Des bruits de sirènes au loin. Ils se rapprochent. Le jeu stroboscopique des lumières animent la nuit sombre. Des rideaux, curieux, s’agitent aux fenêtres des maisons. Des pneus crissent. Les portières claquent. Des bruits de bottes. Des éclats de voix.
— C’est bon. C’est ici ! Vas-y fais le tour. Passe par-derrière.
Les deux officiers de police se séparent. Tony, le plus expérimenté, arrive sur le pas de la porte. Pas moyen de jeter un œil à l’intérieur. Il sonne. Une fois. Une seconde fois. Pas de réponse. Il tente un troisième essai. Soudain, la poignée de la porte s’anime d’un bruit métallique. Dans un réflexe de survie, il recule d’un pas. Son corps athlétique et ses biceps massifs ne lui sont ici d’aucune utilité. Il sort son arme de service. Il déglutit avec peine. Bon Dieu, pourquoi son collègue a-t-il pris cet appel ? Ils étaient sur le chemin du retour. Le message reçu était troublant. Un, voire plusieurs homicides. Du sang, des quantités de sang. Une chèvre. Une grand-mère.
La porte s’ouvre. Il fait sombre. Une silhouette se tient face à lui.
— Reculez-vous, je vous prie. Fai… Faites attention ! Je suis armé, dit l’agent d’une voix non maîtrisée.
La forme humaine obtempère sans répondre, mais sa respiration est bruyante, haletante. L’officier s’avance. Sa chemise de service n’est que moiteur. Il passe l’arme dans sa main gauche. De la droite il inspecte le montant intérieur de la porte. Il soupire et actionne l’interrupteur.
La lumière le blesse. Il remarque la forme s’affaisser. Il cligne des yeux à maintes reprises. La scène est effroyable. Une jeune fille se tient devant lui. Elle est à genoux. Son corps est habillé de sang séché. Sa tenue est déchirée. Elle est presque nue. Elle tend les bras vers lui. Elle est belle. Il s’approche.
— Aidez-moi, supplie-t-elle dans un murmure.
Il lui tend les mains. Elle l’attire vers elle. Il s’agenouille. Elle l’enlace.
— Vous ne craignez plus rien mademoiselle. Je suis là, dit il en la serrant dans ses bras.
La tête posée sur l’épaule de l’homme de loi se penche. Ses yeux s’ouvrent. L’astre de la nuit se dessine sur ses iris bleus animés d’un éclat, bestial.
FIN
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