Ils avaient marché dans la forêt à la recherche de maîtresse Gaïa durant toute la journée. Au fond de lui, Nicolàs savait pertinemment que leurs chances de la retrouver dans cette grande forêt était quasiment nulle, mais il garda cela pour lui et continua de marcher avec ses compagnons. Autour d’eux, la forêt continuait de vivre à son rythme. De temps à autres, des chouettes faisaient entendre leur complainte et des moineaux venaient survoler le groupe. Des petits renards pointaient le bout de leur nez à travers les buissons qui longeaient le sentier sur lequel marchaient les voyageurs et des insectes venaient leur chatouiller le visage. De toute son existence, Nicolàs n’avait jamais pris le temps de visiter la forêt de Barin et il commençait à le regretter un peu. Cette forêt était d’une beauté époustouflante, les frênes semblait côtoyer le ciel et laisser filtrer à travers leurs branches des rayons de soleil, ce qui donnait un effet des plus agréables. La forêt semblait comme entourait d’un halo de lumière dès qu’il y avait du soleil. Des petites clairières étaient disséminés un peu partout et offraient des havres de paix aux voyageurs qui pouvaient ainsi se reposer en toute tranquillité.
Pourtant, malgré cette beauté, la forêt n’en restait pas moins dangereuse la nuit tombée. Il n’était pas rare d’entrevoir des loups en quête de proie, mais aussi, ce qui était plus inquiétant, des pumas, animaux hautement plus dangereux. Il était de ce fait vivement déconseillé d’arpenter cette forêt seul à la nuit tombée sous peine de se faire dévorer par quelconques prédateurs…
Les trois compagnons débarquèrent dans une clairière assez grande, au centre de laquelle se trouvait un énorme rocher d’environ quatre mètres de haut. Ils s’en approchèrent mais ne trouvèrent rien d’intéressant, aucune trace de Maîtresse Gaïa. Nicolàs se tourna vers ses deux compagnons.
–Si nous continuons ainsi, nous n’avons aucune chance de la retrouver, leur dit-il, cette forêt est grande et elle peut être n’importe où, même en dehors.
–Nicolàs a raison princesse, reprit Peter, nous perdons notre temps ainsi, il faudrait mieux sortir de cette forêt et faire le tour des auberges, peut-être se sera-t-elle arrêter dans l’une d’entre elles ?
–Si ce n’est pas le cas ? Et si elle était encore là quelque part ? Nous ne pouvons abandonner maintenant ! Nicolàs vous me l’avez dit vous-même, il est dangereux de se promener seule dans cette forêt pendant la nuit, la laisseriez-vous à la merci des prédateurs ?
–Bien sûr que non, mais depuis tout à l’heure nous tournons en rond et nous allons finir par nous perdre. Je propose que l’on fasse demi-tour mais que l’on prenne un autre chemin.
Erika tourna le dos à Nicolàs et leva la tête vers le ciel.
–Et si nous ne l’a trouvons pas avant la tombée de la nuit ?
–Nous nous arrêterons dans une auberge et reprendrons nos recherches demain matin dès l’aube.
–Cela me crève le cœur mais je vous fais confiance. Si nous ne la trouvons pas aujourd’hui et qu’elle est encore dans la forêt, j’espère qu’elle pourra survivre pendant la nuit, dit-elle d’un air désespéré,
Peter s’approcha d’Erika et lui mit une main sur l’épaule.
–Je suis sûr que nous la retrouverons, ne vous inquiétez pas.
–Merci, j’espère juste que nous la retrouverons avant la nuit. L’imaginer seule dans le noir entouré d’animaux sauvage me glace le sang.
–Nous devrions nous remettre en route si nous voulons avoir une chance de la retrouver, les interrompit Nicolàs.
Les trois compagnons contournèrent l’énorme pierre et sortirent de la clairière pour s’enfoncer de nouveau dans la forêt. Erika était vraiment inquiète pour son ami. Plus on avançait dans la journée, plus cela empirait et l’idée qu’il arrive quelque chose à maîtresse Gaïa lui fit froid dans le dos. S’il lui arrivait un malheur, cela serait entièrement sa faute et elle ne pourrait plus jamais se regarder en face. Peut-être que si elle avait accepté ce mariage, rien de cela ne serait arrivé ? Non, il ne fallait pas qu’elle se mette des idées pareilles dans la tête, c’était entièrement la faute de son frère et rien d’autre.
Nicolàs menait le groupe devant Peter et enfin Erika qui fermait la marche. Les trois marchaient en silence. Au bout de quelques temps, Erika décida de le rompre.
