La foret était calme en cette matinee printanière, et les oiseaux chantaient joyeusement au-dessus des arbres verdoyants tandis que les rayons du soleil levant transperçaient le feuillage des chênes. Arianne, les yeux verts fixer sur ces branches ne vit pas Edwin se réveiller a ses cotes.
– Bien dormi ? demanda le jeune homme.
– Mieux que d’habitude.
La main du garçon traça un cercle autour de son nombril, laissant sur son sillage des frissons exquis qui firent remonter une chaleur le long du corps de la jeune fille.
– Tu dois rentrer quand ?
– Tu connais mes parents, soupira-t-elle, je pourrais partir toute une année qu’il ne verraient pas la difference !
-Moi si !
Elle se redressa et s’assit a califourchon sur Edwin qui posa ses mains sur ses hanches.
-Ne me tente pas ! voulut la prévenir le jeune homme.
Mais elle ne l’écouta pas et déposa sur ses lèvres un léger baiser.
– D’accord, dit-elle.
Mais quand elle se leva, il l’attrapa par le poignet et la plaqua sur le dos dans l’herbe tandis qu’avec sa bouche il parsemait son visage de baiser. Ses mains descendirent le long de ses cuisses, pressant sa peau brulante. Arianne gémit de plaisir lorsqu’elle le sentit entrer en elle pour la seconde fois aujourd’hui.
– Je t’aime, chuchota-t-elle, a son oreille tandis que leur corps fusionnaient en ne formant qu’un.
-Et moi plus encore …

Les deux amoureux revinrent au village quelques heures plus tard. Ils avaient louper une bonne partie du travail car a la campagne, les taches débutaient très tot le matin. Au loin, on pouvait apercevoir l’immense chateau blanc, aux murailles épaisses et aux tours imprenables. Le chateau royale, ou le roi Morgrit vivait en compagnie de son fils, le prince héritier Solis. Arianne se souvenait très bien du jour ou la reine était morte quelques années plus tot. Tout le royaume avait été en deuil et le noir avait habiller leurs soirees dix jours durant.
– Tu aimerais vivre la-bas ? lui demanda Edwin.
– Je ne sais pas, murmura la jeune fille, ce doit être ennuyeux de rester enfermer tous les jours entre quatre murs de pierre …
– Oui, approuva le jeune homme, mais avec des centaines de pieces d’or le séjour devient tout de suite plus agréable. Promis, un jour, on ira tous les deux la-bas !
Apres cette discussion, les deux adolescents repartirent au travail. La journée passa, identiques a toutes les autres. Le soir, Arianne rentra chez elle. La maison était calme, aucun bruit ne venant perturber le silence qui y régnait. Son père devait sans doute être dans l’une des nombreuses maisons de plaisir de la grande ville, en train de baiser l’une des nombreuses putains dans une rue ou dans une chambre (l’un ou l’autre avait peu d’importance). Quant a sa mere, elle devait se trouver dans la taverne  »La brebis boiteuse » ou elle aimait se bourrer la gueule jusqu’a n’en plus pouvoir. Si elle y était, elle finirait sans aucun doute dans la couchette d’un autre. Arianne ferma donc la porte et monta dans la petite piece qui lui servait de chambre a l’étage, sous le toit. Quand elle y fut, elle entreprit de changer de tenue, enlevant sa robe de travail pour sa chemise de nuit. Un sifflement venu de la porte la fit sursauter. La, adosser au mur, un homme la regardait. Il était gros comme un porc, laid comme un crapaud avec sa lèvre inférieur épaisse et charnue ou coulait la salive, son menton ou pointait une barbe de trois jours mal rasée et pour unique vêtement son pantalon crasseux.
– He ben, he ben, siffla l’homme d’une voix pâteuse, c’te dirais d’partager ma couchette la petiote ?
Une bouteille pendait misérablement a sa main.
– Qu’est-ce que vous faites la ? s’indigna Arianne en recouvrant sa nudité du mieux qu’elle pu.
L’homme la regarda avidement, une lueur malsaine brillant dans ses prunelles.
– c’ta mere, dit-il en se pourléchant les lèvres de sa grosse langue rosâtre, elle dort dans l’couchette …
C’était donc l’homme qui avait fini chez sa mere et non l’inverse. La jeune fille sentit un frisson de peur la secouer en voyant l’expression d’envie chez l’homme. Lorsqu’elle baissa les yeux, elle remarqua la bosse sous le pantalon si particulière aux hommes éprouvant du desir.
– Laissez-moi passer, dit-elle.
Mais lorsqu’elle voulut passer la porte, il la retint par le poignet.
– Va pas partir maint’nant ? grogna l’homme en se rapprochant, allez viens t’amuser un peu ! J’vais être gentil …
Et il la plaqua contre le mur, appuyant son gros ventre contre elle. Puis, il enfoui sa tete dans son cou avec un bruit horrible de baiser baveux qui dégoûta Arianne. Elle voulut se dégager mais il appuya plus fort. D’un brusque mouvement de jambe, elle lui assena un violent coup de genoux sur ses parties intimes et dévala l’escalier en trombe.
– J’t’aurais la petiote ! cria l’homme en descendant les marches de sa démarche de soulard une main posee sur les bourses, j’t’aurais !
Les larmes aux yeux, Arianne claqua la porte et s’écarta de la vieille maison. Cette bâtisse, c’était tous les plus mauvais souvenir qu’elle avait. Il lui arrivait parfois de se demander pourquoi elle ne s’était pas enfuie bien avant. Seule dans la nuit, elle prit le chemin du moulin.

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