« Céleste ! Céleste ! Réveille-toi ! » Me crie Nao. Je préfère l’ignorer, je suis trop fatigué. Je vais me rendor… « Mais ça va pas !?! » Je l’ai frappé sans le vouloir. Mais aussi qu’est ce qui lui a pris de m’asperger d’eau glacé. Et voilà, il recommence à pleurer. Mais ça le rend assez mignon. Je crois que je me suis habitué à sa présence, à son sourire, et aux idioties qu’il dit continuellement. Dire que je le soupçonnais il y a peu…
Nao s’est calmé. Il sort un mot de sa poche ainsi qu’un collier. «-Tiens c’est pour toi. Le mot vient de ton frère et le collier c’est de ma part » Je lis le mot de Sage :
« Retrouve moi ce soir devant la bouche d’égout des quais à 1h00 ne sois pas en retard.
PS : Une réunion de famille s’impose
Ton grand frère »
– Je ne sais pas ce que Sage à en tête, mais en tous cas, nous devons y aller. Je suis sûr qu’il en sait plus qu’il ne le dit… Au fait Nao, ce collier…c’est très gentil de me l’offrir…Merci !
– Oh ! Tu sais dès que je l’ai vue je me suis dit qu’il était fait pour toi. Tu verrais ta tête tu es toute rouge, ça te rend encore plus belle.
– Changeons de sujet si tu veux bien.
– A l’amour une chose si complexe…
Je fais comme si je n’avais rien entendu.
Nous nous rendons au marché afin de nous procurer des armes. Comme pour le jour du couronnement, il faut passer inaperçu. Nous avons emprunté des vêtements et de l’argent à deux saltimbanques itinérants. A la boutique, nous avons pris des flèches, deux couteaux ainsi que deux épées. Nous avons expliqué au marchant que c’était pour un numéro. Et comme seule notre monnaie intéressait le vendeur, il s’est contenté de notre explication.
« J’ai quelque chose à faire, on se retrouve sur les quais. A plus tard. » Nao me laissa seule sur ces paroles. C’est si soudain. Mais ce n’est pas grave. De toutes manières, il faut que j’aille parler à Amaryllis.
Elle n’est pas là. Sur son stand, il y a un mot disant qu’elle s’est absentée pour quelque temps et qu’elle ne revient pas avant plusieurs mois. Ça ne lui ressemble pas. J’interroge quelque marins afin d’en apprendre d’avantage. Il m’explique que la garde royal est passé récemment. Elle cherchait Amaryllis. Celle-ci inquiète, aurait mis les voiles. J’espère que ce n’est pas de ma faute.
Je n’ai plus rien à faire maintenant, à part attendre. Les minutes mon paru être des heures. La nuit tombe enfin, plus que quatre heures à attendre.
Au bout de trois heures Nao est finalement de retour. Je l’interroge sur ce qu’il faisait mais à chaque fois il change de sujet. Je me demande vraiment où il était…
Une heure arrive et mon frère l’accompagne. Il porte son déguisement de messager des enfants du mal :
– Mesdames et Messieurs, ce soir vous avez l’honneur de visiter les égout en compagnies du célébrissime messager des enfants du mal. Céleste à toi l’honneur.
Il soulève la bouche d’égout et nous guide à travers les égouts. Je reste sur mes gardes, Sage est quelqu’un de dangereux et d’imprévisible. Je ne sais même pas où on va. En tout cas, cet endroit plait à Nao. Il compte les rats, ça le fait rire. Et ça semble amuser Sage aussi. On dirait deux enfants…
Nous arrivons face à une vieille porte rouillée. Les armoiries de la famille royale y sont gravées. Je comprends maintenant, il nous a conduits ici pour voir Colombe. De toute façon cela n’auras servi à rien. La porte ne semble pas vouloir s’ouvrir.
– Tu ne devrais pas faire des conclusions trop hâtives.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Regarde en bas de la porte, il y a une serrure. Et en voilà la clé.
– Où l’a tu eu ?
– Par terre. Tu ne te souviens pas ? Les morceaux de la couronne ont était volés. La clé était en réalité une pièce de la tiare. Je l’ai tout simplement ramassée.
