« Bonjour et bienvenue dans mon émission Même les chien lisent. Vous ne le reniflez certainement pas, mais j’ai du mal avec la lecture. Oh, les mots, ça je les comprends ! J’en connais plus de quatre mille ! Whouff, vous ne me croyez peut être pas ! On a recensé sur Terre plus de 60% de personnes en ayant mémorisé moins de quatre cent, soit à peine plus de 2,5 milliards d’individus. Je suis tout autant à l’aise avec l’écriture, toute sorte de lettres, d’idéogrammes, de signes quels qu’ils soient. Tenez, on pourrait me parler en alphabet Chappe que je pourrais le comprendre ! Ce n’est pas que la vision canine me gène, mes prothèses OpticOOptic sont parfaites pour le chien chic et transformé, Maître merci, c’était un bon choix. Nonon, ce qui me gène le plus, c’est l’absence d’odeur du pseudo-papier, des journaux, des livres ! Il est purement inconcevable que personne n’ait pensé à ajouter une odeur au papier, ne pensez-vous pas ? On aurait pourtant pu le faire assez simplement ! Même si la cellulose a quasiment disparu avec, paraît-il, son odeur si particulière, on aurait pu ajouter à l’ersatz lui tenant lieu de remplaçante une odeur synthétique, ne trouvez-vous pas ? Pourquoi n’ajoutons-nous pas aux écrits les signaux olfactifs qui apporteraient une nouvelle dimension aux histoires ? Après tout, raconter une histoire, c’est avoir un impact direct sur le cerveau : vous ne vous adressez pas directement à l’âme du lecteur si vous ne faites pas cela. Pour vous autres humains, c’est la vue qui prédomine, l’odorat est un sens secondaire, à peine utile. Seuls les chiens et les maîtres qui ont choisi la transformation olfactive me comprennent, et ne sont certainement pas en train de me regarder … »
Derrière la vitre du studio, Zadiha, le réalisateur de talk shows le plus discret qu’on ait connu depuis les cinq dernières années, observait avec attention le Cocker américain, face caméra, récitant son texte sans prompteur.
« Mais comment fait-il ? C’est lui qui écrit ses textes, à ce qu’il paraît … »
Paul, le stagiaire qu’on lui avait collé, cette fois encore, n’était pas malin malin, c’est le moins qu’on puisse dire !
« Oui, c’est vrai ». Autant laisser la légende courir, ça fera de l’audimat, donc des annonceurs, des adds, et la protection dont j’ai besoin. Il faut bien accepter les quotas d’humains pour les petites tâches si on veut aussi profiter des mannes de l’État, même s’ils se plantent un coup sur deux.
« Tiens toi prêt. Camera 2 …. Top ! »
« … Bref, cette mode qui veut faire revenir les livres d’antan en produisant des ersatz laisse une odeur amère – je devrais dire une absence d’odeur – à tous les animaux transformés.
Aujourd’hui, je reçois Fernando Obel, un auteur – encore un – qui remet au goût du jour le soit-disant livre-papier. »
« Caméra 1. Allez, plus vite ! »
« Et si j’ai débuté cette émission aujourd’hui par cet éditorial un peu polémique, c’est précisément parce que j’ai du lire ! Bon, plus précisément, ma liseuse m’a, page après page, narré votre histoire, c’est un livre-papier qui parle – et ça c’est une bonne chose, votre éditeur n’a pas été puriste, même si c’est un livre-papier, il reste accessible sous format numérique – mais c’est un livre-papier qui ne sent rien, ni bois ni fibres. Et on dois bien le dire : non, rien de charnel ici !
« Caméra 2 »
— Bonjour Aquinas. Merci beaucoup de me recevoir dans votre émission, c’est un honneur. Je dois juste dire que je n’y suis absolument pour rien. Tout ce qui concerne la publication des livres est une décision de mon éditeur, non vraiment.
