Bon bé, voilà… je ne ferais pas mieux, j’étais designer wannabe moi, j’ai fini ingénieur solaire pour raison de survie, j’ai été beaucoup de chose dans ma vie, mais pas maçon… ça se voyait. Remarque, j’aurai eu tort de me plaindre le machin tenait à peu près debout, y’avait plus de trou, j’ai appris à faire le ciment (c’était marqué sur le paquet… c’est comme ça que les gens faisait avant internet?) et j’ai trouvé du matériel pas très loin. J’ai branché l’électricité et lors d’un de mes job en Afrique j’ai appris les joies de la plomberie… ou tout du moins un rudiment, j’avais donc l’électricité et l’eau courante… à part une gente demoiselle avec un faible pour les provençaux émaciés et mal rasés que demander de plus? Et cerise sur le gâteau, je me suis même fendu d’une cuisine fermée, ça sentait la mort là-bas dedans, mais c’était mon premier steak grillé en 10 ans, je l’avais cramé rien que pour le plaisir de bouffer quelque chose de trop cuit pour changer…
Mieux encore, en cherchant les matériaux pour retaper la baraque je suis tombé sur un de ces systèmes “realfeel” un sextoy qui me faisait ressentir ce que les acteurs se faisaient l’écran… j’ai bien fait gaffe d’éliminer tous les trucs à peu près sado maso… ça a été un peu surprenant au début quand même… et bon… à défaut de tendresse, de complicité… bref d’une vraie relation constructive, j’avais le reste.
Bizarre, j’ai passé ma vie sur les routes, obsédé par l’idée de voyager et voilà que je me retrouvais trop heureux de m’arrêter… enfin pour le moment. Il me venait à l’esprit que peut être m’avait-il échappé qu’il n’y avait aucun intérêt à voyager s’il n’y avait nulle part où rentrer… ou quelqu’un pour partager… Ou peut-être me préparais je déjà à y rester, comme l’éléphant qui d’après la légende se dirige vers un endroit qu’il n’a jamais vu pour mourir. Tout changement n’était-il pas en lui-même une petite mort? Pas que ça me faisait peur, je savais que c’était inéluctable, mais pour le moment j’étais franchement content de vivre… ça ne m’était plus arrivé depuis que j’avais quitté l’Angola… et encore de l’Afrique ou de l’Asie je devais toujours faire avec les autres et leur règles ridicules, là il n’y avait que moi pour décider de ce que je voulais faire, quand et comment. Ca ne faisait peur qu’au début, j’ai très vite apprécié.
Je suis très vite partie aussi, quelques mois tout au plus, le voyage on l’a dans le sang je suppose, et puis y peut faire froid dans le coin l’hiver. Bon y’avait aussi le problème des pièces de rechanges à trouver, j’ai vite pris les chinois en grippe… C’est sympa de pas payer cher quand il y a approvisionnement, mais quand tu dois dépendre d’une pièce qui a une durée de vie de trois mois, de suite ça enlève pas mal de charme.
Enfin je revenais de la péninsule ibérique donc (ouai, j’ai vu presque tous les continents mais je n’étais jamais allé au Portugal) avec mon butin habituel quand j’entendis quelque chose… genre une gosse hurler. Je m’approchais cautieusement, ça n’aurait pas été la première fois qu’une communauté en vienne à tendre un piège pour attirer d’éventuel repas pour leur rites cannibales, je ne sais pas où on va chercher tout ça. Quelque part appeler l’être humain civilisé ou intelligent m’a toujours fait beaucoup rire, un peu moins après la cata, un des rare cas où j’ai eu horreur d’avoir raison…
Il y avait effectivement une gosse mais ce n’était pas elle qui criait… même en regardant sa mère se faire arracher la colonne vertébrale par une espèce de géant en métal sortis d’un film de Tim Burton affublé d’une tête putréfiée, la gosse ne disait pas un mot, les yeux fermés, avec sa poupée pour seule protection.
