre elles. Léa en avait fait l’expérience lors de cette réunion des responsables. Mais un des participants avait décidé de briser le pacte de non-agression. Quelqu’un avait fait entrer des mercenaires avec l’intention évidente de tuer et piller. Restait à savoir ce qu’ils cherchaient. Léa se tourna vers Nyobe.
« — Selon vous, pourquoi nous ont-ils ciblés ? Que voulaient-ils ? »
La chercheuse ne répondit pas immédiatement, prenant le temps d’examiner les différents projets que son équipe menait.
« — Difficile à dire. Spencer et Ary travaillent sur un système de communication par réflection ionosphérique. J’ai aussi toute une équipe qui tente de mettre au point un émetteur-récepteur par intrication quantique. Mais ça reste des projets à très long terme, rien de commercialisable, nous ne faisons que défricher. Il y a bien le corset réparateur que vous avez expérimenté, ainsi que la combinaison qui vous soutient. Cela dit, nos rivaux ont sans doute des programmes équivalents. Non, franchement, je ne vois pas ce qui pourrait justifier un tel déploiement de force…
— Et votre implant ?
— L’implant… Si on parvenait à mettre en place une liaison directe et réciproque entre lui et le cerveau de la personne, oui, peut-être… Mais nous en sommes encore très loin. Nous parvenons tout juste à transmettre l’information aux neurones. Le Graal, dans ce domaine, c’est de pouvoir piloter mentalement la prothèse, vous voyez ? Si on y parvenait, nous pourrions créer des membres entiers, et plus encore. Les possibilités seraient infinies. Comme pour toutes les technologies que nous développons sur cette île.
— Des corps cybernétiques, comme dans les bouquins ? demanda Kyong-Hee. Vous êtes capables de faire ça, je veux dire, bientôt ?
— J’aimerai plus de détails sur ce projet. » dit Léa.
Le visage de Nyobe se ferma et elle s’enfonça dans son siège.
« — Je ne peux rien dire. Ce sont les ordres, ceux de votre patron. »
Il y eu du mouvement pour répondre à ce rejet, l’équipe choquée que Nyobe puisse leur cacher des informations. Kyong-Hee protesta, sa main se posa inconsciemment sur le fusil qu’elle portait à l’épaule, par la bandoulière. Cillian sortit de sa torpeur ordinaire pour joindre sa voix au concert, le temps de deux battements de coeur, avant de retomber dans son mutisme. C’était beaucoup. Léa laissa passer l’averse, les poings serrés sous son menton, comme si elle n’avait pas entendu ce refus. Puis lorsque tout le monde se fut tu :
« — Bien. Appelons Smith, alors. »
Malgré tout, elle n’était pas rassurée à cette idée. Léa avait des rapports compliqués avec son patron – principalement parce que celui-ci ne pouvait pas reconnaître la plupart de ses missions. Et Smith n’était pas un employeur comme les autres : il l’avait recrutée alors qu’elle était en prison, elle avait violé un certain nombre de lois pour le rejoindre, pendant qu’il couvrait ses arrières. Elle ressentait autant de reconnaissance que de défiance envers lui. Et elle avait bien conscience qu’il la considérait comme un outil, coûteux mais sacrifiable au besoin.
Un visage apparut sur l’écran que Malékith projetait au mur. Un boxeur post-soviétique, des traits grossiers que les rides de l’âge n’avaient fait que rendre plus durs. Léa savait quelle intelligence amorale se cachait derrière ces traits, qu’on prenait pour ceux d’un simple d’esprit. Un sourire rusé décourageait cette première impression. Il portait un costume gris dans le plus pur style corporate. On pouvait y voir le logo de la EagleEye, un aigle jaune stylisé encadrant deux E soulignés d’or.
« — Fontaine, heureux de vous voir sur pied. Comment allez-vous ?
— Opérationnelle, Monsieur.
