Joris s’est installé sur les marches du perron de la maison des parents de Pierre. Liane et François lui tiennent compagnie dans un but bien précis : le rassurer suite à ce qui s’est passé dans l’église avec Lara. Alors que Joris allait leur poser la question pour la énième fois, Yolande arrive vers lui avec un plateau dans les mains. Bien sûr, de nombreuses assiettes reposent dessus et chacune contient un met bien précis.
– Tiens Joris, j’ai pensé à toi.
Yolande pose la plat sur les cuisses du jeune homme et attend que celui-ci mange un bout. Pourtant, le garçon ne touche à rien, ce qui a le don de l’énerver un peu.
– Mange Joris !
– Désolé Yolande mais je n’ai pas faim suite à ce qui s’est passé.
– Tu veux parler de ton combat avec Lara ?
En guise de réponse, Joris se contente d’hocher positivement de la tête. Bien décidée à le voir goûter à l’une de ses préparations, Yolande s’installe sur sa droite et se lance dans une conversation avec lui.
– Tu sais Joris, tu n’as vraiment rien à te reprocher concernant Lara. De toute façon, elle a toujours remis les statuts des autres en question et je ne compte plus le nombre de fois où elle est revenue blessée physiquement.
– Et elle continue, ce qui prouve qu’elle ne retient pas la leçon, intervient Liane.
Ces arguments n’aident pas à convaincre Joris.
– J’ai du mal à croire lorsque vous me dîtes que je n’aurais rien.
– Et c’est la stricte vérité, lui dit François. D’ailleurs, c’est Lara qui aura une sanction pour s’en être prise à toi.
– Et elle aura quoi ?
– Je n’en sais rien car c’est la première fois qu’elle s’en prend à un protecteur de la déesse.
– Je suis un homme comme un autre, se défend Joris.
– Pas pour nous, poursuit Yolande. Tu es notre sauveur à tous et je n’ose même pas imaginer les vagues de rébellion qui animeront les villages alentour.
– A ce point ?
– Oui. C’est pour cette raison que tu dois manger car tu pourrais bien regretter ce moment de détente dans les jours qui vont venir.
– Et plus, tu serais bête de refuser car Yolande est notre meilleure cuisinière, continue Liane. Si jamais tu manges qu’un seul morceau, ton ventre en réclamera que davantage, je te le garantis.
Titillé par cette révélation au sujet de la cuisine de Yolande, Joris attrape la fourchette et prend un morceau de légume qui reposait dans une assiette. Ensuite, il le porte à sa bouche, mâche et avale tandis que la cuisinière attend le verdict.
– Effectivement, c’est super bon.
Et comme Joris n’avait pas mangé de toute la journée, il s’en donne à cœur joie.
– Si tu en veux d’autres, n’hésite pas à me le dire.
– Pas de souci Yolande et merci encore.
Affamé par cette journée plutôt éprouvante, Joris continue de donner de jolis coups de fourchettes, ce qui enchante Yolande.
– Tu m’as l’air d’avoir une sacrée faim, ressent-elle le besoin de lui dire.
– Chez moi, on dit toujours qu’il vaut mieux m’avoir en peinture. Comme j’ai l’habitude de le dire, je ne dégonfle jamais devant une assiette pleine.
– Cela me rassure car j’avais cru que tu avais goûté à ma cuisine dans le courant de la journée et qu’elle ne t’avait pas plût.
– Tu es folle ? Lâche Joris. Il faudrait ne pas avoir de goût pour refuser tes plats. Si je pouvais, je te nommerai cuisinière officielle du protecteur.
Touchée par ce qu’elle vient d’entendre, Yolande n’ose pas dire un seul mot, ce qui n’est pas le cas de François.
– Tu sais que tu peux la nomme comme tu veux suite à ton statut ?
– Vraiment ?
– Oui. Tu dois savoir que le protecteur de la déesse est le plus haut statut qui puisse exister dans notre monde. Tu surpasses de très loin les rois et les empereurs qui peuplent nos régions et grâce à ce rôle, tu peux prendre toutes les décisions que tu souhaites et les faire appliquer de suite.
– Je l’ignorais.
Joris ne souhaite pas poursuivre dans cette conversation et continue de vider les assiettes que Yolande a mise à sa disposition.
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