Un de mes plus gros problèmes avant la cata était quelque chose que les psys appelaient le complexe du super héro… en gros je me sens responsable de toutes personnes plus ou moins en danger… de la vieille dame qui traverse la rue, à la prostitué à la merci de son pimp, il fallait absolument que je m’en mêle. Ça m’a plus souvent joué des tours qu’autre chose, mais la douleur psychologique est si intense qu’elle en devient physique. Ces 10 dernières années le problème ne s’est pas trop posé vu que je n’ai pas rencontré grand monde, mais là j’ai fait la dernière chose à faire… sans me poser de question, j’ai sortis mon fusil à pompe (putaing les munitions…. dans les jeux vidéos il y en a tous les 10 mètres, là en 10 ans j’ai dû en trouver moins d’une poignée) et j’ai foncé dans le tas. L’un des machins était en train de mettre la tête de la mère de la gosse dans une sorte de compartiment près de son dos, je m’approchais du deuxième pour décocher une salve… dans les films on voit le héro tirer avec le fusil à bout de bras… genre y’a pas de recule, la première fois que j’ai tiré avec le machin, j’ai cru que je m’étais pété tous les os entre le poignet et l’épaule. Maintenant je sais, calé sur l’épaule, bien tenu à deux mains. Bon on reste marseillais, je suis sortis de derrière une bute, atterrit juste entre la gamine et le zombie dans un superbe crissement de pneu, pour tirer en plein… dans la direction générale de la tête… j’y aurai bien dis que je faisais de la Savate mais avec des griffes comme les siennes j’imagine que ça allait pas trop l’impressionner au bidule. Déjà que le fusil à pompe l’a fait à peine reculer… enfin suffisamment pour que je prenne la gosse sur la selle et je traçais comme si… ben comme si j’avais deux zombies à moitié mécanique arracheurs de colonne vertébrale aux fesses.
Normalement ma bécane solaire pouvait atteindre les 80 Km/h, a deux on y arriverait pas, ajoutez à ça que j’ai clocké mes poursuivants à 68 et vous aurez une bonne idée de la course poursuite à travers les forêts du Languedoc.
Dans les films, les héros ont systématiquement le plein d’essence… ben j’avais dû me planter de film en fait, ça devait faire 45 minutes que je traçais avec les deux teigneux en remorque, et l’indicateur de batterie m’indiquait que je ne ferai pas ma loi très longtemps. Un moteur à explosion c’est cool dans l’esprit, ouai ça pollue et tout et tout mais tu fais la même vitesse jusqu’à ce que tu n’aies plus de jus, là on se contente de ralentir jusqu’à ce qu’on n’avance plus du tout. Et à chaque fois que je ralentissais, y’a Roger et Nestor qui se rapprochaient. La gosse était devant, je l’avais mise comme j’ai pu, elle avait une superbe vue sur nos poursuivants, elle avait toujours pas prononcé un mot, je savais qu’elle est encore vivante à son battement de cœur, elle devait être en état de choc. Mais je commençais à m’inquiéter, y z’en voulaient les deux derrières et je ne pouvais pas tirer avec le fusil à pompe en arrière à la terminator, je nous enverrai tous les deux contre un arbre…. remarque c’était peut-être ça l’idée. Il avait plu la veille, le sol était encore humide, je me dirigeais vers une voie rocailleuse menant sur une sorte de falaise, et là j’ai réagis comme un idiot, j’ai freiné comme un dingue en couchant la moto, la tenant d’une main et la gosse de l’autre. Les deux crétins ont tracé leur route devant moi, encore par terre, je tirais deux salves une pour chaque, le choc était loin d’être suffisamment pour les tuer, mais emportés par leur élans, les salves étaient juste suffisante pour les faire passer par-dessus bord, en hurlant à la mort parce que je venais de me ruiner la jambe, pour faire bonne mesure. Je me relevais à peine que je les attendais déjà remonter… je ne sais pas de qui j’avais insulté la mère, mais ça devait être un pote à dieu…
Coup de bol, la bécane acceptait de repartir, j’avais une longueur d’avance mais le moteur fatiguait méchamment. Je n’étais pas trop loin, d’un truc qui a du ressembler à une ville, normalement je l’aurais évité, tout comme j’évitais les routes, les zombies semblant tout particulièrement apprécier ce genre de bled. Là la batterie décida de rendre son dernier souffle, heureusement (c’était peut-être pas la mère à dieu que j’avais insulté, ou un pote ou… bon vous avez compris) on était proche d’une bouche d’égout, bien sûr qu’elle a voulu s’ouvrir toute seule… en fait c’était le fusil à pompe qui avait dû lui demander, j’aurai pu être plus poli mais les deux autres nous avaient déjà presque rattrapé. Le temps d’arrimer la gosse et on dévalait l’échelle jusqu’au sol. Et la franchement on tombait dans le plus honteux des héritages de l’homme… son odeur… punaise même après 10 ans qu’est que ça pouvait schlinguer les égouts. On n’a pas trop eu le temps d’y penser en fait, je me suis aperçu que les zombies avaient une tête rétractable quand elle s’est révélé être trop courte pour faire tout le chemin jusqu’en bas… a à peu près 3 cm de mon crane, pas faute d’essayer de sa part mais c’était trop court… je n’allais pas m’en plaindre. On a continué le périple et on s’est planqués a la sortie d’un tuyau de raccord.
