Draven envoya son poing dans la mâchoire du malabar en face de lui. Un craquement satisfaisant se fit entendre, le cerbère de service à l’entrée du couloir s’étala de tout son long. Plus de son, plus d’images ! Quant au second, un grand coup de pied dans les valseuses le calma, suivit d’un énorme coup de boule pour le mettre définitivement hors service.
Draven entra dans la suite de Cort et se dirigea vers ce qui lui semblait être la chambre à coucher. A trois heures du matin, il était prêt à parier que Cort ne dormait pas encore.
Il entra dans la pièce et trouva la rock-star allongé sur le lit, accompagné de deux blondes joliment faites et solidement accrochées à son extrémité. Draven soupira. Lui aussi irait bien s’allonger pour satisfaire des envies qui devenait de plus en plus pressante avec le temps. Mais l’heure n’était pas à la bagatelle.
– « Les filles, la fin de la récréation a sonné ! On se rhabille et on se casse ! »,dit Draven.
Cort s’écria :
– « Putain, mais t’es qui toi ? Dégage de ma chambre, enculé !»
– « On se calme, Cort, je suis pas là pour avoir un autographe. Il faut que je te parle car tu es en danger, mec ! »
– « Comment tu connais mon nom ? »
– « Je suis peut-être pas l’étoile la plus brillante dans le ciel, mais faudrait être débile ou vivre dans une caverne pour pas te connaître. Tu t’appelles Cort Curtain, tu es né à Seattle il y a plusieurs années maintenant, et tu es le père fondateur d’un style de musique rock qu’on appelle désormais le grunck. Tu es à la tête d’un groupe nommé les Smashing Jams, dans lequel tu es chanteur/guitariste. Tu adores aussi les filles, de préférence jeunes, blondes, aux gros seins et avec un QI de moule, pour mieux pouvoir les baiser, mais aussi la coke et la bouteille, avec lesquels tu entretiens une relation passionnée. »
– « Bon, ok, tu me connais, comme n’importe quel fan me connaîtrait. Tu m’as parlé d’un danger. Mais, mec, je suis la rock-star la plus foutrement surveillé de ce coté ci du pays, crois-tu vraiment qu’un tocard pourrait m’atteindre ? »
Draven éclata d’un rire tonitruant :
– « C’est vrai que tes gardes du corps étaient de vrais bêtes de guerre ! Rien que les deux de ton étage sont dans les vapes à l’heure qu’il est. Je pense même que tu peux appeler un curé et un croque-mort pour l’un des deux.”
– “Mec, tu déconnes ! J’ai recruté ces mecs parmi les anciens des services secrets ! On m’a assuré qu’ils étaient les pires des enfoirés de chiens de guerre que la Terre ait jamais porté !”
– “Eh bien, on t’as menti !J’ai à peine transpiré quand je les ai envoyé au tapis ! A ta place, j’irais trouvé le connard qui t’as servi ces salades et je lui exploserai la gueule ! “
– “Oui c’est clair ! Bon, mec, tu m’as presque convaincu. Mais va falloir que tu te présentes, maintenant ! Allez, sors-moi ton pédigrée ! “
– “ Eric Draven, appelle-moi simplement Draven, on gagnera du temps. Je suis chargé de ta protection car un enfoiré de Démon du 5e Cercle des Enfers t’as emboucanné avec un pacte à la mords-moi-le-noeud. Juste en passant, tu ne seras pas le dernier à te faire avoir de la sorte. Dans le métier, on appelle ça l’Arnaque Faustienne. Si tu as un peu de culture générale, tu comprendras facilement pourquoi. Je travaille pour une organisation nommée Le Walrus. Cette organisation est chargée de défendre la Terre et les clampins qui y vivent contre les Forces des Ténèbres. Mon supérieur direct est un connard qui se fait appeler L’Archevèque. Ne cherche pas, il n’est pas plus religieux que toi et moi. C’est juste qu’il trouve que ça fait cool de se faire appeler comme ça. Lui et moi, on doit pas avoir la même définition du cool… Au dessus de l’Archevèque, il y a encore un personnage. Et quand je dis qui c’est, c’est généralement là que ça se gâte…”
– “Ah bon, et pourquoi ? C’est qui ton mystérieux chef à la tête de ta non-moins mystérieuse organisation ? “
– “T’es sûr que tu veux le savoir ? “
– “Allez, accouche !Tu en as trop dit ou pas assez ! “
– “Ok, tu l’auras voulu ! Le mystérieux personnage à la tête de cette organisation qu’on appelle Le Walrus est John Lennon. “
Cort faillit s’étouffer en riant à gorge déployée :
– “John Lennon ! Mec, c’est quoi ta drogue ? Si t’en as encore un peu j’en veux bien, car elle doit être carrément bonne vu les conneries que tu sors à la seconde ! “
– “Je t’assure que je dis la vérité ! “
– “Mais tout le monde sait que John Lennon est mort en 1980 ! “
– “Justement, il n’est pas mort en 1980. Je dirais même qu’il n’est pas mort du tout. C’est lui qui a crée Le Walrus.”
– “Je commence à plus rien piger du tout…”
– “C’est pourtant simple. Pour tout le monde, John Lennon est mort assassiné par Mark Chapman. Ca, c’est la version officielle. En fait, Lennon n’est pas mort car il est immortel. Selon la version officieuse, Chapman, qui était un Démon du 3e Cercle, a essayé de tuer Lennon avec un simple flingue. En effet, Chapman était un véritable fan de Lennon. Mais, pour lui Lennon avait vendu son âme au dieu Argent et il lui en voulait pour ça. Alors, il a décidé de le liquider. En ne sachant pas qu’il était immortel. Chapman a été incarcéré et Lennon déclaré mort, car il en avait vraiment marre des Beatles, de la célébrité et de tout le battage médiatique autour de sa personne. Suite à ça, il est entré en clandestinité et a crée Le Walrus.”
– “Donc, si je comprends bien, Lennon est vivant ? Et Chapman est un démon qui est toujours incarcéré ?”
– “Chapman n’est plus incarcéré. Il a été tué par Lennon lui-même en prison, quelques jours après la tentative d’assassinat. Il a jamais pu blairer les démons !”
– “Donc, je résume : Le Grand John Lennon en personne n’est pas mort, il est même bien vivant à la tête d’une organisation qui… Qui fait quoi, d’ailleurs ?”
– “Qui est chargé de protéger la Terre des hordes de démons voulant l’envahir.”
-” C’est ça ! Et moi, je suis Mère Thérésa !”
Le portable de Draven sonna. Il décrocha.
_ “ Putain, Draven qu’est ce que vous êtes en train de faire ? Ne me dites pas que vous êtes avec Curtain ? “, gueula l’Archevêque.
– “Affirmatif, Monseigneur. Et ne me dites pas de le laisser en plan ! J’ai pas envie de voir crever un autre innocent ! “
La porte de la suite vola en éclats. Leland se tenait dans l’embrasure de la porte. Son aspect avait changé. Ses cheveux en catogan avait disparu, pour laisser apparaitre une paire de cornes rougeatre. Ses pieds étaient cornus et sa paire d’ailes de chauve-souris était gigantesque.
Cort se mit à hurler.
78