La journée fut longue… très longue. J’ai l’immense avantage de ne pas avoir de migraine après avoir bu, ce que l’on appelle communément “Gueule de bois” se traduit par une intense fatigue, écrasante et une incapacité à me concentrer sur la même chose pendant plus… heu… pas du tout en fait. Réveillé en retard pour cause de coma éthylique, j’ai du mener un combat épique pour arriver jusqu’à la salle de bain, à un mètre de ma chaise, en virer les occupants et prendre une douche aussi vite que possible. Je me pointais pile poile 5 minutes après le début du cour, laissant mes maigres bagages parmi les cadavres, sur le champ de bataille. Le prof me régalait d’un regard noir mais qui au vu de nos tailles et carrures respectives, apparaissait plus comique qu’autre chose. Celui que me portait Jennifer par contre me promettait les pires supplices (non pas de soirée karaoké!!!! O rêveur, NON!!!!!). Il y a longtemps que j’avais arrêté de douter des capacités télépathiques des femmes, il ne faisait aucun doute qu’elle savait. Et plus important (ou incriminant comme vous le voulez) avec qui j’étais. Ce qui bien sur appelait une discussion sérieuse… tout de suite. Le prof eut bien tenté de clore le sujet et continuer son cour, mais que dire, imposer l’uniforme et une discipline quasi militaire à des jeunes de moins de 20 ans, n’a d’effet que dans les films. L’uniforme était surtout porté par les thaï, (j’avais arrêté d’écouter à “les jeans sont interdit”), plus par habitude ou par pragmatisme (beaucoup issu des familles les plus pauvres n’avaient pour toutes possession qu’un ou deux uniformes, la prostitution était rampante pour pouvoir se louer des chaussures de marques à la journée), comme les uns et les autres ne comprenaient ni ne parlait l’anglais (pour une université internationale…) les remontrances se faisait en thaï ou, entêtement asiatique oblige, se faisait dans une sorte de charabias qui ne manquait pas de provoquer l’hilarité générale (Quand à la discipline “militaire”, ça le fait moins quand le prof fait 1 mètre 20 de haut, ne peut parler la langue, pourtant officielle, de l’université et qu’il/elle a des limites sévères dans sa propre matière). On en arrivait à des cours entiers où le bruit était tel que personne ne pouvait entendre le prof… ce qui dans le fond donnait une meilleure chance de réussir aux exams (je n’exagère même pas…). Donc Jennifer m’interrogeais façon service secret, mais toujours avec ce calme agressif (un truc qu’elle seule pouvait faire) qui caractérise les tentatives de contrôle des grosses colères (si je m’en tirais bien elle me ferait la tête jusqu’à ce qu’une des amies de Vanessa vienne me dire bonjour, ce qui en règle générale la faisait se téléporter à mes cotes tout sourire à se fendre la figure en deux) dans un brouhaha, initié par les tentatives du professeur d’obtenir le calme. Il faut savoir que pointer du doigt est considéré comme très malpolis et que ce professeur non seulement n’avait aucune compétence en anglais, mais était obstiné à ne pas parler autre chose. Il pouvait se passer quelques heures avant que l’élève visé puisse comprendre que c’était bien à elle/lui que l’on s’adressait. Jennifer pouvant se montrer particulièrement imperméable au monde alentour lorsqu’elle était fixée sur une idée, et chaque élève ayant de toute manière quelque chose à se reprocher… On en était vite arrivé à quelque chose de très incohérent et très bruyant. Tentant de retrouver le calme, le professeur nous en avait oublié, dans l’ensemble, hormis ma fatigue et l’interrogatoire de Jennifer (on en était au casier judiciaire de certains des invités… encore un truc de femme ça, même pas je connaissais leur noms mais elle avait déjà leur adresse) une matinée comme une autre.
La journée fut donc très longue, et c’est avec un certain plaisir qu’après avoir récupéré mes affaires chez Alexia, où les consciences revenaient très doucement, un peu comme dans un film de Romero (avec les mêmes bruitages d’ailleurs), je me dirigeais vers mes quartiers.
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