« HOTEL RESTAURANT JONAS » annonçait l’enseigne bleue aux lettres blanches. Quarante années s’étaient écoulées et le petit hôtel était toujours debout, inébranlable. Alex hésita quelques secondes puis franchit le seuil. Le hall n’avait pas changé, un petit comptoir désert tenait lieu de réception sur la droite. En face de lui un escalier grimpait à l’étage. Sur la gauche une porte ouverte qui donnait sur le bar restaurant d’où provenait un faible mélange de voix rocailleuses. Il tapota deux fois la sonnette du comptoir.
– Bonjour, fit une voix féminine provenant du haut des escaliers.
– Bonjour, il se baissa légèrement et aperçut une paire de jambes qui descendait.
Une jeune femme d’une vingtaine d’années apparut. Ses cheveux noirs, poussiéreux et décoiffés lui donnaient un air espiègle et charmant.
– Vous voulez une chambre.
– Vous en avez une de libre ?
– Oui. Une seule.
– Alors je la prends.
Elle s’approcha du comptoir et ouvrit un grand registre dont les pages blanches attendaient impatiemment la compagnie d’autres noms exotiques. Elle prit un stylo et regarda le vieil homme.
– Votre nom ?
– Simon.
– Non votre nom.
– Mon nom c’est Simon et mon prénom Alex.
Petit soupir d’énervement.
– Très bien monsieur Alex Simon, elle inscrivit soigneusement son nom.
– Vous comptez restez longtemps monsieur Simon.
– Je ne sais pas.
– Tenez, elle lui tendit une clé, vous avez la chambre Emilie.
– Emilie ? Quelqu’un y loge déjà ?
– Non c’est le prénom de la chambre.
– Pourquoi vous ne mettez pas de numéro ?
– Pourquoi votre nom est un prénom ?
– Comment vous appelez vous ?
– Arwen. Votre chambre est au premier. Dernière porte au bout du couloir.
Alex prit les clés, la remercia et grimpa les escaliers péniblement. Un long couloir éclairé au fond par une grande fenêtre, huit portes en bois sculpté et sur chacune d’elle un prénom.
Henri, Angeline, Caleb, Jonas, Marie, Emilie… Sa chambre. Il ouvrit la porte, une petite pièce apparut, très jolie, une grande fenêtre ouverte donnant sur l’océan, au milieu un grand lit, à droite un grand placard ouvert, dans un renfoncement une petite salle de bain, aux murs des tableaux. Il posa ses deux montagnes sur le lit. Il regarda sa montre, déjà neuf heures du soir. Il ne défit pas ses valises, il prit juste un pyjama, sa trousse de toilette. Quelques minutes plus tard, il dormait.
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