Qui n’a pas en tête Frodon Sacquet, ou son aïeul Bilbon, héros emblématiques de la Fantasy ? Et que seraient ces héros sans Legolas, Gimli, Balïn, Boromir et tous les autres personnages qui les accompagnent dans le récit ? Créer de bons personnages dans un récit de Fantasy est avant tout affaire d’imagination, mais voici quelques conseils pour guider vos premiers pas.
Un héros différent.
Les exemples classiques du héros ne manquent pas et les stéréotypes sont nombreux, et peuvent même devenir caricaturaux dans la Fantasy : le prince déchu et trahi, le jeune magicien aux dons innés, le preux chevalier à la rescousse de la demoiselle en détresse et j’en passe. Aujourd’hui, un bon héros de Fantasy doit sortir des sentiers battus. Par son statut, ou bien par son caractère et son comportement (et idéalement par les deux). Les héros trop manichéens sont lassants : le beau et gentil, le vilain et méchant sont des concepts éculés. Prenez des chemins de traverses et dépeignez plutôt un personnage qui navigue entre les deux côtés. De même pour le statut de votre personnage : le prince héritier qui doit protéger son royaume ou le pauvre paysan appelé à devenir le sauveur du monde sont des exemples trop stéréotypés. Pourtant, la galerie de personnages de la Fantasy est immense ! Piochez donc dans ces catégories que l’on ne fait, habituellement, que citer au détour d’une page.
Les compagnons, des héros à part entière.
Les personnages qui accompagnent votre héros ou qui sont récurrents dans le récit sont souvent capitaux. Un héros complétement seul, avec seulement autour de lui des personnages annexes, est relativement rare et c’est un exercice compliqué (mais intéressant si vous vous en sentez le talent !). Ces personnages doivent être presque autant travaillés que votre héros et surtout ne pas en être une pâle copie. Ils représentent souvent des traits de caractères, des capacités, des motivations, que votre héros ne possède pas et dans lesquels il puisera au fil de son histoire. Leur personnalité, souvent forte, est aussi un moyen pour certains lecteurs, qui ne se retrouveraient pas complétement dans votre héros, de s’identifier.
Les personnages secondaires : à ne pas négliger !
Vous tenez maintenant votre personnage principal, mais l’exercice ne s’arrêtent pas là ! Car votre monde, pour captiver le lecteur, doit être peuplé d’autres personnages, intervenant plus ou moins directement dans le récit. Négliger ces personnages sous prétexte qu’ils sont secondaires serait une grande erreur ! Ce sont au contraire des jalons qui vont vous aider à fixer votre récit et ces différentes étapes dans l’esprit du lecteur. Tout lecteur du Seigneur des Anneaux se souvient de Tom Bombadil. C’est pourtant un personnage ô combien secondaire, puisque l’on pourrait presque dire qu’il n’apporte que peu de chose à la suite du récit. Pourtant, il est travaillé de telle façon qu’il marque le lecteur et devient le symbole des chapitres où il intervient. C’est là le jeu des personnages secondaires. Hauts en couleurs, originaux, drôle ou au contraire effrayants, choquants, gênants, peu importe. L’essentiel est qu’ils marquent le lecteur. Ils apportent ainsi une richesse à votre monde et structure votre récit.
L’antagoniste : pas forcément le contraire du héros.
C’est souvent le modèle classique du récit de Fantasy : le ou les personnages principaux vont avoir à affronter un « méchant », le principal antagoniste contre lequel il faut lutter. De deux choses l’une : ce personnage n’est pas forcément obligatoire ! Le héros peut avoir à affronter de multiples dangers, sans avoir à affronter un personnage précis, ou bien même, le récit peut être vu comme une lutte du héros contre lui-même. Ensuite, si vous décidez de faire intervenir un antagoniste, n’en faites pas forcément l’exact opposé de votre héros. S’il est l’ennemi personnel du héros, alors il doit être aussi complexe que lui. Autrement, il peut lui être totalement décorellé. En tout les cas, faites toujours en sorte qu’il soit différent, surprenant, même pour le héros lui-même.
Travaillez la psychologie… sans être freudien !
Dans la Fantasy, le statut des personnages, leur fonction, sont des aspects primordiaux et bien souvent ceux par lesquels ils se définissent. Pour autant, les réduire à cela ferrait perdre beaucoup de richesse à votre récit. Le guerrier n’est pas seulement un porteur d’épée, le magicien, pas seulement un lanceur de boules de feu. Les traits de caractères, la manière de réfléchir, le comportement, le passé etc. de vos personnages sont autant de points qui les rendront crédibles et attachants aux yeux du lecteur. Un personnage doté d’une vraie et forte personnalité est un personnage dont on se souvient, et des personnages forts sont indispensables à un récit de qualité. Pour autant, ne basculez pas dans l’extrême. Si chacune des moindres décisions et des moindres actes de votre héros sont expliqués à l’aune de ses traumatismes enfantins, vous ravirez peut-être les adeptes du freudisme mais les amateurs de Fantasy risquent de décrocher !
Les noms : libre cours à l’imagination… en restant lisibles !
En dernier lieu, ce que l’on retiendra principalement de vos personnages, ce sont leur nom. D’où l’intérêt d’y consacrer une grande attention. La Fantasy présente cet avantage de ne pas poser de borne ou de règle pour l’invention des noms. Alors donnez vous en à cœur joie ! Mais n’oubliez pas, un nom doit être agréable à lire et à entendre. La musicalité en est très importante. Essayez donc par exemple de prononcer les noms de vos personnages à haute voix. Par ailleurs, bien que la Fantasy tolère toutes les originalités, sachez rester lisibles. Évitez ainsi les accumulations de consonnes, les doubles voyelles à outrance, les accents en tout sens et les h placés en dépit du bon sens. Sachez rester simples et efficaces !
2 commentaires Ajouter le votre
De bons conseils. C’est vrai que, comme l’a dit Nemain Macha, le lecteur les utilise très souvent (consciemment ou non). Du coup merci beaucoup ! ça aide énormément les écrivains en herbe (dont je fait parti) à faire un bon récit ! Après c’est sans doute une question de dosage.
Ces conseils sont vraiment très pertinents. Inconsciemment, je les utilise de manière systématique pour déterminer si le livre de fantasy que je lis est bon ou mauvais. Je dirais même qu’ils peuvent dépasser le cadre de la fantasy pour être appliqués avec profit à toute œuvre de fiction.