J’ouvre les yeux, apparemment je ne suis pas morte, mais Je n’arrive toujours pas à bouger. Je suis dans le salon, dans un fauteuil roulant. Sage est là. Il parle avec Anaïk. Ils ne semblent pas avoir remarqué mon réveil.
– Ma sœur ne devait pas être mêlée à ça. Fait la redevenir comme avant.
– Je crains que ce ne soit possible. Tu sais aussi bien que moi que nous avons besoins de son Incarlate.
– Nous en avons déjà suffisamment. Et nous aurions pu l’extraire sur d’autres personnes. Les enfants aux yeux rouges cours les rues.
Ils se tournent vers moi. Sage détourne rapidement le regard, il a l’air perturbé. Anaïk, lui, affiche toujours son sourire sarcastique. Un grand silence règne dans la pièce. Je suis comme prisonnière de mon corps, incapable de bouger ou de parler. Cette fois ce n’est plus la peur, c’est comme si mon corps ne voulait plus m’obéir.
Soudain, on frappe à la porte. A peine ouvrent-ils que Nao entre dans la pièce. Il se précipite vers moi, puis vise Anaïk. Il ne tire pas, il le menace. Quelques secondes à peine après Nao, c’est Colombe et sa garde qui entrent. Ils encerclent Sage et Anaïk. « C’est fini, tu es en sécurité » me murmure Nao. Je suis tellement heureuse de le voir. Dire qu’il est venu pour me sauver. Colombe encore affaiblie affronte Sage face à face et encore une fois, je ne peux rien faire pour les arrêter. Les soldats sont, eux, en train de se démener afin d’immobiliser Anaïk. Mais contre toute attente, les hommes de mains de Sage débarquent. En un instant, le salon devient un véritable champ de bataille miniature. Du coté de Sage et de Colombe, le fer continue de se croiser violemment. Colombe est plus calme que la dernière fois, ses mouvements sont plus réfléchies et feigne à plusieurs reprise de blesser son adversaire. Sage ne se moque pas d’elle cette fois. Il la combat de toutes ses forces. Il veut en finir, ça se voit dans ses yeux. Mais cette fois, c’est lui qui s’écroule.
– Félicitation, tu as l’honneur de m’achever. J’ai toujours su que sa finirait comme ça. Le messager…des enfants du mal vous tire…sa révérence…
– Ton existence même me fait pitié. Ce n’est pas moi qui te tuerais. Je ne te ferais pas ce cadeau. Mais ne t’en fait pas, c’est toi qui sera la cause de ta propre mort.
Malgré sa victoire face à Sage, Colombe est obligée de partir avec le reste de sa garde car la bataille qui opposa les sbires d’Anaïk aux soldats de la reine, s’est achevée sur une défaite de la milice royale. Nao m’emmène avec eux. Nous allons jusqu’au château. Là-bas, elle nous invite à entrer dans sa chambre.
Nao prend le collier qui est à mon cou. C’est une petite fiole en forme d’œil. Il ouvre le pendentif et le dépose contre mes lèvres. Le liquide descend petit à petit dans ma gorge mais rien ne se produit.
– Le produit devrait bientôt agir. Tu pourras de nouveau te déplacer, explique Nao.
– Pour le moment nous allons t’expliquer ce qui s’est passé quand tu es parti avec Sage.
– Quand vous vous êtes éloignez, j’ai expliqué à Colombe le rôle de mon père dans l’assassinat de vos parents. Je lui ai montré la lettre, et à partir de ce moment elle à accepter de m’écouter.
– Tout ce que je pensais de vous a était remis en cause à ce moment-là. Il m’a expliqué le décès du seul témoin que vous aviez rencontré. Mais aussi que Sage était présent à ce moment-là.
– Tout d’abord elle l’a suspecté, mais il était impossible que ce soit lui l’archet étant donné qu’il parlait avec moi. Alors on s’est mis à soupçonner Anaïk.
– Je l’ai informé que Sage avait été vu à plusieurs reprises aux alentours de la maison du duc Anaïk de la Galère.
– Mais ce jour-là, il n’était pas le complice de Sage. Il n’avait aucunement besoins d’aide pour s’en débarrasser. De plus, il était réellement frustré de ne pas avoir pu se venger.