Sage ouvre la porte. Nous pénétrons directement dans la chambre de la reine. Colombe est endormie. Sage allume la lumière pour la réveiller. Elle se lève brusquement et pointe son épée sur nous. Mais elle se rassoie rapidement. Sa blessure semble l’empêcher de beaucoup se mouvoir.
– Tu as fini ta comédie ?! S’exclame Sage
– Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es venue m’achever ?
– Colombe calme toi ! Nous sommes juste venues te parler.
– Céleste je n’ai rien à te dire et j’ai encore moins envie de parler à Sage ou à ce criminel qui te sert d’ami. Maintenant partez ou j’appelle la garde.
– Tu vois je t’avais dit qu’elle te détestait. Partons maintenant. Je n’ai plus rien à te montrer.
Sage m’entraine par la main. Colombe me regarde fixement. Puis elle ferme la porte. Il avait raison, elle me déteste. J’ai mal mais je m’y attendais. J’aurais voulue ne pas savoir, continué de vivre dans le passé pour ne pas être blessé. Mais je ne peux pas arrêter le temps.
Nous sortons des égouts et allons-nous assoir sur un mur. Je n’ai pas envie de parler. Peut-être que je dois abandonner. J’ai déjà tout perdu alors à quoi bon poursuivre. Je n’ai plus à sauver l’honneur de sage puisqu’il est réellement un assassin. Et même si je découvre la vérité, Colombe ne me croira jamais. Je ne retrouverai pas ma famille. Je n’ai plus rien à gagner.
– Viens avec moi. On ne sera peut-être pas une grande famille mais c’est suffisant.
– Je ne sais pas. Il y a Nao et l’enquête…et puis où voudrais tu qu’on aille ?
– Ne t’en fais pas pour ça, je sais parfaitement où aller. Et regarde, ton ami Nao est parti, il ne nous a pas suivie. Je suis ton frère le reste importe peu.
– Nao… D’accord partons.
Il est temps pour moi d’écrire la suite de l’histoire, de mon histoire. Et de laisser le passer là où il est…
Mon frère me guide, il sait parfaitement où nous allons. Pendant le trajet je repense aux précédents événements. En particulier à Nao. Je vois son sourire, ses larmes. Chacune de ses paroles repassent dans ma tête. Je crois que… je l’aime. Mais ce n’est plus important. Il m’a caché tellement chose, et puis il a préféré rester avec Colombe… Je n’ai pas de temps à perdre avec ces…futilités.
Un grand manoir est dressé devant nous. « Voilà ta nouvelle maison. » m’informe Sage. Il a l’air vraiment récent, les murs sont encore d’un blanc immaculé. La porte franchi, j’aperçois un magnifique salon. La chaleur de la cheminé enveloppe toute la pièce. Quatre beaux canapés rouges forment un carré au centre des lieux. Les murs jaunes sont ornés par une fresque en ébène. Le parquet, les meubles richement décorés et les divers tableaux donnent une touche chaleureuse et luxueuse. Je n’imaginais pas trouver une si belle bâtisse dans un endroit aussi perdue.
A la demande de Sage, je m’assoie sur le divan. Un homme nous apporte le thé. Son visage ne m’est pas inconnu. Il est un peu plus vieux mais ça me revient maintenant, c’est l’individu qui menaçait mon père le jour de son assassinat. Mais que fait-il ici, chez mon frère ? Il s’assoie face à nous et me fixe avec le même sourire qu’à l’époque. Sage engage la conversation.
– Céleste, je te présente mon ami et acolyte, Anaïk. Il m’a recueilli il y a huit ans et m’a élevé comme son propre fils. Je lui dois tout.
– Trèves de compliment, je n’en mérite pas tant ! s’exclama-t-il en riant. Mais vous devez avoir beaucoup de chose à vous raconter. Je ne vais pas vous importuner d’avantage. »
Il part. Je prends Sage par la main et je le conduis dehors. Ici je peux lui parler librement.
– Tu ne devrais pas lui faire confiance !
– Tu n’as aucune raison de t‘inquiéter. Comme je te l’ai dit je connais très bien. S’il était malintentionné tu ne crois pas qu’il s’en serait pris à moi plus tôt ?
– Tu ne comprends pas ! J’ai vue cet homme le jour de l’incident. Il se disputait avec père, il l’a menacé et quelques heures après, le drame s’est produit.
– Tu dois te tromper. Tu n’avais que six ans à l’époque. Quelque chose t’as peut être échappé. Tu le confonds avec quelqu’un d’autre ou alors tu as mal compris.