Le truc avec les zombies est qu’ils ont de la suite dans les idées, tant qu’ils savaient qu’on était là ils resteraient, ils n’avaient visiblement pas besoin de bouffer, ni de pointer pour le boulot, je hais les boss laxistes presqu’autant que les contrôleurs qualité chinois… Donc on était bien planqué à coté de notre tuyau, j’avais bien vu la grille au-dessus de nous, mais eux aussi, la rue était trop épaisse pour même eux passer au travers, mais ils pouvaient passer la tête… Dans une base militaire j’étais tombé sur une couverture antiradar, ou un truc du genre, j’avais eu juste le temps de nous recouvrir que le machin criblait la pièce. J’avais déjà vu que l’un d’eux m’avait poursuivis alors que sa tête n’avait plus d’yeux, je m’étais dit alors qu’ils devaient utiliser un autre moyen pour nous percevoir, genre radar ou un truc du genre, ça ne me semblait pas plus idiot qu’autre chose… et en fait ça marchait… tant que personne ne faisait de son.
J’espérai juste que la gosse resterait en état de choc jusqu’au bout, ça serait con d’éternuer juste maintenant (encore heureux on était en hiver… j’ai le rhume des foins). Un autre son venant du tuyau juste derrière nous me rassurait sur la capacité des zombies à nous poursuivre dans les égouts… les fils de chien avaient autant de cervelle qu’un ministre de la culture français mais quand ils te voulaient ils te poursuivaient pire que le fisc. Encore heureux le tuyau était trop petit pour le laisser passer et on était juste en dehors du champ visuel de la tête et toujours anti radar (faudrait un jour que je me renseigne pour savoir comment ça marche ce truc, j’avais l’impression d’être Frodo et Sam au Mordor sous leur cape elfique… ou harry potter pour les plus jeunes). Ça allait pour le moment, mais nous on avait besoin de manger et d’autres trucs encore plus contraignants. J’avais trouvé une bombe de peinture dans un coin, normalement je ne m’en serai pas occupé mais je voulais repeindre un peu les murs, façon graphiti… Ces trucs-là sont censés avoir du gaz à l’intérieur… après donc une manipulation que je tairais… pas trop envie que les petits malins fassent ça chez eux (une fois j’ai essayé un truc de Mc Guyver… les voisins ne m’ont plus jamais dit bonjour, ni les pompiers… les flics par contre…), enfin pour faire une histoire longue courte, j’ai créé une petite fusée que je balançais à travers la pièce pour aller faire un gros boucan dans la pièce à côté.
Les deux décidaient unilatéralement de me lâcher la grappe avec toute ma gratitude et mes souhaits de mort violente et particulièrement douloureuse avec de préférence une chanson de Mireille Mathieu (mettez là le pire groupe/Chanteur/se qui vous ayez en tête, chacun son fantasme) en guise de Soundtrack. Et il me semblait donc grand temps de faire connaissance avec mon bout de demoiselle.
– Heu… bonjour…?
– Was?
– Ah…
Bien sûr, je parlais presque 8 langues mais pas l’Allemand… si j’avais un jour eu le doute que le seul rôle des demoiselles sur terre était de me pourrir la vie, il venait de me passer… Non je ne suis pas sexiste, mais comment expliquez-vous que quand on a besoin y’a jamais dégun mais quand elles peuvent vous refourguer un problème elles vous poursuivent jusqu’au prochain putaing de continent, elles vous aiment toujours pour toujours tant qu’elles ont en tête qu’on leur donnera l’anneau unique, mais au moindre pépin qui pourrait remettre ça en question pfft…. mieux qu’Houdini, la plus parfaite des imitations de courant d’air. En résumé, quelle autre explication y aurait-il au fait que l’on ne puisse vivre ni avec elles ni sans elles… mais je digresse. Je me retrouvais donc l’heureux gagnant du concours “sauver une gosse Allemande” avec en bonus son adoption immédiate, sans avoir eu la moindre idée que j’y participais, ni ce que je pourrais en faire… je veux dire franchement… y’a jamais dégun qui m’avait expliqué comment ça marchait une gosse, y’avait plus Internet et j’ai eu beau chercher sur le paquet, y’avait pas le mode d’emplois non plus… j’imaginais aussi que demander directement l’avis de la première intéressée ne serait pas de la plus grande aide sur le sujet….

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