Après avoir présenté leurs condoléances à Ganatéon, les fidèles partirent et la pièce se vida. Seul un homme resta là. Il vit Exéus et lui fit signe de le suivre. Exéus le suivit intrigué et une fois qu’ils furent suffisamment à l’abri des regards, l’homme ouvrit une petite mallette de cuir et en sortit une lettre qu’il tendit Exéus puis il dit:
– Je suis Crissus, je suis là pour te léguer ce que ton grand-père a laissé pour toi avant de mourir. Il y a d’abord cette lettre que je t’invite à lire.
Exéus la prit l’ouvrit.

Cher Exéus

J’écris cette lettre dans le but de t’apprendre la vérité sur la fameuse guerre de 1439. Lors de la bataille contre les Mandores, il y avait une femme de race humaine qui était avec eux. Lorsque je voulus la tuer, elle m’apprit qu’elle attendait un enfant et elle me supplia de l’épargner car il était innocent et qu’il ne méritait pas d’être tué. J’eus pitié d’elle, après tout c’était une humaine et je la laissais partir loin de notre royaume. Ce qu’elle fut. Plusieurs mois plus tard, j’appris que cette même femme venait de décéder. Je crus donc, par conséquent, que son enfant aussi avait succombé. Mais un jour, un voyageur revint des montagnes maudites de l’autre côté du continent et me rapporta qu’un Mandore y avait été aperçu. Je fis donc le rapprochement entre l’enfant et le Mandore en question. Je compris alors, que si un jour il venait à se rebeller pour venger son père, je serai le premier touché. Mais avec le temps, cette histoire s’était répandu. On fit en sorte alors qu’elle ne devint seulement qu’une légende pour enfants. Mais prend garde, c’est une réalité. Si tu lis cette lettre, c’est que je ne suis plus de ce monde et que la révolte est déjà en route. L’heure est venue de combattre où de fuir à jamais. Je te lègue donc une carte du monde qui te permettra de te repérer dans cette vaste planète qu’est Cryon. Tu trouveras aussi un médaillon qui te servira grandement. Je te lègue enfin mon glaive qui a jadis vaincu la plupart des Mandores. En espérant que cela te sera utile.

PS: Ne parle de cette histoire à personne. Les gens te prendraient pour un fou et te tueraient, personne ne veut entendre de tels malheurs. N’emmène que quelques personnes que tu considères digne de confiance. Vas voir aussi Eldor, mon frère, il est au courant de tout et il t’aidera grandement.

Bonne chance mon petit fils, digne héritier du trône.

