Je vois. Cette fois ci, je vois. Je vois les contours de ce qui semble être une pièce, blanche, flou, éthérique. Et je le vois, lui, Andar, qui me regarde, avec un regard bienveillant :
«  Tu arrive enfin à voir, bientôt tu saura te déplacer, mais chaque chose en son temps, même si tu n’en a pas beaucoup.
– Je vois, mais je ne comprend toujours pas, dis-je calmement.
– Tu n’a pas encore besoin de comprendre, ça ferrai trop pour une seule fois », me répondit-il tout aussi calmement.

* * *

Je me réveille doucement, plongé dans un profond bien être, ce rêve là n’a pas été aussi déroutant que les autres. Je suis encore dans cette chambre d’hôpital, mais cette fois ci quelque chose a changé. Il n’y a presque plus d’appareils médicaux ! Ça voudrais dire que je guéris !
Alors que je faisais cette observation, la gentille infirmière entra dans la chambre, elle était heureuse de me voir réveillé et me demanda d’un ton enjoué :

«  Prêt pour une petite balade ?
– Euh… vous êtes sûre ? Je veux dire… je ne me sens pas vraiment de…
– Allons ! Ce n’est pas en restant couché que tu guériras ! Le traitement a fait effet, m’informa-t-elle, tu devrais bientôt être en pleine forme ! »

Et c’est sur ces mots qu’elle m’aida à me lever. Une fois sur pieds, je repris conscience de mon corps, j’en éprouvais un bonheur fou. Il devait sans doutes transparaître sur mon visage, car l’infirmière sourit en me disant que c’était normal et qu’il était indispensable de reprendre l’activité physique après une longue convalescence. Sur quoi elle me pressa de m’habiller plus vite.
Elle m’avait donné une combinaison blanche traversée par une bande bleue, mais je n’eus pas le temps de la détailler plus qu’elle me rappela de ne pas me perdre dans mes pensées.
Je sortais de la chambre en la suivant puis traversais quelques couloirs assez clairs et propres. Tout était si moderne autour de moi… je me demandais dans quel monde je m’étais réveillé, je ne me souvenais de rien avant mon premier réveil, seulement que le visage d’Andar m’était familier.
Nous arrivâmes dans un petite pièce qui devait faire office de salle de repos ou de détente, plusieurs fauteuils blancs étaient disposé contre les murs et une machine à café trônait sur une petite table dans un coin. Mais ce qui retenait mon attention, c’était la baie vitrée qui prenait tout un côté de la pièce. Non, la baie vitrée était normale, c’était la vue qu’elle offrait qui était incroyable.
« Mais… c’est…
– L’espace, en effet, tu est à bord du Last Rise.
– Last Rise ?
– Oui, ce vaisseau est ce que l’humanité a pu construire de plus sophistiqué et avancé tant au niveau technologique qu’humain. Chaque personne est spécialiste dans ça matière, tout le monde est là pour la même chose.
– Quelle chose ?
– La survie de l’humanité.
– Pardon ? Je… je ne vous suis pas.
– C’est long à expliquer, assieds toi » fit-elle en joignant le geste à la parole.

« C’était il y a cinquante ans, un vaisseau d’exploration en mission pour Oméga 12 a découvert les vestiges d’une civilisation sur une planète dévastée. Le vaisseau c’est posé et a commencé les recherches de survivants avant de repartir pour rapporter ce qu’ils avaient trouvé. Mais alors qu’ils allaient quitter l’orbite de la planète, d’autres vaisseaux ont surgi de nul part et les ont attaqué. Ils ont eu le temps de lancer un signal de détresse longue portée avant d’être détruit. Peu après, nos colonies les plus éloignées nous ont fait rapport de disparitions de patrouilles et de vaisseaux de commerces. Quelques temps plus tard, alors que les politiques commençaient à s’agiter sur ces disparitions, Terra 15, une planète minière, s’est fait attaquée. Les défenses en place n’ont rien pu faire et la planète fut détruite. Depuis, nos forces s’opposent à ces vaisseaux, mais ils étaient beaucoup trop en avance sur nous, nous perdions batailles sur batailles. Les scientifiques pressaient les militaires de faire des prisonniers, de capturer des vaisseaux, que nous puissions les étudier, mais ils avaient une telle avance que les scientifiques ne savaient que faire face à ces vaisseaux. Un projet fut monté pour assurer la survie de l’espèce humaine, tout ce que les chercheurs ont pu trouver et exploiter de nos ennemis fut utilisé dans la construction de ce vaisseau, les dernières technologies et prototypes furent implémenté durant cinq ans. Mais c’est alors que survint une nouvelle flotte. Nous dûmes précipiter le départ du vaisseau, laissant la Terre derrière nous. »

Cela faisait beaucoup à avaler d’un coup. J’étais dans un vaisseau spatial, le dernier qu’on pu faire les humains avant de partir de la Terre. Qu’est-ce que j’avais à voir avec tout ça ? Je ne me souviens pas d’être spécialiste en quelque chose, je ne me souviens même pas quel métier j’avais ou quelles études je faisais.

« Mais… où est-ce qu’on va ? Demandais-je après quelques instants.
Dans un endroit que les astronomes ont appelé la Terre Promise, me dit-elle en regardant les étoiles.
Et qu’est-ce que c’est ?
Une galaxie qui semblait la plus prometteuse en terme de chance de trouver une planète vivable.
Mais, vous avez parlé de colonies, pourquoi ne pas allez s’y réfugier ?
Parce qu’elle sont toutes connues de notre ennemi, nous avions cinquante colonies avant la guerre, toutes dans la Voie Lactée, nous n’en avons plus que quinze aux derniers rapports. Et l’essentiel des flottes chargées de les défendre nous accompagne pour nous permettre d’arriver en vie, il ne reste plus qu’a espérer trouver un point d’arrivée. »

Je ressentais une lourde lassitude s’abattre sur moi. Ainsi je me réveillais non pas dans un hôpital normal, sur Terre, mais dans le dernier espoir de l’humanité, et sans même savoir qui j’étais. Mais, j’y pense, elle ne m’a pas parlé de moi !

«  Mais, et moi dans tout…
Assez de questions pour aujourd’hui ! Me coupa-t-elle. Tu es déjà resté debout plus longtemps que raisonnable. Viens, regagnions ta cabine. »

J’acquiesçais docilement, prenant conscience à l’instant des douleurs que m’avait occasionné la mise en mouvement de mon corps après ma convalescence. Nous retraversâmes les même couloirs en sens inverse, entrions dans la zone médicale et atteignions enfin ma chambre.

« L’amiral voudra te voir demain, il aura sans doutes quelque chose d’important à te dire, mais ne t’en fais pas. »

Je m’endormais donc en me demandant ce que pourrait bien vouloir me dire l’amiral. J’espère qu’il m’aidera à savoir comment je suis arrivé ici et qu’est-ce-que je devrais faire une fois rétabli.

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