— Et si vous me racontiez votre histoire ? Proposa t-elle.
–A une condition, dit Nicolàs, que vous nous racontez la vôtre aussi.
–Marché conclut!
Ce fut Nicolàs qui commença à conter son histoire, il commença par lui décrire le meurtre de son ami, le guet-apens que les soldats lui avaient tendu chez les parents de Jules et sa fuite vers la forêt pour enfin finir avec sa rencontre avec Peter. Pendant son histoire, Erika avait ponctuée ses fins de phrase par des petites approbations compatissantes.
Quand ce fut son tour, le voix de Peter tremblotait d’émotions et il mit un peu plus de temps pour raconter son histoire. Là aussi, Erika avait écouté avec compassion et semblait vraiment désolée pour les deux jeunes hommes.
Ce fut enfin à la princesse de leur dire comment elle était arrivé là, de ses relations houleuses avec son frère en passant par son mariage forcé et les remises de peines qu’elle signait et qui l’avait peut-être finalement sauvé grâce à Fyren. Elle leur expliqua aussi la raison pour laquelle ils avaient été piégés et ce qui se passait pour ceux qui se faisait avoir.
Quand elle eut finit, les trois compagnons se murèrent de nouveau dans le silence et observait avec attention les alentours dans l’espoir d’apercevoir un quelconque indice, mais il n’y avait absolument aucune trace. Si maîtresse Gaïa était dans cette forêt, elle n’était pas ici. Ils étaient presque arrivés à la lisière de la forêt et il leur faudrait bientôt s’arrêter car la nuit ne tarderait pas à tomber.
Quand ils atteignirent enfin la lisière, Erika s’arrêta et se retourna pour scruter la forêt tout en soupirant.
–Maîtresse Gaïa, pardonnez moi je vous prie, pardonnez moi ! Implora t-elle.
Puis elle se retourna vers ses compagnons.
–Où est l’auberge la plus proche ? Peter a peut-être raison, Gaïa s’y est peut-être arrêtée, en tous cas je l’espère.
Nicolàs se tourna vers le Nord et montra un petite bâtisse à l’horizon.
–Cette maison là-bas, c’est une petite auberge de campagne, dit Nicolàs.
–Allons-y et nous verrons bien, dit Erika tout en commençant à marcher.
Peter et Nicolàs la suivirent et la laissèrent marcher quelques mètres devant.
–Vous croyez vraiment que maîtresse Gaïa y sera ? Demanda Peter.
–Je l’espère, répondit Nicolàs.
–Que ferons nous si elle n’y est pas ? Je ne pourrai rester indéfiniment a rechercher cette personne, je dois avancer de mon côté vers Jalarin.
–Je sais, je vous ai d’ailleurs fait la promesse de vous y accompagner et si la princesse est d’accord, je lui proposerai également de venir avec nous.
–Comme il vous plaira. Mais quoi qu’il arrive, je partirai demain dans la soirée avec ou sans vous.
–Vous voyageriez de nuit ? S’interrogea Nicolàs.
–Oui, une façon de ne pas être vu. Voyager de jour est trop risqué pour moi. La nuit je serais plus tranquille, personne ne me remarquera.
–Ne vous inquiétez pas, on retrouvera cette personne et nous irons tous les deux à Jalarin dès demain soir si c’est ce que vous voulez, conclut Nicolàs.
Avant de rentrer dans l’auberge, Erika mit son capuchon sur sa tête en faisant en sorte que l’on ne voient pas ses yeux. Sous les regards interrogateur de ses compagnons, elle leur expliqua.
–Ce n’est vraiment pas le moment que l’on reconnaissent la princesse de ce pays alors qu’elle est sûrement recherchée partout, dit-elle.
Après ces mots, elle se tourna vers la porte et entra. L’odeur qui leur monta aux narines était particulièrement désagréable, un mélange de sueur et de vapeur d’alcool. Ils se trouvaient dans une salle à manger pas bien grande. Sur leur gauche, un comptoir de bois cramoisi était assailli de personnes tellement saoulent qu’ils n’avait pas l’air de savoir ce qui se passait autour d’eux. La moitié était avachi sur le comptoir et les autres chantonnaient des chansons aux paroles très imagées. Devant eux se trouvait des tables avec des tabourets où l’on pouvait manger et jouer aux cartes. Il n’en restait plus qu’une seule de libre.
Avant qu’ils aient eu le temps de bouger, une personne sur leur gauche les aborda.
–Bonsoir madame, messieurs, Vous avez besoin de quelque chose ?
