Tous les soirs, Eshe fut attachée dans la tente d’Ishaq, a cote d’une paillasse à l’autre extrémité de celle du marchand. Les premières nuits, la jeune fille été restée éveillée tout le temps, de peur que l’homme ne vienne s’approcher trop près d’elle. Mais le marchand d’esclave n’était apparemment pas ce genre de personne. Il s’était contenté de rester tranquillement sur sa couchette a lire ses papiers et dormir. Avec le temps, elle apprenait à le connaitre, petit à petit. La cheville d’Eshe était maintenant bien guérie mais elle ne retourna pas marcher avec les autres. Elle restait donc sur le chameau qu’on avait bien voulut lui laisser. Quelques jours en arrière, le désert avait laisser doucement la place à une terre aride et sèche, puis des arbres étaient apparus peu a peu, comme si la terre rendait enfin une touche de fraicheur et de vie, et puis après une rivière, si grande qu’on apercevait a peine l’autre bord. Eshe contemplait les eaux tourmentées, les reflets brillants qui jouaient avec les rayons du soleil lorsque soudain Ishaq s’approcha.
– Je vais tout de suite t’ôter l’envie de sauter dedans, lui dit-il, ces eaux sont infestées de crocodiles et autres animaux dangereux et les embarcations qui la traverse ne sont pas toutes remplies de gens respectables.
– Peut-être qu’ils le sont déjà plus que vous, siffla Eshe.
L’homme éclata de rire mais il prit rapidement un air sérieux.
– Pour ton information, la rivière Anilyr est la plus grande d’Heruben. Beaucoup de gens l’appellent aussi ‘’Al-taru’’ mais a mon avis ton regard n’est pas au bon endroit.
Et il pointa son doigt sur l’horizon, sur les rives d’Anilyr ou une vision des plus incroyable s’offrait aux yeux de la jeune fille.
– Je te présente Ahankh, déclara avec solennité Ishaq, la capitale d’Heruben et la demeure de notre vénéré Pharaon Onuris.
Eshe admira la cite et laissa son regard glisser sur la végétation et les bâtisse immenses. La grandeur des temples et des statues la surpris à un tel point qu’elle en perdit les mots. Comment les hommes pouvaient-ils construire de telles choses ? C’était si … imposant ! Cette ville aurait pu être sortie tout droit du ciel divin que cela ne l’aurait pas étonné. La pierre claire de la cite renvoyait les rayons du soleil et la ville semblait alors les éblouir. Ahankh. Cela ne la surpris pas que ce soit la capitale, grandiose citée millénaire et abritant le tout puissant Pharaon.
– Incroyable n’est-ce pas ? Lui dit le marchand d’esclave, la première fois que je l’ai vu j’ai bien cru que c’était les Dieux en personne qui l’avait construite.
– Comment peut-on construire de telles choses ? s’exclama Eshe encore en admiration.
– Avec de l’argent, murmura Ishaq, et des esclaves … beaucoup d’esclaves …

A l’approche de la ville, Eshe pu voir des dizaines de dizaines de caravanes transportant comme eux des esclaves, ou alors des tissus, de la nourriture, toute sorte de chose inimaginables. Il y avait tellement de gens ! Et à chaque fois, tout le monde se retournait pour la fixer sans réserve. Tant de regards, hostiles, envieux parfois voir même intéresser … Son souffle s’accéléra. Elle voulait partir loin d’ici. Tous ces regards la gênaient terriblement. Leur caravane traversa des rues immenses, passant devant des statues sublimes d’animaux, des étales de marchandises aux couleurs flamboyantes … tant de richesses ! Eshe en fut stupéfaite. Mais la vue d’un édifice incroyablement riche et immense laissa tout le reste de coter, leur valeur devenant fade devant tant de majesté.
– C’est le palais royale, lui confia Ishaq, ‘’Per-aa’’ la grande maison. La maison du Pharaon.
La jeune fille ne put quitter l’édifice jusqu’au moment ou les maison le cachèrent, masquant la beauté de monument qui surplombait toute la ville.
– Ou allons-nous ? demanda Eshe en voyant passer de riches personne suivies par d’autres gens et des hommes et des femmes enchainés.
– Nous allons au marché des esclaves, annonça Ishaq d’un ton grave.
Le marché des esclaves … un chuchotement retentit dans l’esprit de la jeune fille. Un avertissement. Elle savait bien que depuis le début cet endroit était leur destination mais maintenant qu’elle se voyait face au problème, une peur sans nom jaillit en elle. Elle ne voulait pas y aller … elle ne pouvait pas. Les murs aux portes en bois et aux tissus les protégeant du soleil firent place à une immense cours, un trou aux larges gradins en demi-cercle ou des centaines de personnes étaient assises. Tout au fond, des esclaves étaient présentés un a un sur des estrades en pierre ou leurs maitres les présentaient. Les cris des acheteurs fusaient dans l’espace de ce marché incroyable de par sa grandeur et sa structure. Ishaq les emmena en contournant les gradins et en descendant vers les estrades. La jeune fille ne l’avait pas tout de suite vu mais il y avait un espace aménager pour les caravanes derrière le marché. C’est la qu’ils s’installèrent le temps de la vente.
– Viens, lui ordonna le marchand d’esclave en la faisant descendre de force du chameau sur lequel elle était assise, nous allons te préparer.
– Me préparer pour quoi ? demanda-t-elle en se crispant.
– Te préparer pour te vendre.

82