— Bonjour Fernando Obel. Vous êtes aujourd’hui un des écrivains les plus renommés de votre génération, l’auteur de nombreux best-sellers qui sont lus à au moins des centaines d’exemplaires, on peut citer pour nos amis rezonautes « Oiseaux mécaniques » ou « Vert cruel ». Votre dernier ouvrage, vous êtes devant moi aujourd’hui pour le présenter, s’intitule « Forêts et vertes prairies ». Dans ce livre de cinquante pages, vous voulez nous faire revivre une vie oubliée, ancrée dans le matériel et l’essence des choses. J’espère que mon petit éditorial ne vous aura pas offensé.
— Vous ne m’avez offensé en rien Aquinas, mais est-ce que je peux me moquer un peu de vous ?
— Je vous en pr …
— Votre émission s’intitule Même les chiens lisent, et pourtant, vous n’avez de cesse de conspuer la lecture.
— Ouaf ! Eh bien, voilà que cette émission commence sous les meilleurs auspices ! Mais revenons à votre livre, « Forêts et vertes prairies ». Ce sont celles des grandes étendues s’étendant jusqu’à l’horizon, celle des champs de blé, de maïs, de bosquet verts et de la vie des paysans, celle que vous avez vécu dans votre enfance. Vous parlez des hommes et des animaux vivant dans ce monde passé.
— Oui Oui, vous avez tout à fait raison, c’est le projet de …
— Vous parlez de l’agriculture et de la grande poésie qui se dégageait des grandes étendues qu’elle générait.
— Oui, tout à fait. Aujourd’hui, on ne trouve plus que des déserts ou des hydroponiques, de la culture intensive sous serre. Il n’y a rien de moins esthétique que ces vastes étendues de tentes en plastique opaque, de machines allant d’un point A à un point B, sans but autre que de faire fonctionner l’industrie alimentaire. Quelle tristesse de voir cette campagne vide de sens, sans routes, sans chemins de traverse. Seules des autoroutes, des canaux et les chemins qui sillonnent la terre rappellent que durant les siècles passés, ça a été l’homme, la géographie, l’histoire qui ont créé les paysages qui s’offraient à nos yeux.
— Sans oublier les troupeaux d’animaux.
— Et leurs gardiens, chiens et hommes collaborant pour nourrir la famille. Sans oublier les chevaux ! Voici d’ailleurs un exemple flagrant : aujourd’hui, il n’y a plus un seul cheval, un seul âne sur les routes, et personne pour les monter. En perdant leur utilité, tous ces animaux ont disparu.
— Insinueriez-vous que je ne suis pas utile ?
— … eh bien … Non ! Non ! Voyons Aquinas, nous parlons d’une terre qui a été peut-être, qui est fantasmée, une terre qui a connu le travail des hommes et des animaux, dans laquelle chacun était utile pour l’autre …
Zadiha et Paul s’activent derrière la vitre du studio, échangeant les plans des trois caméras, tentant de capturer les expressions de l’auteur et d’Aquinas.
« Incrustation en arrière plan, base de données 1. »
— Je vous taquine, Fernando, bien sur ! Mais revenons à votre livre, si vous le voulez bien. Cette campagne, celle de votre enfance, n’existe plus, cela ne fait aucun doute.
— Ce n’est pas tout-à-fait exact. Dans la très grande majorité des situations géographiques, vous avez raison, il faut économiser l’eau, les terrains en jachère sont désertifiés, mais dans le nord de l’Europe, en Amérique du Nord, en Sibérie par exemple, on trouve encore quelques territoires très verdoyants, interdits d’accès comme vous le savez afin de protéger ces derniers territoires.
— Y avez-vous déjà été ?
— Non, bien sûr, c’est interdit et même dangereux d’y aller sans autorisation. Mais … Le saviez-vous ? Dans les années 1970, on parlait déjà du Sahel, ce désert au centre de l’Afrique ; on le voyait se désertifier, s’assêcher. Aujourd’hui, ce sont nos champs d’Europe et d’Amérique qui se sont transformés en vastes étendues mortes. Bien sur, la survie humaine était à ce prix, je dirais que la terre avait le couteau sous la gorge. Cette agriculture, ces champs verts, rouges, jaunes à perte de vue, c’était extraordinaire, d’un beauté à couper le souffle.