Nicolàs se tourna vers lui et le regarda dans les yeux.
–Vous êtes l’aubergiste je suppose ? Demanda t-il.
–Vous supposez bien, c’est pour manger ou dormir ? Ou alors les deux ? Je vous préviens de suite il ne me reste plus que deux chambres.
–C’est parfait merci, où nous installons nous ? Demanda Nicolàs.
–Vous avez une table de libre là-bas, je vous laisse vous installer et je vous apporte votre repas.
–Merci beaucoup, le remercia Nicolàs.
Ils s’installèrent à la table que leur avait indiqué l’aubergiste et attendirent silencieusement que celui-ci leur apportent leur repas.
Derrière eux, deux hommes semblaient plongés dans une discussion animée.
–Mais si te dis-je, il a été égorgé !!
–Tu dis n’importes quoi ! Mon cousin qui habites au palais m’as dit qu’on l’avait empoisonné et qu’il avait été retrouvé dans la chambre royale.
–Tu mens, tu n’as aucun cousin au palais !! Moi par contre j’ai des sources sûres !
–Ah bon ? Et elles viennent d’où tes sources ?!
–Tu vois l’homme là-bas au comptoir avec la chemise verte ?
–Oui.
–Il était au funérailles dans la chapelle royale et il ma dit qu’il avait aperçut le corps et qu’on l’avait bel et bien égorgé. Et puis même qu’ils auraient déjà trouvés un autre héritier.
–Ce n’est pas sa catin de sœur qui va hériter ?
– Non, apparemment il aurait rédigé une lettre dans laquelle il désigne un autre héritier que sa sœur, mais je ne sais pas lequel.
–C’est peut-être moi, qui sait.
–Rêve toujours…
En écoutant ces deux hommes, Erika était devenu toute pâle. L’aubergiste arriva et leur mit trois assiettes avec de la viande et des pommes de terre devant eux.
Quand il voulut repartir, elle lui prit le poignet et le força à se retourner vers elle.
–Est-ce… Est-ce vrai ?…
–De quoi ?Lui répondit-il
–Que le prince est mort ? C’est vrai ?
– Ah, oui la nouvelle nous est arrivé dans la journée. Les funérailles ont eu lieu cette après midi, vous n’étiez pas au courant ?
–Non… Quand ? Quand a t-il été tué ?
– Hier soir à ce qu’on nous à dis.
–Et vous a t-on dis qui l’avait assassiné ?
–Non, on sait juste qu’il aurait été égorgé, mais on en sait pas plus.
–Et l’héritier qui aurait été désigné ?
–Là aussi aucune information ne nous à été divulguée, désolé. Cette histoire vous intéresse apparemment, peut-être voulez vous vous emparer du trône, dit-il tout en souriant.
Erika lui lâcha le poignet et répondit par un petit grognement. L’aubergiste s’éloigna de la table et retourna à son comptoir.
–Je ne sais pas si ça pourra vous soulager, mais je vous le dit quand même, je suis désolé pour votre frère, dit Peter.
Erika ne répondit pas, fixant son assiette tout en jouant distraitement avec ses pommes de terre.
–Il faut que je retourne au palais, dit-elle sans relever la tête.
–Vous ne pouvez pas princesse, vous avez entendu ce que ces deux hommes ont dit ? Votre frère a fait nommer un nouvel héritier et je mettrai ma main à couper que c’est un « ami » à lui et il pourrait voir votre retour comme une menace et ordonner votre mort, plaida Nicolàs.
–Mais JE suis l’héritière du trône, moi et personne d’autres !! S’exclama Erika en relevant la tête, peut m’importe qui mon défunt frère a nommé, ce n’est qu’un imposteur là pour finir son sale boulot. Croyez-moi, la mort de mon frère ne sauvera pas ce pays.
–Vous faire tuer non plus ! Répliqua aussitôt Nicolàs.
–Non, mais en accédant au trône, j’aurais peut-être une petite chance de sauver Mirindin.
–Et comment comptez-vous vous y prendre? Demanda Peter.
–J’ai encore quelques amis en ville, je pense y séjourner le temps d’organiser une rébellion et de renverser le nouveau roi, déclara-t-elle.
–Organiser une rébellion ? Princesse, cela n’est pas si simple de faire se rebeller un peuple. Il vous faudra leur trouver une motivation commune et assez forte pour qu’ils ne vous lâchent pas dès le premier imprévu.
–Sauver son pays, n’est-ce pas là une motivation suffisante ?! S’exclama Erika.