Exéus ne croyait pas ce qu’il venait de lire. Alors, Agron avait raison, un survivant du peuple Mandore existait en ce moment même et c’était lui qui avait probablement assassiné son cher grand père. Crissus sortit d’un grand sac le glaive de son grand père. Sur la lame, il y avait un symbole assez mystérieux et une inscription qui retint toute son attention  « Courage et audace voilà ce qu’est la victoire ». Ce symbole représentait le signe de l’infini avec une lame qui le transperçait. Il prit l’épée, l’observa un long moment puis la posa près de lui. Il sortit par la suite, le fameux médaillon. C’était une petite boule de verre en Crystal. Une petite chaine en or la maintenait. Il enfila le talisman autour de son cou et remarqua sa couleur blanche étincelante. Crissus sortit enfin de son sac la fameuse carte du monde de Cryon et la tendit à Exéus. En la regardant, il vit la vaste étendue du monde. Sur la papier s’étalait les deux uniques continents. Sur le continent de droite se trouvaient les six grands royaumes: RealSand, Menosque, Tevargues, Emon, Rocheuvreux et Traux.
Longeant RealSand, se trouvaient les portes de la paix. Juste à côté, la BloodSea, une mer remplie du sang des ennemis vaincus, séparait le continent de droite du continent de gauche. Elle était très vaste et mortelle car à l’intérieur vivaient les Dragandres, des monstres marins vivants dans les profondeurs. Ils possédaient des tentacules spectaculaires et avaient une tête de dragon. Leur férocité était telle que seuls les Mandores avaient osé les affronter lors de la guerre. Ces titans créaient des tornades si puissantes que de nombreux navires avaient été engloutis. Sur le continent de gauche se trouvait le mal incarné, les montagnes maudites notamment, connues pour abriter toutes sortes de créatures maléfiques autrefois alliées avec les Mandores. Aujourd’hui, selon la légende, c’était dans ces même montagnes que se cacherait le fameux survivant. Au sud des ces dernières, il y avait les plaines de Nashquall, où le premier des Mandores avait vu le jour. Ce continent ressemblait à un purgatoire, même les dieux disait-on ne s’y aventuraient pas. Les portes de l’enfer interdisaient l’entrée à tout individus indésirables avec les Throllomes comme garants. Ces géants dotés d’intelligence étaient des bêtes extrêmement menaçantes. Cette partie du monde était quasiment inaccessible de par sa dangerosité.
Après avoir bien étudier la carte, Exéus se leva et remercia Crissus pour sa venue. Désormais, il savait ce qu’il devait faire. Venger son grand père et aller à la recherche du Mandore survivant. Avant toute chose, cependant, il devait en parler à Varro. Exéus en était sûr, Varro était quelqu’un de confiance. Il se rendit de ce pas chez lui pour lui. Sur le chemin, il croisa Eldor et trouva que le hasard faisait bien les choses. Son grand-oncle avait l’air très fatigué et semblait avoir pris dix ans d’âge. Il était de taille relativement petite, chauve avec un bouc entièrement blanc. Il avait les mêmes yeux que son frère et portait constamment une tunique noire avec de grandes poches dans lesquelles il y glissait son grimoire. A la différence d’Augurre 2, qui avait hérité du don de la guerre lui venant de son père, il avait hérité de sa mère, la faculté à manier les sciences occultes. Exéus s’avança vers son grand-oncle.
– Bonjour Eldor, pourrais-je te parler un instant?
– Bien-sûr mon garçon! Que désire-tu de moi?
– Et bien c’est à propos de la lettre de mon gr… mais il fut coupé par la main d’Eldor qui l’empêcha de prononcer un seul mot. Apparemment Eldor ne voulait pas parler de ça à l’extérieur. Il conduisit donc Exéus chez lui en toute discrétion. Ils prirent des chemins tortueux et étroits afin de ne pas être suivis. Exéus en chemin découvrit des endroits qu’il n’avait jamais vu auparavant. Plusieurs minutes plus tard ils se trouvèrent devant une petite bicoque en pierre, cachée par les buissons. Eldor ouvrit la porte et fit entrer Exéus. Dans la maison il y avait une grande table en pierre avec une montagne absolument impressionnante de livre tous plus gros les uns que les autres. De l’autre côté, une autre table en bois avec cette fois, des entonnoirs, des fioles, des liquides de toutes couleurs, dispersés un peu partout. A sa grande surprise, il ne vit aucun lit. A peine la porte fermée, Eldor se mit à crier si fort qu’Exéus sursauta.
– Mais enfin, es-tu fou de parler de ça dehors! Les gens ne doivent pas être au courant de cette lettre ni de ce qu’elle contient.
– Oui je suis désolé je ne voulais pas parler aussi fort. Ecoutes, mon grand-père m’a écrit que tu pouvais m’aidez dans la mission qu’il m’a confiée. Est-ce vrai ?