— Dans la database ReZo, j’ai pu consulter, pour la préparation de cet entretien, de nombreuses références de photographies ou de dispositifs immersifs qui confirment vos dires.
— Arrière-plan : Base de données 2. Plus vite !
— Merci Aquinas.Comment avez-vous trouvé cela ?
— Ennuyeux. Toujours la même chose. Mais je n’ai aucune compétence pour juger de cette esthétique …
— Étant enfant, j’ai passé de très nombreuses années à accompagner mon père sur son tracteur, et arpenter ces champs colorés à perte de vue. Nous pouvions dire que nous façonnions réellement le paysage : nous dessinions des lignes le long des collines grâce au labour et aux plantations. Les forêts ça et là, les arbres sous lesquels, à l’heure de la pause, nous nous installions pour manger, mon père buvait un coup pour se donner du courage, … Le paysage changeait constamment de couleur, en fonction des saisons, du beau et du mauvais temps, de la couleur du ciel ou de l’heure de la journée.
— Elle vient ou pas, la banque d’images ?
— Je voulais revenir, grâce à l’écriture, à ces sources poétiques, celles qui chantaient la beauté de la nature et le travail des hommes.
— Vous pensez réellement que l’écriture peut ramener au passé ?
— Oh oui, absolument. Des écrivains du siècle dernier nous parlaient de ces grandes étendues et du rapport si particulier qu’ils entretenaient avec la nature, Jim Harrison, Rick Bass, il y en a tant, je veux m’inscrire dans ce qu’on appelait alors le nature writing. On se doit de garder trace de cette pensée sauvage, du rapport de l’humain à la terre. Nous avons tous tendance à l’oublier aujourd’hui, et pourtant …
— Whafff ! Mais pourquoi vouloir retourner dans le passé ? Vous semblez y avoir trouvé du bonheur, certes, mais vous racontez également que votre père et votre mère en sont morts.
— C’est exact. Mon père s’est suicidé après la grande crise de 2023 durant laquelle les cours de quinoa ont chuté. Avant, il avait eu le temps de tuer ma mère. Ma soeur et moi, nous avons survécu parce que nous étions à l’école. Il ne se passait pas une semaine sans que les parents d’un de mes camarades de classe se retrouvent sans emploi, ou décident de déménager. Ou pire …
Oui, c’est vrai. Mais si vous voulez, j’ai grandi au milieu de ces grandes étendues vertes, sur ces énormes machines qui polluaient peut-être, immenses vaisseaux au milieux de mers ondulantes sous un soleil de plomb. Je les ai vu disparaître. J’ai vu disparaître ces grands hêtres, ces chènes, ces forêts de pins, ou d’autres espèces qu’on découvrait dès qu’on voyageait un peu plus loin, ça aussi ça a disparu.
— Oui, c’est un ouvrage d’une grande mélancolie m’a indiqué mon liseuse. Je suis désolé, je ne connais rien à ces choses là.
— Peut être, oui, sûrement. Vous savez, on épandait le lisier, on traitait les cultures avec des pesticides. À l’époque combien ai-je entendu à quel point ils étaient dangereux, toxiques pour les enfants, on disait qu’on mangeait de la merde – si si, il faut appeler les choses par leurs noms. Et vous voyez aujourd’hui, j’ai bientôt 60 ans, j’ai grandi au milieu de ces produits soit-disant toxiques, et voyez vous, je n’ai rien, je suis en pleine forme. Par contre, tous ces paysans qui se sont suicidés, ces grandes entreprises qui ont fermé, les unes après les autres, ces crises économiques et céréalières à répétition, et je ne parle pas que du blé ou du maïs. Cette énorme transition qui a vu nos campagnes se transformer en petits lopins de terre, ou en désert c’est selon, avec la mode des algues et des insectes pour nourrir les masses, nous n’avons rien gagné, bien au contraire. Ce n’est franchement pas plus “naturel” ou “écologique” ou “plus proche de l’homme” que ce que nous avions alors. Lorsque nous produisons du blé, c’est uniquement pour nourrir les sauterelles dont on fait les steaks. Du blé non traité, des sauterelles bio ? Probablement, oui, mais nous restons dans une culture industrielle pour pouvoir nourrir les masses : c’est tout autant de la merde !
