Je me souviens de la farouche guerrière
Que j’ai croisée lors des joutes meurtrières.
Cette créature faite d’acier et de chair,
Rassemblait dans ses mains le paradis et l’enfer.
Elle était reine des contrées lointaines et hostiles.
Elle convoitait nos terres chaudes et fertiles.
La belle régnait sur le plus froid des hivers,
Et venait semer mort et désolation sur nos terres.
Nous rassemblâmes mille guerriers
Tous fiers et armés
Nous brandîmes vers le ciel, nos épées
Pour jurer aux Dieux de ne jamais céder.
Sur la plaine aux blés depuis longtemps moissonnés,
Nous attendîmes les hordes enneigées.
Ils vinrent enfin, au terme de novembre.
Une armées de fantômes raides, corps et membres.
A leur tête se tenait leur souveraine
Les yeux farouches et brulants de haine.
Nous les regardâmes avancer,Le pieds ferme, le cœur décidé.
Le combat mortel à un contre dix
S’annonçait terrible, j’en voyais les hospices.
Le moment vint d’engager le combat
Nous chargeâmes dans l’éclat de nos voix
Ce fut un immense cri qui résonna dans sur la plaine.
Un hymne de courage que la fureur déchaine.
Le choc fut terrible.
De taille et d’estoc, nos lames trouvaient leur cible
Mais face à la multitude, nos souffles devinrent courts
Les bras furent plus lents et l’acier plus lourd.
Nos ennemis étaient gourds mais vaillants
Ils encaissaient les blessures mais ne versaient pas de sang.
Il y avait de la magie pour animer leurs corps
Qui ne respiraient pas et sentaient la mort.
La reine de glace avait sorti de la tombe
Ce que l’enfer avait de plus vile et immonde.
Mes camarades tombaient l’un après l’autre dans la poussière
Les corps fendu, le cœur percé par la folie meurtrière.
Nous ne perdions pour autant pas courage
C’est avec force que nous affrontions cette rage.Les heures passaient et le soleil était maintenant haut dans le ciel.
Les terres alentour n’étaient que sang et coulées de fiel.
Les rangs de l’ennemi se clairsemaient
A mesure que nos bras, en pièces les taillaient.
Encore un guerrier de glace que je transperce
Et devant moi, en majesté, la reine se dresse.
Ô vision terrible entre toute.
Haute de bien six pieds
Les bras gainés de cuir et d’acier
Elle brandissait une lame de flammes bleutées
Sous l’armure il y avait une beauté
Une peau lisse que je devinais veloutée.
Un corps qui promettait mille voluptés.
Mon cœur un instant s’est arrêté
La sang de mon visage s’est retiré.
Comment une telle créature pouvait exister?
Comment le bras de la mort pouvait-il être désirable?
Je restais un moment le corps paralysé
L’esprit emporté par cette étrange fable.
Lorsque j’entendis son rire de malheur
Le charme s’envola et je sortis de ma torpeur
La main ferme sur le pommeau de l’épée
Je mis en garde l’étrange beauté.
Elle se rue vers moi, toute flamme et démence
Les lames se heurtent en fracas entamant leur mortelle danse.
Au tour de nous monde s’efface.
Il n’ y a plus que le combat du feu et de la glace.
Les minutes s’étirent et passent.
Guettant le moment où les guerriers se lassent.
Sur la foule des combattants plane la menace
Il suffit d’un instant pour que l’un de nous ne trépasse.
Puis, soudain, vint le silence.
Tout s’arrête en suspens
De mon bras la reine garde ses distances
Les muscles sont raides et la douleur me lance.
Alors je distingue à l’endroit de son cœur, le fer d’une lance.
La reine est figée.
Son regard de feu est gelé.
De son bras pendant, l’épée est tombée.
Le sort a décidé,
Ce n’et pas moi qui l’aurait arrêtée,
Mais le hasard d’un bras dans la mêléeQui aura sur elle un javelot lancé.
Si tôt la reine terrassée,
Toute son armée s’est effondrée,
Ne laissant sur la plaine dévastée
Que des traces cendrées.
Le vent notre allié, les aura vite dispersées.
Nous sommes rares à nous rappeler
Cette lointaine et glorieuse épopée
Lorsque l’âge et le temps nous auront emportés,
Qui restera-t-il pour vous la raconter?
CV
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