Longine commença par complimenter Erwin :
— Votre altération des flammes de la jeune femme est tombée à point nommé pour arrêter ce monstre.
— Oui, c’est heureux, répondit-il d’une voix basse. Ces gens sont morts, et vous avez été en grand danger. Comment en sommes-nous arrivé là ?
— Le hurl était une menace imprévisible, et bien trop rapide pour être anticipée. Il nous est tombé dessus, et nous pouvons nous féliciter de vous avoir eu à nos côtés.
— Justement. Quels dangers attendiez-vous pour nous engager ?
— Aucun en particulier, mercenaire. La route est risquée, ce sont les aléas du voyage.
— L’attaque du hurl n’était pas un hasard. Il était contrôlé à distance, mené par un mage. Ce type de sortilèges requiert une telle puissance qu’il n’est jamais utilisé à la légère.
Erwin tremblait légèrement. Pélane et Longine se regardèrent, leur visages restant sans expression. Argon les surveillait, oubliant ses douleurs. La moniale répondit doucement :
— Calmons-nous. Pour ce que nous en savons, les colons pouvaient être poursuivi par convoitise, pour la mine riche et encore inconnue vers laquelle ils allaient.
Etaile se retourna vers le groupe, avant de reporter son attention sur la plaine.
— Un mage du niveau nécessaire est déjà trop riche pour s’intéresser à ce gain. De plus, cette famille n’était pas capables de se battre. Quelques gens armés auraient suffit, après avoir attendu que nous nous séparions d’eux. Le hurl correspond à un gibier nettement plus capable de se défendre.
— N’avez-vous pas vous-même des ennemis qui vous suivent ?
Erwin regarda Argon puis secoua la tête.
— Non, aucun qui agisse ainsi, ou ait la puissance nécessaire pour le faire. Il était là pour vous, pour votre mission.
— Il suffit, vous avez été engagés. Nous n’en diront pas plus, coupa Longine
— Il en va de vos vies autant que des nôtres, si vous cachez une information.
Erwin montait la voix peu à peu. Erza restait assise, repliée sur elle-même, totalement indifférente au bruit qui enflait autour d’elle. Argon s’interposa de sa voix grave, les narines frémissantes.
— La mort est toujours malheureuse, mais les vivants doivent continuer le chemin. Nous avons été engagés pour mener l’expédition à bon port et nous honorerons cette parole. Si vous avez la moindre information, même sans grande importance, vous devez la partager. Maintenant, il nous faut reprendre des forces et partir au plus tôt demain. Nous avons un ennemi, nous serons encore plus vigilants et les proches contreforts du Pic empêcheront des animaux de cette taille de nous approcher. Reste une question à trancher : nous emmenons la petite.
Voyant que Longine s’apprêtait à répondre, Argon continua.
— Seule, elle ne survivra pas, surtout dans son état. Nous ne pouvons l’abandonner. Erwin est léger, et volera souvent en avant du convoi pour prévenir les dangers. Elle montera son cheval, ou avec moi. Mon destrier est le plus puissant.
Ils mangèrent en silence un peu de viande séchée, pour ne pas allumer un feu qui les aurait trahi. Erza mastiqua mécaniquement son morceau, sans un regard pour Erwin qui s’occupait d’elle. Longine et Pélane discutèrent à voix basse un moment, mais même Argon ne parvint pas à entendre leur conversation. Ils s’endormirent sous la garde attentive d’Etaile.
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