— Sur ce plateau, chacun est libre de ses paroles, et je suis d’accord avec vous : la nourriture qu’on me sert n’a pas plus d’odeur que le papier que vous affectionnez tant. Mais revenons un instant sur ce support. En le choisissant pour la publication de votre ouvrage, c’est pour plonger le lecteur dans cette ambiance d’avant la crise ?
— Euh, non, je euh … Oui, peut être. Nous en avons longuement discuté avec mon éditeur qui y tenait absolument. C’était pour lui comme un impératif, vous savez Aquinas, c’est comme pour l’odeur, les livres, même en papier – on sait bien que c’est de la pseudo-cellulose -, ont perdu leur qualité je dirais presque religieuse. Et tout comme pour les champs, la ferme, la vie d’autrefois, les livres avaient plus d’odeur, c’est vrai.
— Pourtant, vos lecteurs ou auditeurs sont le plus souvent augmentés, parfois olfactivement, ils aimeraient surement avoir la possibilité de voyager tout autant avec vos mots qu’avec les odeurs qui leur correspondent …
— Oui, vous avez raison. Vous savez, je n’ai jamais jamais voulu être augmenté, de quelque façon que ce soit. Je n’obéis pas à l’idée de ce progrès contemporain qui voudrait faire croire que nous vivons mieux, que nous n’avons pas …
— Whouf ! Il semble que vous fassiez preuve d’un relativisme qui confine à l’aveuglement. Toutes les données collectées montrent que la qualité de vie est améliorée, que la pauvreté a reculé. Partout dans le monde, tout le monde vit mieux et plus sainement.
— Et nous ne sommes plus que quatre milliards ! Nous en étions plus de sept à l’époque. Moins de production, et une production plus saine, oui, mais à quel prix ? Moi je dis : le lobby écologique a tué notre société, notre façon de vivre. Ce sont ces putains d’européens, avec leurs petits pays qui ne pouvaient pas produire beaucoup, qui … »
Zadiha n’en croit pas ses yeux : alors ça existe encore, des gars comme ça ? Lui, un vieux briscard du talk-show, qui a réussi à renouveler pour la énième fois le genre, tombe sur un abruti comme lui ? Merci mon Dieu !
Paul, lui, n’y comprend rien, il n’a pas connu cette époque. Il écoute avec gravité la discussion en cours entre l’écrivain et le chien :
« C’est vrai ce qu’il raconte ? Je veux dire …
— Tais-toi et mets des vidéos de fleurs, de campagne, pas de champs, pas de machine, des gens en train de cultiver dans leur jardin. Et mets deux cams sur trois sur lui. La dernière, plan d’ensemble avec le clébard. »
Ça c’est génial : un clash comme ça, le Rezo va exploser. Il se met derrière son clavier et tape des directives à Aquinas.
« Ne pensez vous pas que nous nous égarons ? Parlons plutôt de votre livre !
— Je n’ai pas fini, Je n’ai pas fini. Je n’ai pas FI NI. Nous, on a tué nos champs, notre mode de vie, nos vies même. C’est ça que j’ai voulu dire dans mon livre. Nous avons remplacé une altérité, une certaine façon de penser le collectif, par une autre qui restreint un peu plus jour après jour notre capacité à permettre à chacun de vivre comme il le désire. Tous les jours, j’entends les critiques de proches qui me demandent pourquoi je n’adhère pas à toute cette merde ! Eh bien, je n’ai pas à me justifier ! Si je préfère la vie d’avant, si je suis nostalgique de cette pollution, de ces villes surpeuplées, de cette agriculture intensive, cette campagne qui était si belle, ces étendues colorées, eh bien … C’est ce que j’ai voulu rappeler dans mon livre, en utilisant du papier – même s’il est synthétique – et de l’encre. Et j’espère très sincèrement qu’on peut encore aujourd’hui revenir à ce monde d’antan.
— Oui, je pense que nos spectateurs ont compris. Mais une dernière question se pose à moi, si vous permettez : est-ce vraiment vous qui avez écrit cela ?