– Mais, je t’assure que…
– Il n’y a pas de mais, fais-moi confiance c’est tout. Maintenant rentrons et n’en parlons plus.
Nous retournons nous assoir. Plusieurs personnes viennent nous porter le repas. Mais je n’ai pas faim. Le regard d’Anaïk me glace le sang. J’ai l’impression qu’il observe chacun de mes mouvements. Dès la fin du repas, je me rends dans ma chambre. J’ai besoins d’être seule…Pourquoi ne me croit-il pas ? Je sais ce que j’ai vue et entendue. J’avais six ans, et alors ? Ça ne veut pas dire que j’étais stupide ! Ce qu’il me faut c’est des preuves. Je dois fouiller cette maison.
J’entends mon frère et Anaïk, il discute au salon. J’ai le champ libre pour les trois étages. Commençons par sa chambre. Je fouille chaque tiroirs et livres mais il n’y a rien. Je soulève matelas et oreillers, mais aucuns indices. Un petit coffret sur la table de chevet attire mon attention. J’en avait déjà vue un semblable dans le bureau de père. Il s’en servait pour ranger les documents importants. Le mécanisme de la serrure ne semble pas bien compliqué aux premiers abords, mais malheureusement, ce n’est qu’une illusion. Je ne comprends pas comment cela fonctionne. Sur le dessus de la boite, il y a une rose des vents avec au milieu un trou d’une forme étrange. Je préfère renoncer à l’ouvrir pour le moment, le maitre des lieux ne devrait pas tarder.
En traversant le couloir, j’aperçois une porte entre bailler. En jetant un œil, on peut apercevoir une sorte de laboratoire. Des individus en blouse blanche semblent y travailler. Sur une table au centre de la pièce on peut voir un liquide rougeâtre. On dirait…du sang ! Le corps d’un jeune enfant est transporté. Lui aussi est couvert de sang. Je me retiens d’hurler. Je crois qu’ils l’ont tué. Qu’est-ce que Sage fait avec ces hommes ? Il faut que je quitte cet endroit. Ce qui se passe ici dépasse toutes les horreurs que j’ai vu dans ma vie. Je cours du plus vite que je peux. Je n’aurais pas dû suivre Sage. Il faut que j’aille prévenir la garde peu importe ce que j’encoure.
Soudain, Anaïk sort de nulle part et m’attrape par le bras, ça me fait mal. Il semble avoir compris. Il met son couteau sous ma gorge et me murmure de ne pas dire un mot. Je suis tétanisée. Il me conduit ainsi jusqu’à une pièce sombre du troisième étage puis ferme la porte. Le bruis de ses pas s’éloigne peu à peu…
Je suis maintenant seule dans le noir. Je laisse couler mes larmes, c’est fini. Cette fois je vais mourir. Et personne ne le sauras, personnes ne me pleurera. J’ai mal au cœur. Cette vie dont j’ai si peut profiter, je vais la perdre. Peut-être dans quelques minutes, peut-être dans quelques jours. L’attente me blesse c’est insoutenable. Et je ne peux rien y faire. J’attends mon bourreau mais il prend son temps. Je suis seule avec la peur. J’ai du mal à respirer. Si seulement je n’avais pas quitté Nao. La vie est trop injuste, elle ne m’a pas laissé être heureuse. Elle m’a pris tous ceux que j’aimais. Et malgré tout, je tiens à elle. Je ne veux pas mourir comme un vulgaire rat de laboratoire. Des pas retentissent, il arrive. Je panique de plus en plus, imaginant la manière dont il me tuera. La porte grince, et déjà un faisceau de lumière m’éblouit. Anaïk me mène au laboratoire, il me sert aussi fort qu’au moment de ma capture. Je veux me débattre mais je n’en ai pas la force, le courage. Le sang et le corps ne sont plus dans la pièce. Mais qu’importe, les miens les remplaceront bientôt. Je laisse échapper quelque mot :
– Vous allez me tuez ?
– Tu n’as pas à avoir peur. Tu ne sentiras rien.
L’un des scientifiques s’approche avec une seringue. Il me la plante dans le bras et en laisse couler le liquide. Je m’attendais à une mort plus grandiose. Un empoisonnement, je suis déçu…
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