Le bruit de leurs armes retentissait dans tout Karea, la cité aux cents reflets qui, façonnée pour briller, sombrait aujourd’hui. Le temps manquait aux courageux qui traversaient les ruelles incendiées à la recherche d’un espoir. Formant un groupuscule épars, les chefs de file décidèrent de se séparer dans un bref salut, à la conquête des navettes de secours, éparpillées à l’extérieur de la ville. La Résistance s’était organisée en un noyau solide et beaucoup avaient donné leur vie pour que d’autres vivent. Chaque groupe possédait un plan approximatif du lieu où se trouvait leur issue de secours. Les ordres étaient simples : courir pour sauver les siens, traverser un morceau de la galaxie pour se battre. Leurs forces manquaient et leur nombre diminuait à une vitesse phénoménale, les Ablithians n’avaient pas l’armement pour affronter la menace Valar mais comptaient de nombreux stratèges qui avaient fourni une solution de repli.
Lorsque l’assaut assourdissant des projectiles s’estompa, ils étaient aux portes de Karea. Ils traversèrent les marécages bordant cette dernière et s’en éloignèrent définitivement. Là, perché entre deux chemins déviants se trouvait le cratère. Recouvert d’innombrables feuilles, celles-ci furent rapidement balayées pour découvrir l’exiguë navette, bouée de sauvetage de la planète Ablithia, en train de tomber sous le joug ennemi. Mettant en route l’engin, les rescapés s’engouffrèrent dans l’habitacle pouvant contenir six personnes. Le dirigeant des opérations ne laissa pas de répit à sa troupe puisqu’il prit possession des commandes. Les moteurs s’allumèrent, les différentes diodes illuminant l’intérieur de la navette, contraste surréaliste avec l’eau obscure environnante. Leurs regards ne quittèrent guère la planète jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un point perdu parmi les étoiles de l’univers. Une seule direction comptait désormais, la Terre.
– Nous sommes des lâches ! J’aurais dû rester et me battre, souffla une voix à laquelle se mêlaient des larmes de rage.
– Nous n’aurions rien fait de plus. Nous reviendrons et cette fois, nous reprendrons notre planète.
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