–J’imagine que si, mais il vous faudra beaucoup plus, il vous faudra des gens compétents et sur qui vous pouvez compter. Il vous faudra aussi recruter des mercenaires, sans quoi vos partisans se feront massacrer par la garde. Il vous faudra des gens infiltré dans le palais et plein d’autres choses, cela peut prendre plusieurs mois, voire des années pour monter une rébellion.
–Je sais tout cela, répondit la princesse, je prendrais le temps qu’il me faudra mais il est nécessaire que je le fasse, l’avenir du pays est en jeux !
–Je vous comprend Erika, j’espère pour vous et pour Mirindin que vous réussissiez.
–Vous joindrez-vous à moi dans cette quête ?
Nicolàs et Peter se regardèrent dans les yeux.
–On est désolé princesse, mais nous ne préférons pas nous lancer là-dedans, répondit Nicolàs, nous allons à Jalarin, ensuite je continuerai ma route vers Calarr ou j’ai un peu de famille.
–Tant pis, répondit Erika visiblement déçue.
–Ne vous inquiétez pas, vous allez réussir j’en suis sûr, lui dit Peter.
–Et vous Peter, qu’allez vous faire ensuite? Demanda-t-elle.
–Je compte rester un petit moment à Jalarin, j’ai un cousin qui y vit.
–Et vos parents ?
–Malheureusement, ils habitent assez loin, à A’liit. Mais peut-être les rejoindrais-je un jour ou l’autre, répondit Peter.
–Vous êtes A’liitien ?
–Non, après avoir passé toute leur vie à travailler pour Mirindin, mes parents on décidé de prendre du recul et de partir loin. A l’époque, mon père était forgeron pour la garde de Jasra et un jour, il en a eu assez et avec ma mère ils ont tout quitté pour partir.
–Je me rappelle de votre père, Luc c’est ça ? Mon père l’avait fait venir au palais pour qu’il devienne le forgeron de l’armée mais votre père avait refusé.
–Oui, à ce moment-là, il n’était pas encore prêt à quitter sa Jasra natale.
–Qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis ? Demanda Nicolàs.
–Le temps sûrement, l’usure ou l’envie de changer d’air. A ce qu’il paraît, A’liit est le plus beau pays du continent.
–Il est vrai qu’on dit ça, mais cela reste à vérifier, répondit Erika avec un petit sourire.
–Et vous Nicolàs, que font vos parents ? Le questionna Peter.
Nicolàs mit quelques secondes avant de répondre.
–Ma mère est morte en me mettant au monde et mon père est lui aussi décédé il y a de cela trois mois d’une grave maladie.
–Je suis désolée Nicolàs, murmura Erika avec empathie.
–Ne le soyez pas, cela fait partie de la vie après tout, la rassura Nicolàs.
Erika émit un long bâillement et Nicolàs appela l’aubergiste qui les conduisit à leur chambre. Peter et Nicolàs décidèrent de laisser Erika seule dans sa chambre et de se partager la deuxième.
L’aubergiste leur montra d’abord la chambre de Nicolàs et Peter. Elle était assez vétuste, les poutres apparentes étaient rongés par les termites et le parquet n’avait pas été épargnés par ces rongeurs de bois et grinçait à chaque pas qu’ils faisaient. Il n’y avait qu’un seul lit à deux place au dessus duquel se trouvait l’unique fenêtre de la chambre, fenêtre qui était tellement couverte de poussière que Nicolàs se demandait comment la lumière pouvait passer à travers. Bien entendu, il n’y avait pas de toilettes mais seulement un pot de chambre et un petit lavabo dans le coin opposé à la porte. Au dessus de ce lavabo se trouvait un porte chandelier allumé pour pouvoir éclairer la pièce.
Ils se rendirent ensuite dans la chambre d’Erika. Elle n’avait pour seul mobilier qu’un simple lit et une table de chevet où était entreposé une chandelle qui, en l’absence de fenêtre, était la seule et unique source de lumière de la chambre.
Les deux compagnons se rendirent dans leur chambre pendant qu’Erika s’assit sur son lit et soupirât. La mort de son frère ne l’avait pas vraiment bouleversée, juste un peu surprise. A vrai dire, elle rêvait de rencontrer son assassin pour le féliciter de son acte patriotique.