— Parfait. Et vous, Nyobe ? »
Celle-ci laissa passer un moment de silence, juste le temps nécessaire pour montrer au dirigeant tout le déplaisir qu’elle avait à lui parler.
« — Tout se déroule comme prévu, Monsieur Smith. Si ce n’est que nous faisons face à un conflit d’intérêt. Votre équipe souhaite avoir accès aux données du projet Ichor. »
Il se tourna vers Léa, qui acquiesça. Pendant un instant, elle se demanda s’il pouvait donner cet ordre. Smith, en tant que chef des opérations spéciales, n’avait en théorie aucun pouvoir sur la division scientifique. Mais au sommet de la EagleEye, le pouvoir était plus une affaire d’influence politique que de hiérarchie clairement définie. Il disparut du cadre, une voix se fit entendre hors-champ, puis il revint.
« — Fontaine, est-ce que cela est vraiment nécessaire ?
— Smith, si vous voulez qu’on néglige des pistes, c’est à vous de voir. » répondit Léa avec impatience. Elle n’avait pas le temps pour ces conneries. « — Mais si vous comptez sur nous pour trouver ceux qui ont foutu Zacarias dans le coma, il va falloir nous lâcher la bride.
— Bien. Les clés de décryptages vous ont été envoyées. Nyobe vous fera un point sur la situation. Votre clause de confidentialité s’applique aux informations que vous serez susceptibles d’entendre, vous en connaissez les termes. »
Léa se souvenait des termes comme s’ils avaient été gravés dans son crâne. Son équipe n’était pas la seule que la EagleEye employait, et l’entreprise ne réglait pas la trahison par les tribunaux.
« — Message reçu, on sera discret.
— Réglez ça au plus vite, Fontaine. D’autres tâches vont bientôt réclamer votre attention. Nyobe, nous aurons une autre discussion. Bonne journée à vous tous. »
Ce sourire et cette politesse empruntée avant de couper la communication sans attendre de réponse, tout à fait son style. Kyong-Hee tourna la lentille de son oeil unique vers Nyobe, attendant les détails sur ce qui serait peut-être son prochain jouet. La chercheuse soupira.
« — Nous sommes parvenus à construire une chaîne de neurones organiques et électroniques, puis un lobe complet qui réagit aux stimulations extérieures. Les premiers tests sur des animaux donnent de bons résultats. Nous avons pu faire remarcher un singe qui avait eu la patte tranchée par un engin agricole, en lui greffant une prothèse.
— Il marchait vraiment ? » l’interrompit fébrilement Kyong-Hee.
« — Aussi bien qu’avant son accident, après des séances de rééducations. On devrait bientôt passer aux premières implantations humaines. »
Kyong-Hee allait poser d’autres questions, mais Léa la coupa dans son élan.
« — Ça pourrait être ça comme ça pourrait être autre chose. Tout ce qui est développé sur cette île peut valoir une fortune au marché noir. Sans oublier que ces technologies pourraient finir dans les mains d’un groupe terroriste, ou criminel.
— Ah, parce que ce n’est pas déjà le cas ? » fit remarquer Nyobe d’une voix acerbe. Léa n’en tint pas compte.
« — Kyong-Hee, tu descends au sous-sol et tu examines la zone. Je veux savoir d’où ces types sont partis, et s’ils ont laissé des traces. Je doute que quoi que ce soit échappe à ton oeil, mais prends le temps qu’il faudra. On manque cruellement de pistes.
— Ces sous-sols sont immenses, et de nombreuses zones sont à accès réservé.
— Je m’occupe de ça. Cillian, tu vas devoir te salir les mains. Je veux que tu récupères un maximum d’informations sur ces mercenaires : qui sont-ils, d’où viennent-ils, leurs compétences… La totale. Si tu dois les disséquer pour ça, utilise mon ancienne chambre.
— Les NU ont récupéré les cadavres. »
Léa maugréa en sentant qu’elle allait devoir perdre le reste de la journée à soudoyer les faveurs des autorités de l’île. Elle aurait encore préféré la passer à se frapper la tête contre un mur.
