Une petite fille se tient à la fenêtre de la bibliothèque, qui donne sur la ville en contrebas. Il fait nuit et elle aurait dû être couchée depuis longtemps, mais elle ne peut pas se détacher du spectacle qu’elle aperçoit : toutes les lumières allumées et une musique qui monte jusque-là, en haut de la colline, à ses petites oreilles excitées.
Elle a tellement envie de les rejoindre… mais elle n’a pas le droit de sortir sans ses deux gardes du corps. Bon, d’accord, elle est sortie de sa chambre en catimini par un couloir dissimulé par une tapisserie qui mène ici et, par conséquent, elle a semé ses gardes. Mais sortir du château ?
Son front enfantin se plisse tandis qu’elle réfléchit. C’est vraiment très tentant de les rejoindre, surtout qu’elle connaît une galerie cachée dans la bibliothèque qui mène au village. Mais on lui a toujours dit que c’était dangereux d’y aller seule.
Elle soupire. Il vaut mieux rester au château.
Elle jette un dernier coup d’œil par la grande fenêtre en se mettant en marche. Trop absorbée par le spectacle, elle se cogne dans une des étagères de livres et se rend compte que ses pas l’ont menée droit au passage secret.
Sans réfléchir, la petite fille actionne le mécanisme et s’enfonce rapidement dans l’obscurité, malgré sa robe encombrante.
Arrivée au bout du chemin, elle grimpe tant bien que mal sur un gros rocher et pousse de toutes ses forces sur une pierre, ce qui ouvre une porte dans la paroi. Derrière, une salle pleine de boîtes et de cageots. Vite, elle referme la porte et se faufile à l’autre bout de la pièce pour entrer dans la salle principale.
Elle est dans une auberge. Une musique entraînante l’atteint et un grand sourire se dessine sur son visage poupin.
Il y a beaucoup de monde : hommes, femmes, enfants… Et tous ont l’air de s’amuser en dansant et en tapant dans leur main plus ou moins en rythme !
Tandis qu’elle regarde en riant et en tapant aussi dans ses mains, assise sur un petit tabouret qu’elle a trouvé, un petit garçon s’approche d’elle.
—Bonjour, dit-il, d’une voix timide.
La petite fille le regarde en souriant.
—Bonjour !
—Tu veux danser ?
—Bien sûr !
Ils dansent ensemble pendant une heure, un peu maladroits certes, mais c’est tellement amusant !
Fatigués, ils s’assoient à une table, à côté de personnes que le garçon présente comme sa famille.
—Au fait ! Je m’appelle Evangéline, et toi ?
—Sébastien !
Tout devient flou et Lyddie se retrouve seule, dans le noir. Une lumière aveuglante apparaît soudain et la jeune femme doit fermer les yeux. Quand elle les ouvre à nouveau, elle est face à une petite maison plein pied, coincée entre deux bâtiments plus grands, à deux étages.
La porte s’ouvre et elle se trouve aspirée à l’intérieur. Là, il y a une sorte de… de je-ne-sais-quoi. C’est rond, lumineux et énorme, positionné à la verticale, comme les portails inter-dimensionnels dans ces films de voyage dans le temps ou l’espace…
Elle tend la main et se fait de nouveau transportée, mais à travers le vortex et…
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Lyddie s’éveilla en sursaut au son de son réveil et toucha le collier qu’elle n’avait pas enlevé, comme promis.
Elle n’avait pas fait de cauchemar, c’est un fait.
Mais ce rêve était beaucoup plus intriguant… Quel était donc ce machin-chose ? A priori, un portail. Mais où est-ce que ça menait ? Ça, elle ne le savait pas, mais si son rêve était une réalité, elle le saurait vite. Parce que cette maison existe. Mieux, elle sait où elle est !
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