– Alors on a compris que Sage n’était qu’une marionnette. Anaïk savait qu’il enquêtait sur la mort de père et de mère. Afin de faire disparaitre les preuves de son complot contre la couronne, il l’a hébergé pour le surveiller plus facilement. Comme ça il pouvait se débarrasser de chaque indice qui ressurgissait. C’est aussi lui qui a tiré dans le bras de Pabel. On a comparé les flèches tirés le jour du couronnement et sur le témoin, et elles appartenaient à un même set.
L’affaire est à deux doigts d’être résolue, et comme pour les malheurs un bonheur n’arrive jamais seuls. Je peux de nouveau bouger et parler. Nao me prend dans ses bras. Il pleure de joie. Colombe me sourit, ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas vue si joyeuse. Je ne suis plus seule maintenant. C’est sûr, ensemble, on ne peut pas échouer. Mais il ne faut pas se réjouir trop tôt, plusieurs questions restent sans réponses. Comme le mobile. Mais pour l’instant, je veux savoir ce qu’on m’a fait dans ce laboratoire.
– C’est bon Nao tu peux me lâcher. Bon, maintenant vous pouvez me dire ce que j’ai bu ?
– Ah, ça ! c’était de l’Incarlate, me répond-t-il
– Sage et Anaïk en parlaient avant que vous arriviez. Vous savez ce que c’est ?
Ma sœur sort un énorme livre de sous son lit. Elle me le donne. Pendant que je le feuillette, Colombe et Nao me le résument.
– Ce livre fait partie de l’héritage de notre famille. Il relate la création, la vie ainsi que la disparition de tout un empire bâtit sur ces terres il y a plusieurs milliers d’années. Ce peuple était très avancé en technologie comme en armement. La réussite de cet empire était due à un fluide : l’Incarlate. C’était une source d’énergie incroyable pouvant illuminer des villes entière. Ils utilisaient le pouvoir de l’Incarlate pour à peu près tout. Ils allèrent jusqu’à l’employer à des fins militaire, c’est ce qui causa leur perte. Ignorant que le royaume ennemi utilisait cette même énergie, ils se lancèrent dans une guère. Elle ne dura pas longtemps. En utilisant chacun des armes de destruction massive, ils ont menés leurs peuples à l’anéantissement.
Aujourd’hui l’Incarlate existe toujours mais dans des quantités infimes. Elle est présente dans l’organisme des enfants du mal.
– Anaïk en extrait depuis son laboratoire des enfants aux yeux rouges. Les sujets de ses expériences perdent la parole ainsi que leur mobilité.
– Plusieurs enfants ont été retrouvés dans cet état dernièrement. Le seul moyen de les sauver est de récupérer ce qu’on leur a volé
Je me lève, et me précipite vers la sortie.
– Dans ce cas nous devons retourner au manoir.
Moi et Nao y allons directement. Pendant ce temps, Colombe prépare son armée. Cette fois, l’heure du combat final a sonné.
Le lieu est désert, les meubles sont toujours en place mais personne n’est là. Nao part vérifier le laboratoire. Moi, je monte à l’étage, dans la chambre d’Anaïk. Le coffret et toujours sur la table. Il m’intrigue encore plus que la dernière fois. Une rose des vents…mais bien sur. Le compas sur la table est surement la clé de cette étrange serrure. Le planché grince, Nao est derrière moi. Il me regarde puis observe la boite. Peut-être a-t-il compris lui aussi…il saisit l’étui puis le jette. Ah ! J’avais oublié qu’il est stupide. Stupide mais efficace. En tout cas il a l’air fière de lui, c’est toujours ça. La boite s’est fracassée par terre et nous laisse enfin apercevoir son contenue. A l’intérieur, il y a une carte. Les contours me font penser à la forme de Prinaco. Mais ce n’est pas la ville, on dirait plutôt un plan des différentes ruines. Un lieu est entouré en rouge, c’est là où l’on doit se rendre. Il est temps de se mettre en route. « Nao, va montrer cette carte à Colombe, et guide là ! » Il hoche la tête en signe d’acquiescement.