« — Je m’en charge aussi. Malékith, tu passes à l’offensive. Je veux tout savoir de l’emploi du temps de chaque représentant au moment de l’attaque, ainsi que ceux de leurs principaux collaborateurs. Va aussi loin que possible sans faire sonner toutes les alarmes. Concentre-toi d’abord sur la Diamond et sur Marcus Diaz. Ce mec veut me voir morte, il ne se serait pas privé de ce prétexte. Quand Cillian en aura fini avec les corps, tu donneras les infos à ce gamin, Stéphane. Il cherchera leurs identités, ça l’occupera, et tu auras le champ libre pour bosser. Il n’a pas besoin de savoir pourquoi.
— Compris. »
Léa sortit sa vapoteuse et tira une longue bouffée, savourant cette première dose de nicotine de la journée. Le temps de réfléchir aux dernières instructions.
« — Nous avons un avantage : la personne qui a organisé cette attaque ne sait pas qu’on la cherche. Elle ne se méfie pas, peut-être même qu’elle va essayer de recommencer. Nous pouvons la prendre par surprise, mais nous devons être rapides et discrets. Donc vous en dites le moins possible et vous ne vous faites pas voir. Ne prenez pas de risques inutiles non plus, l’un des nôtres est déjà tombé. Pas la peine d’en rajouter. J’ai terminé, allez-y. »
Kyong-Hee et Cillian sortirent en premier, alertes, concentrés, heureux d’avoir enfin quelque chose à se mettre sous la dent. Malékith les suivit pour récupérer un drone, et retrouver Stéphane qu’elle avait foutu dehors pour la réunion. Léa plongea dans les données, cherchant le meilleur moyen d’obtenir ce qu’elle voulait des Nations Unies. Elle ne pouvait pas passer directement par la représentante Gauthier, qui verrouillait toute forme d’enquête indépendante. Il faudrait se montrer un peu plus subtil, et faire pression sur quelqu’un de moindre importance. Après quelques minutes, elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule. En levant les yeux, elle put constater que Nyobe n’était pas partie avec les autres, et qu’elle la dévisageait.
« — Un problème ?
— Smith. J’ai vu comment vous lui parliez. Vous ne l’aimez pas non plus, je me trompe ? »
Léa haussa les épaules, les yeux rivés sur elle.
« — Il me paie pour faire des choses qu’il ne veut pas avoir sur la conscience. Je ne vais pas le remercier. »
Nyobe hocha la tête un sourire, puis se leva pour taper sur le bouton qui enclenchait le recyclage d’atmosphère, à côté de la porte. Elle se rassit et alluma une cigarette roulée.
« — Ce qui nous ramène à la question de votre emploi, et de vos vraies motivations. Autre chose que la soupe que vous m’avez servi l’autre soir.
— Et pourquoi mes motivations vous intéressent tellement ?
— Je ne sais pas, vous êtes un peu plus futée que la majorité des mercenaires. En tout cas, ceux que j’ai connu jusqu’ici. » répondit-elle avec un sourire qui se voulait pacifique.
Léa se replongea dans les données, sans vouloir répondre. Mais la question lui trottait dans la tête, faisant ressurgir une antique époque, et des blessures qu’elle aurait préféré oublier. Des marques gravées à chaud à la surface de sa mémoire, une douleur qui n’attendait que le moment opportun pour ressortir. Nyobe ne dit rien, comme si elle savait que la réponse finirait par arriver. Comme un noyé rejeté par les vagues sur une plage de galets. La voix de Léa sortit lentement, sans qu’elle s’en rende compte.
« — Il y a très longtemps… Vingt-quatre ans, si je ne me trompe pas. J’étais jeune, très imbue de moi-même. Je pensais avoir toutes les réponses. Je pensais que je valais mieux que tous ceux qui m’entouraient. Cela m’a conduite à envisager de faire quelque chose de très stupide, vue ma position. »
Des larmes brillaient aux coins de ses paupières, même si elle ne semblait pas les avoir remarquées. Sa gorge était rauque d’émotion et de fumée de cigarette.