— Qu’entendez-vous par là ?
— Eh bien … Qui peut dire aujourd’hui « C’est moi qui ai écrit ceci, ou créé cela ? » C’est le monde connecté qui augmente, pour toute personne, qu’elle le veuille ou non. Tenez, prenez mon exemple : oui, je suis un chien qu’on dit « augmenté », « transformé », appelez ça comme vous voudrez. Est-ce que je suis un vrai chien, avec tout ce fourbi ?
— Je ne sais pas, probablement que oui, vous gardez en vous-même cette essence de chien, non ? Je vous l’ai déjà dit, je n’ai subi aucune augmentation que ce soit, je n’ai jamais …
— Whoooooo ! Pourtant, vous êtes allé en … Nouvelle Zélande, c’est bien ça ?
— Oui, c’est encore un des seuls endroits où la nature …
— C’est aussi un des derniers pays n’ayant pas signé les accords sur la transparence en matière d’informatisation de l’humain ! Qu’en pensez-vous ?
— Mais … je n’en sais rien ! Je vous assure Aquinas, je n’ai jamais subi aucune opération, de quelque forme que ce soit ! Vous tentez de me ridiculiser, pourquoi faites-vous cela ? »
Zadiha continue, à l’ancienne, d’envoyer le code qui contrôle le comportement et le discours d’Aquinas. Il rigole : dans sa bulle de sons s’égrènent les informations chiffrées rendant compte d’une augmentation subite de l’audimat : un clash, que pourrait-il attendre de plus ? Un idiot qui croit encore au « monde d’avant », quelle aubaine ! Et dire qu’il ne lui a suffi que de quelques insinuations pour le déstabiliser. Que ce qu’ait dit Aquinas soit vrai ou faux, qu’est ce qu’on en a à faire ? Le principal, c’est bien de voir la tête décomposée de ce soit-disant scribouillard. En plus, il s’enfonce ! Quel régal.
— « Désolé Fernando, notre émission arrive à sa fin. Ce fut en tout cas …
— Mais je n’ai jamais …
— Whouff ! Whouff ! » fait le chien montrant des dents et grognant d’un air méchant. L’écrivain dépité se recroqueville dans son fauteuil.
« Eh bien, c’était Même les chiens lisent, une émission que vous pouvez retrouver sur le réseau une fois par mois. Aujourd’hui, nous avons découvert Fernando Obel, j’espère que je vous aurai donné l’envie d’écouter cet ouvrage, ou, pour les plus courageux d’entre vous, de le lire ! Merci à tous et à très bientôt pour une nouvelle émission en ma compagnie ! »
Pendant que Paul s’active pour envoyer le générique, Zadiha, souriant, se lève et sort du studio dans lequel il était confiné. Aquinas, la queue levée et battant l’air, saute du fauteuil rouge dans lequel il était sagement assis pour l’émission et court vers lui afin de recevoir sa récompense, les croquettes de luxe aux sauterelles bio dont il raffole :
« C’était bien, hein ? C’était bien ? Hein, c’était bien !
— Oui, mon doggy dog, oui, c’était très très bien, viens que je te gratouille ! Oui, c’est bien ça, tu es un bon chien Aquinas, oui, un bon chien ! ».
Fernando Obel, encore plus abattu par ces effusions d’affection entre le chien et son maître, se lève finalement pour aller voir le producteur.
« Mais que va dire mon éditeur ? Ça a été une catastrophe ! Je vous assure, si j’ai été en Nouvelle-Zélande, ça n’a jamais été pour faire une quelconque opération. Je n’ai jamais été augmenté de ma vie, je vous assure ! La Nouvelle Zélande, si j’y ai été, c’était juste de passage pour aller sur l’île d’Auckland, un des derniers endroits sauvages sur la planète. En plus, je n’ai jamais réussi à y aller. Mais qu’est-ce qui a pris à votre chien de faire ça ?
— Mais bien sûr, que croyez-vous ? Vous allez voir : la nature de l’ancien temps, les livres, ça n’intéresse plus personne. Mais là, ça va se vendre comme des petits pains ! Ce n’est pas ce que vous voulez ? ».
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