Après avoir courue durant une quinzaine de minutes, j’arrive enfin à l’entrée des ruines. Anaïk est face à une sorte d’arme à feu futuriste. Il s’apprête à la charger d’Incarlate…
La main sur mon épée, je vais sans faire de bruit vers lui. Ses hommes de mains ne doivent pas me remarquer. Je fais à peine un pas, que déjà il se retourne. « Je suis occupé pour le moment, mais patientez princesse, je me ferai une joie de vous éliminer. » Son ton ironique m’irrite au plus haut point. Qu’est qu’il croit ? Que je vais attendre. Je continue d’avancer dans sa direction. Il n’a pas l’air de s’en soucier. Je sors mon épée et me précipite vers lui. Il contrattaque. Je combats avec acharnement mais rien n’y fait. Il évite chacun de mes coups et me blesse à plusieurs reprises. « Tu n’abandonnes pas ? » Abandonner ? Je ne peux pas. Je sais déjà que je vais perdre. Mais je dois gagner du temps. Je dois tenir jusqu’à l’arrivé de ma sœur et de Nao. Pour mes Parents. Pour ces enfants paralysés. Mais aussi pour le peuple de Prinaco. Je dois enfin prendre mes responsabilités d’héritière. Ensuite je pourrais périr avec la conscience tranquille. Ma quête achevée, j’aurai enfin réussi une chose dans ma vie. Je continue d’encaisser des coups de plus en plus violents. Je suis couverte de sang, mais je n’abandonne pas ! Je parviens enfin à le blesser, mais ce ne sont que des égratignures. Je suis de plus en plus fatiguée.
– Tu me fais perdre mon temps, j’aurais dû te tuer plus tôt. Je vais en finir au plus vite.
Il lève son épée jusque derrière son épaule. Puis, j’ai mal. Je hurle, je pleure. Ma vue se floute un peu, j’ai froid. La douleur m’a parcouru comme la foudre. Il vient…de me trancher le bras. Je perds de plus en plus de sang. A la vue de mon corps démembré, j’ai la tête qui tourne et une forte nausée. La douleur est insoutenable, je ne tiens plus sur mes jambes. Anaïk s’éloigne, se retournant parfois pour me regarder souffrir. J’ai échoué…
– Ne laisse pas tomber Céleste. Nous sommes là pour toi ! me crient Nao et Colombe.
Nao accoure vers moi. Il ne pleure pas, il me sourit. Il me réconforte, m’encourage à vivre. Il me dit des choses comme : « ce n’est qu’une blessure superficiel, un bras ça repousse ! » Je n’ai pas la force de lui répondre, je ne peux que lui sourire. Il ne semble pas vouloir accepter ma mort. Il se baisse doucement vers moi. Il déplace ma frange vers le haut, et dépose un tendre baisé sur mon front. J’entends de moins en moins. Je sais que c’est la fin mais Nao ne veut pas l’accepter. Il me fait un bandage avec ses habits. L’hémorragie cesse grâce à ça. Mais je suis déjà tellement affaiblie. Nao à du mal à retenir ses larmes, mais il fait encore l’effort de me sourire. C’est comme si ça souffrance était pire que la mienne. Avec mes dernière force, je lui murmure « Arrête…Anaïk » puis, je lui montre mon épée. Il se penche de nouveau et pose ses lèvres sur les miennes. Je suis parcouru par un frisson, comme une caresse qui me traverse tout le corps. Je suis heureuse d’avoir pu ressentir se sentiment au moins une fois avant de mourir. Il se relève, et va prendre part au combat. Il se dirige directement vers Anaïk éliminant au passage quelques combattants ennemis. Je l’observe s’éloigner et prie pour sa victoire.
Anaïk a presque finis de remplir le réservoir d’Incarlate quand Nao arrive. Durant le combat, il vise directement le cœur et la tête de Nao. Celui-ci l’évite de justesse, et parvient même à le blesser. Anaïk devient presque hystérique. Il frappe Nao avec son pied l’éjectant à au moins cinq mètres puis éclate de rire. Il est fou, ça ne fait aucun doute. Son délire lui fait oublier son horrible dessein. Il se dirige droit vers Nao pour s’en débarrasser. Cette fois il a le dessus. Nao n’attaque plus, il essaye de se défendre et d’esquiver. Anaïk continue de rire. Colombe s’empresse de lui porter main forte. Mais son état de santé ne lui permet pas de prendre le dessus. La lame d’Anaïk se retrouve sous la gorge de ma sœur.