Depuis le départ de leur mère partit vivre à Lidara il y a de cela une quinzaine d’année, Julian avait terriblement changé. Pendant son enfance, il avait été un garçon sage et attendrissant, toujours bienveillant et à l’écoute des autres. Il lui arrivait souvent de se faire passer une soufflante par leur paternel quand il amenait des hordes d’enfants des rues au palais, « juste pour manger » plaidait-il à chaque fois, mais leur père ne voulait rien entendre et renvoyer les enfants d’où ils venaient. Erika et lui n’avait qu’une année de différence et enfant, ils avaient passé le plus clair de leur temps ensemble à crapahuter dans le palais, faisant les quatre cent coups à leur parents et aux servantes du palais. Leur « victime » préférée, Maîtresse Gaïa, ne savait plus vraiment où donner de la tête et essayait vainement de leur faire comprendre qu’ils avaient un rang à tenir et qu’il ne pouvait pas se comporter ainsi. Mais rien à faire, les deux inséparables continuaient leurs malices.
Tout bascula alors qu’il avait dix ans et elle neuf. Ce fameux soir de printemps, Julian et Erika rentraient au palais après une journée bien remplit. Ce fut Maîtresse Gaïa qui leur apprit la nouvelle. Elle les avaient fait venir dans le bureau de leur père et leur avait annoncé que leur mère avait pris ses affaires et était partit en ne laissant qu’une seule lettre où elle s’excusait et expliquait être partie vivre à Lidara.
Suite à cela, Julian était resté une semaine entière enfermé dans sa chambre à pleurer. Erika elle, s’était réfugiée dans les bras de Maîtresse Gaïa pour y trouver du réconfort. La relation entre Erika et son frère n’a plus jamais été la même. Julian disparaissait des jours et des nuits entières dans les souterrains du palais, il ne parlait quasiment plus et quand il daignait ouvrir la bouche, s’était pour insulter leur père. Il ne regardait même plus Erika, l’ignorant totalement. A mesure que le temps passait, il se renfermait toujours plus dans sa haine et sa violence. Il était même plusieurs fois allé jusqu’à frapper Erika, parfois même jusqu’au sang. Malgré cela, Erika avait continuait à l’aimer. Après tout, il s’agissait de son frère et elle avait tout tenté pour le sauver des ténèbres dans lesquelles il s’était perdu. Mais elle changea d’avis quand leur père décéda. Julian ne vint même pas aux funérailles, préférant organiser une petite fête dans les souterrains. L’ultime affront fait à leur père. Après cela, Erika tourna définitivement le dos à son frère, bien que cela lui faisait mal au cœur, mais il fallait qu’elle se rendent à l’évidence, le frère qu’elle avait connue n’existait plus.
C’est avec une dernière pensée pour son père qu’Erika s’endormit dans ce lit inhospitalier. Sa nuit fut mouvementé, elle se réveilla plusieurs fois en sueur et tremblant de la tête aux pieds. Au milieu de la nuit, elle fut réveillé par un petit bruit. Elle tendit l’oreille. Quelqu’un rentrait dans sa chambre !! Erika se leva précipitamment et alluma la chandelle.
La personne se tenait debout devant elle, au pied du lit. Quand elle la reconnut, Erika tressaillit de bonheur…
Quand il arriva aux écuries, l’adolescent soupira de soulagement, son cheval était toujours là. Il l’enfourcha et s’élança au galop hors de la ville. La nuit noire venait l’enveloppait comme un linceul, l’accompagnant dans sa chevauchée tel un compagnon fidèle et… Chaleureux. La nuit était sa meilleure amie, il en avait fait sa parfaite moitié, puisant en elle une force apaisante et rassurante. Quand venait le jour , l’au revoir avec les ténèbres sonnait à chaque fois comme une déchirure dans son âme et un vide dans son cœur. Le soir venu était pour lui à chaque fois une renaissance, un pur renouveau. Depuis tout petit, il avait ressentit cette attirance envers cette fabuleuse créature qu’était la nuit. C’est donc tout naturellement qu’à l’âge de dix ans, il prit la décision d’abandonner ses parents pour rejoindre les « Frères de Nuit », une organisation secrète qui tout comme lui, avait une fascination pour le monde des ténèbres.
Au loin, il vit le lac de Barin où la lune venait se reflétait tel une déesse s’admirant dans son miroir. Il accéléra un peu le pas et entrevit enfin sa chaumière, enfin « leur » chaumière. Il descendit de son cheval et l’attacha à la rambarde encerclant la maisonnette, il ouvrit le portail, remonta la petite allée et entra à l’intérieur. Il n’y avait personne. Il enleva son manteau et le jeta négligemment sur une chaise. Il sortit ensuite le livre de sa sacoche et le posa sur la table. Il le lirait plus tard, pour l’instant il avait plus important à faire…
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