« — Je n’étais pas seule. Il y avait quelqu’un avec moi. Il m’a suivit jusqu’au bout, m’a même aidée. Et pendant tout ce temps, il n’a pas cessé de me dire que c’était une erreur. Mais il était tout de même là. Il m’aimait… »
Une larme unique perla sur sa joue droite et disparut. Nyobe avait perdu son sourire au récit de Léa, elle courbait la tête dans le moins invasif des signes de compassion qu’elle avait pu trouver.
« — Il est mort par ma faute, et je me suis enfuie. Pendant longtemps, j’ai refusé de regarder en face ma propre responsabilité. J’ai préféré blâmer le monde entier plutôt que de faire preuve d’honnêteté. Cela m’a mené à poursuivre une brève carrière dans des milieux qu’une personne comme moi n’était pas destinée à fréquenter. J’ai fini dans une prison extra-territoriale à très haute sécurité, un genre de panoptique high-tech. Vous auriez une clope ?
— Bien sûr. »
Nyobe roula avec habileté une tige bien remplie et la tendit à Léa, avec son briquet en plastique. La mercenaire savoura cette bouffée de fumée, la première depuis de longs mois. Autant pour ses bonnes résolutions, mais pour une fois qu’elle avait une raison…
« — C’est là que Smith est apparu, par l’intermédiaire d’un journaliste français qui voulait écrire un livre sur moi. J’ai profité de l’impulsion électromagnétique causée par la frappe nucléaire sur la comète Kleiss-Sedan pour m’enfuir. En détruisant la prison, au passage. »
Malgré la douleur que ces souvenirs faisaient remonter, Léa ne pouvait s’empêcher d’avoir une note de fierté dans la voix. Cette prison avait été un véritable enfer, née du génie dément d’un technocrate psychopathe. Lorsqu’elle en était sortie, il ne restait plus que les murs d’intacts.
« — J’ai rejoint la EagleEye parce que c’était la seule porte de sortie dont je disposais, le seul moyen pour moi d’avoir une vie à peu près stable, toute proportion gardée. Je ne suis pas fière de ce que j’ai fait de ma vie, et sans doute que je modifierais pas mal de choses, si je le pouvais. Mais je ne suis pas du genre à m’acharner sur ce qui ne peut pas être changé. Je fais avec mes erreurs. »
Elle passa la main sur sa joue pour essuyer la larme qui coulait. L’exosquelette médical mal ajusté sous ses vêtements rendait le geste saccadé et maladroit. Du moins c’est ce qu’elle choisit de croire. Nyobe lui posa la main sur l’épaule.
« — Vous vous battez contre vous-même. Vous êtes incapable de vous pardonner ce que vous avez fait. Et cette vie, ces blessures, c’est un moyen de vous sanctionner. De payer pour toutes ces fautes que vous ne parvenez pas à oublier. »
Léa repoussa la chercheuse d’un coup d’épaule et d’un regard hostile.
« — D’où est-ce que vous sortez ces conneries, d’un film ? »
Elle se leva brusquement, écrasa la cigarette sur la table et marcha vers la porte. En l’ouvrant, elle regarda Nyobe avec une colère qui n’avait eu besoin que d’un prétexte pour s’exprimer. Elle retint à grand peine une envie de violence que la combinaison aurait de toute façon rendu incertaine.
« — Je ne veux pas de votre compassion. Je suis bien assez forte pour me débrouiller toute seule. Et ce sera encore le cas quand je partirai d’ici. »
Sans se retourner, Nyobe tira une longue bouffée qui voila les néons au plafond. Elle laissa passer le temps jusqu’à ce qu’il devienne insoutenable.
« — C’est à vous de voir, Léa. Mais on dirait que vous en avez beaucoup sur la conscience.
— Ça ira, j’ai les épaules larges. » répliqua-t-elle en sortant.
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