Qu’est ce qu’un héros ?
La question fut posée à des enfants de Trisac.
Un garçon répondit : « Un héros, c’est quelqu’un qui fait de grandes choses, qui sauve les gens et les aide. Ils se battent avec une épée ».
Un autre : «  C’est quelqu’un d’extraordinaire, qui tue les personnes de mauvaises intentions ».
Une fillette, bien mature dit : «  C’est une personne qui nous inspire à faire de meilleures choses pour le bien de tous ».
Ils avaient tous le nom de Jack le Délivreur à la bouche.
Est-il vraiment nécessaire de présenter cet homme ?
Celui qui a délivré Trisac de la tyrannie. Celui qui a fait renaître les dragons !
Jack est un objet d’inspiration par son courage, sa vaillance, son énergie, son…

Jack froissa le journal qu’il tenait dans ses mains. Il roula furieusement en boule le papier aux lignes mensongères et le jeta dans le feu. La page noircit et se rétracta sous la chaleur.
Assis dans son fauteuil près de l’âtre, l’homme regarda le foyer dans air penseur.
Jack le héros, Jack le Délivreur.
Voici les surnoms qu’on lui avait donnés.
Il ne les aimait pas, il les haïssait. On pouvait cracher dessus, rien ne le réjouirait plus.
Trisac l’exécrait. Ce pays qui fut sa patrie d’adoption et son pauvre peule le répugnaient. Eux que Jack avait autrefois défendu, pouvaient bien se mettre à genou devant lui, le supplier, lui cirer les pieds avec leurs larmes, il ne les regarderait qu’avec dégoût et amertume.
Il s’en foutait maintenant.
Son regard trouva un paquet de cigarette sur la table. Le tabac l’attendait sagement en compagnie d’une bouteille d’alcool.
Jack tendit le bras et attrapa ses précieux biens.
Il n’aimait plus que se saouler jusqu’à oublier. Il n’aimait plus que se défoncer les poumons au tabac.
Les cernes sous ses yeux, ses cheveux gras, ses vêtements crades à l’odeur nauséabonde, la bouée de sauvetage qui était apparu avec le temps autour de son ventre. Tout chez lui témoignait le manque de considération extrême qu’il s’infligeait à lui-même.
– Foutu monde.
Jack grilla sa cigarette et débouchonna la bouteille. Il en but un quart d’une traite. Le liquide lui brûla la gorge.

Ouais, Jack le héros, pensa-t-il, Celui qui inspire à faire de meilleures choses…

L’homme but le reste de la bouteille et s’enfonça dans son fauteuil en jurant grossièrement.
– Ouais foutu monde, va emmerder un vrai héros cette fois.

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