– Quand je suis venue demander à votre père de m’aider pour mes recherches, j’ai tout de suite su que j’aurais à le tuer lui et toute sa maudite famille…
– Tu n’aurais pas dû baisser ta garde ! s’exclame Nao.
Anaïk lâche son épée, son bras transpercée par une des flèches de Nao. Anaïk perd de plus en plus la raison. Il retourne charger l’arme d’Incarlate. Il termine son projet, et pointe le canon de l’arme sur nous. Un énorme bruit retentit et une lumière rouge nous enveloppe. L’arme va bientôt tirer. Nao saisit son arc et tire dans le réservoir. Un immense rayon lumineux transperce le ciel. Des gouttelettes de pluie rouge se mettent à tomber et à nous envelopper. C’est un spectacle magnifique. On peut dire que le plan d’Anaïk est tombé à l’eau. Les gardes l’emportent. Le regard qu’il m’adresse en partant me montre qu’il n’a plus qu’un objectif, se venger. Malheureusement pour lui, depuis la prison il ne pourra probablement plus rien contre nous. Nao et Colombe viennent me porter à l’hôpital.
Le lit y est confortable. Nao, Sage, Colombe, tout les gens que j’aime m’entoure. Nao et mon frère me sourissent mais Colombe, elle, pleure.
– Si tu savais comme je suis désolée. Je t’ai repoussé et accusé du meurtre de nos parents. Tu as tous perdues par ma faute. Je…
– Tu n’y es pour rien Colombe. Anaïk est le seul responsable. Et je n’ai pas tout perdu. Je sais maintenant que tu ne me détestais pas. Et ça c’est tout ce dont j’avais besoins.
Elle me prend dans ses bras. Les larmes continues de glisser sur ses joues. Sage à lui aussi le visage décomposé :
– J’étais le complice d’Anaïk, je suis tout autant coupable. Je t’ai emmené jusqu’à lui et il à bien failli te tuer. De plus, il y a huit ans je t’ai abandonnée quand ces hommes nous ont menacés…
– Tu ne savais pas qu’il comptait s’en prendre à moi. Et, je sais que par le passé tu es revenu me chercher.
Il saisit ma dernière main. J’ai enfin retrouvé le Sage que j’aimais tant étant enfant. Nao semble avoir perdu son sourire lui aussi :
– Céleste, pourquoi nous parle tu comme si c’était la fin ? Tu ne compte pas nous abandonner, si ?
– Nao… Tu es la personne la plus stupide qui m’ai était donner de voir. Mais tu es aussi le plus gentil, attentionné et drôle de tous les garçons…J’étais perdu avant de te rencontrer. Je errais, aveuglée par mes objectifs, incapable de voir la beauté du monde, de vivre tout simplement…Je t’aime plus que tout.
– Enfin tu réalises, je suis tellement heureux !
Il se jette sur moi et me donne une accolade des plus réconfortantes. Je n’ai plus peur. J’ai désormais des personnes là pour moi. Colombe et Sage sont les meilleurs frères et sœur dont on puisse rêver. Et même s’ils n’ont pas toujours étaient là, je sais désormais qu’ils m’aiment et qu’ils sont prêt à tout pour moi. J’ai enfin vengé mes parents et j’ai retrouvé ma famille. Quand à Nao, il est la lumière qui m’a guidé dans les ténèbres. Avec lui, j’ai enfin pus retrouver un peu de joie et j’espère passer ma vie avec lui.
Au bout d’un mois, je pu sortir de l’hôpital. Prinaco était devenu grâce à Sage et Colombe un pays sans histoire où ils faisaient bon vivre. Les enfants aux yeux rouges pouvaient de nouveau marcher et parler grâce à la pluie l’Incarlate. La population ne les maltraites plus au contraire, ils étaient désormais devenu synonyme de bonheur. Une grande partie de la population ayant été en contact avec l’Incarlate, on a observé une recrudescence des enfants naissant avec les yeux rouges. Anaïk a était condamné à mort et c’est mon frère qui a exécuté la sentence avec beaucoup de plaisir. Pabel est désormais en prison pour avoir martyriser le peuple toutes ces années. Nao et moi nous sommes empressés de nous marier et désormais, il est toujours à mes coté à prendre soin de moi. Il me fait rire tous les jours et ne cesse de me surprendre. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans lui.
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