– Et comment que je vais t’aider! Ton grand père et moi étions très proches. Depuis presque 60 ans nous sommes restés les êtres les plus sages de cette cité. Sa mort m’a énormément peiné, nous avions pour projet de trouver et d’anéantir ensemble le Mandore survivant mais sa mort en a décidé autrement.
– Oui je suis entièrement d’accord avec toi, mais comment pourras-tu m’aider ?
– Je viendrai avec toi lors de ton périple. Je te serai d’une grande utilité. Mes pouvoirs m’accordent bien des avantages dont tu pourrais tirer profit. D’ailleurs, y a t-il d’autres personnes qui t’accompagnent?
– Je pensais à Varro, c’est mon seul ami et il est loyal. Si jamais il accepte bien sûr. S’il ne souhaite pas venir, alors je me débrouillerai tout seul.
– Depuis combien de temps connais-tu ce dénommé Varro ?
– Seulement quelques jours mais jamais je n’ai jamais eu aussi confiance en quelqu’un depuis longtemps.
– Si tu trouves qu’il est digne pour cette mission alors qu’il en soit ainsi.
– Quand partirons-nous ?
– Oh pas tout de suite! Il faut d’abord réfléchir à ce que nous allons faire. Nous devrons mettre un plan et trouver un autre voyageur qui se joindra à nous.
– A qui penses-tu?
– Je pense à une femme. Nous en aurons besoin. Peut-être Dana, ma fille.
– Es-tu sûr qu’elle est faite pour ça ? Cette mission n’a pas l’air des plus simples.
– Elle est prête pour ce genre de chose, je peux te l’assurer. Demain, je lui dirai de venir, amène aussi Vano où Valo.
– Varro rectifia Exéus.
– Oui c’est ça amène le aussi. S’il est de la partie alors retrouve moi, demain, à l’auberge du corbeau à minuit tapante.
– C’est d’accord répondit Exéus.
Exéus reprit le chemin pour se rendre à la maison de Varro et lui parler du projet. Arrivé devant la petite chaumière aux traits si accueillant il frappa à la porte.
– Bonjours Exéus dit Line, tu cherches Varro ?
– Oui s’il vous plait.
– Je vais le chercher, ne bouge pas.
Quelques instants plus tard, Varro apparut.
– Ca va Exéus?
– Plus ou moins, je pourrais te parler une seconde s’il te plait ?
– Oui bien-sûr, allons dans le jardin.
Dès qu’ils furent à l’abri des regards il commença son récit.
– Quoi! Un survivant! s’exclama Varro, ce n’est pas possible ce ne sont que des légendes!
– Tu ne me crois pas? Alors qui a tué mon grand père d’après toi? Tout le monde l’aimait, il n’y a pas d’autres hypothèses. Regarde la lettre qu’il m’a léguée et juge par toi même.
Exéus la lui tendit et il la lut aussitôt. Après un moment, il releva la tête, il était complètement défait.
– Alors c’est vrai ! Un d’eux a survécu. Il faut absolument que je le dise à mon frère.
– NON! Tu n’as pas lu. Il ne faut pas en parler. A personne. Tu as compris?
– Ah oui désolé. Mais c’est quand même incroyable.
– Ca l’est. Es-tu d’accord alors pour m’accompagner?
– Je ne sais pas comment mes parents vont réagir quand je … Ah oui c’est vrai, à personne.
– Eldor nous donne rendez-vous demain à minuit précise devant l’auberge du corbeau. Il sera accompagnée de sa fille qui viendra peut-être avec nous.
– Une fille!! dit-il estomaqué comme s’il trouvait cela inconcevable.
– Cela te gène tant que ça ?
– Non c’est juste que… mais il ne termina pas sa phrase.
– Alors à demain.
Exéus ne savait pas vraiment si son ami Varro viendrait, il n’avait pas l’air des plus enthousiastes. Peu importe se dit-il, il devait venger son grand père et vaincre le dernier Mandores.
Cette nuit, il ne put trouver le sommeil. L’idée de devoir quitter Humanum le dérangeait fortement. Peut-être qu’en revenant il serait accueilli comme un héros ? Ou peut-être ne reviendrait-il jamais à Pacem et que sa famille l’oublierai au fil du temps ? Son esprit était en ébullition. Plus le départ approchait, plus la pression montait. Ce ne fut que très tard qu’il trouva le sommeil. En se réveillant, il ne pensait qu’au rendez vous qui l’attendait prochainement. Il était tellement préoccupé qu’il en oublia même son entrainement ce qui éveilla les soupçons de son père.
– Tu ne vas à ton entrainement fils?
– Ah oui ! Tu as raison il faut que je me dépêche, je vais être en retard.
– Attends une seconde Exéus. Que se passe t-il en ce moment? Tu as l’air préoccupé, il ne se passe rien avec ton ami Varro j’espère ?
– Non ! Absolument rien, je pensais seulement à la mort de grand père mentit à moitié Exéus.
– Oui, moi aussi ça occupe mes pensées, mais tu ne dois pas te laisser abattre. Nous trouverons le coupable et je le tuerai moi même. Sa fin est beaucoup plus proche que tu ne le penses. Crois moi.
– Oui père je vous crois.

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