Une bonne heure s’écoule et dans le village, les gardes sont à l’affût. Toutes les maisons sont barricadées, les rondes tournent. De l’autre côté de la plaine, le mystérieux personnage à l’épée runique observe ce village s’armer. Sont-ils vraiment en train de lui préparer un accueil si chaleureux ? Il se redresse et se saisit de son épée dont il attache le fourreau à sa ceinture. Il entreprend une lente marche pour descendre le long de cette petite colline et traverse un champ de blé dorée dont l’odeur couplée à la fraîche humidité, enivre son odorat.
Sur l’une des tours de guet du village, le garde en faction plisse légèrement les yeux et aperçoit la silhouette d’un homme, seul, dans cette faible luminosité donnée par les feux d’alarme allumés aux alentours de la bourgade. Il se retourne alors d’un bond et prend en main un petit marteau de bronze qu’il vient à cogner sur une cloche faite d’un alliage de cuivre et d’étain. Cette alarme retentissant, tous les éléments de la milice accourent et voient venir cette homme qui, d’un pas décidé, vient à leur rencontre. Une voix forte et autoritaire résonne et brise le silence qui règne.
— Archers, en joue !
Une bonne vingtaine de soldats prennent une flèche et bandent leur arc, prêts à tirer sur l’individu, supposé être l’Ombre du Nord. Ce commandant prononce alors quelques mots.
— Soldats, l’Ombre du Nord est sur nous, prête à déferler, à faire couler notre sang, celui de nos familles. Détruire tout ce que nous avons accomplis ici, depuis des générations. Cet homme vengeur ne cherche qu’à détruire alors vous devez lui résister ici et maintenant, pour défendre tout ce qui vous est cher !
Galvanisés par le discours de leur commandant, les soldats hurlent, frappent leur bouclier de leur gantelets d’acier ou avec le pommeau de leur épée longue. Face à eux, environ à une cinquantaine de mètre, la silhouette prend forme, parfaitement visible par sa proximité avec un grand feu crépitant à quelques mètres. L’un des soldats, observant cet homme, se penche en avant pour glisser quelques mots à son sergent.
— Chef, c’est ça l’Ombre du Nord, un mec seul avec une armure toute noire un peu rouillée ?
— Apprends à te méfier de tout ennemi, tu ne peux jamais prévoir sa puissance par sa simple apparence…
L’Ombre du Nord s’arrête là et balaie du regard les troupes qui lui font face. Un jeune officier s’avance alors, la main tremblant un peu, posée sur la garde de son épée.
— Bonsoir, étranger, vous n’êtes pas autorisé à traverser cette ville et ce, quelque soit votre destination finale.
Ses quelques mots meurent et le silence règne alors, seulement dérangé par les crépitement parfois assourdissants du feu d’alarme haut d’environ trois mètres. Ce lieutenant peut donc facilement observer cet individu aussi louche que mystérieux. Il fait donc face à un homme d’une carrure impressionnante, d’au moins un mètre quatre-vingt-cinq aux larges épaules. Son armure noire comporte bon nombre de gravures sur les bords des pièces de métal qui composent le plastron. Un pan de tissu rouge sang entoure presque entièrement sa taille et tombe à certains endroits jusqu’à ses mollets, déchiré ici et là mais il ne fait aucun doute que c’est un tissu de qualité, de luxe. Le chevalier noir s’avance alors de quelques pas, toujours silencieux. L’officier le dévisage et prend conscience avec surprise du visage qui se découvre à lui : Cet humain a la peau pâle, les traits de son visage sont fins, ses cheveux sont aussi noirs que l’obscurité macabre de cette nuit surnaturelle et à peine mi-longs, certaines mèches tombent en biais sur son front. A vrai dire, ce visage est – malgré sa jeunesse et sa fraîcheur apparentes – marqué par des nombreuses émotions négatives, par les épreuves, par une vie bien plus longue que n’en témoigne son corps. L’Ombre du Nord avance encore de quelques pas, jusqu’à faire face au lieutenant. La barbe non entretenue et qui ronge le visage de l’inconnu n’a d’autre effet que de parfaire l’intimidante image que renvoie cet homme fait de métal sombre.
L’Ombre du Nord se tourne vers l’ensemble des soldats et prononce, dans une voix légèrement sifflante mais néanmoins douce et à la tonalité faible quelques simples mots.
— Ne reconnaissez-vous donc pas la mort lorsque vous la voyez ? Êtes-vous assez fous pour être si insolents devant votre rédempteur ?
Bon nombre de soldats pouffent de rire, d’autres encore observent avec inquiétude l’homme. Le lieutenant quant à lui, tire son épée et la pointe en direction de son ennemi.
— Repartez d’où vous venez ou nous serons obligés de vous abattre sur le champ.
— La mort m’importe peu, après tout, elle n’est pas simplement un état ou un cap, mais un chemin qui nous suis, qui évolue avec nous.
Un soldat au milieu des rangs s’écrie alors…
— La vieillesse peut-elle vraiment détruire l’Ombre du Nord ?
Le chevalier noir se tourne légèrement en direction du soldat et un très léger sourire fleurit sur ce visage indéchiffrable.
— Heureusement, j’ai appris à conjurer le sort.
Le soldat et ses camarades écarquillent leurs yeux, abasourdis et restent ainsi quelques secondes, comme sonnés par les quelques mots de l’individu.
L’instant suivant, le lieutenant commence à suffoquer, des toussotements étouffés se font entendre, des cris de douleur à peine audibles, enfermés dans la souffrance poignante et soudaine dont est saisit le corps du pauvre homme. Il tombe de son destrier et se tort frénétiquement, se recroquevillant sur lui-même. L’Ombre du Nord s’approche alors et lève sa main gauche au dessus du lieutenant en pleine agonie. Le regard de l’inconnu s’embrase alors, rougeoyant, lumineux, comme deux billes en flammes. Le corps tourmenté se calme soudain et un long râle se fait entendre : une lueur puis une sorte de brume épaisse de couleur bleue très claire s’échappe d’abord de la bouche puis du corps entier. Nul doute possible, l’horreur saisit le cœur des soldats qui assistent impuissant à un cauchemar, à une pratique aussi inconnue qu’impressionnante, aussi dégoûtante qu’inéluctable. L’âme du lieutenant est tout simplement drainée, aspirée par un appétit dévorant et qui semble sans fin, prêt à se nourrir de la population entière du village. Oui, l’Ombre du Nord se nourrit de l’âme des vivants pour empêcher sa propre vieillesse, elle n’est autre que la mort elle-même, l’illustration et l’incarnation de la noirceur, du désespoir, de la souffrance. Malgré tout, malgré ce spectacle infâme qui se déroule sous leurs yeux, aucun des soldats ne peut bouger, aucun d’eux ne peut détourner le regard de ce corps vide, de cet amas de chair et de métal maintenant sans vie.
La fameuse Ombre du Nord relève le regard vers l’ensemble de la garnison, le visage toujours illuminé de ces deux billes rougeoyantes, plus brûlantes encore que les grandes flammes qui jaillissent et chantonnent juste à côté. Ce regard est lourd, pénétrant, particulièrement gênant. Un fin sourire sadique fleurit sur le visage marqué de l’homme aux sombres pouvoirs. De longues et intenses sueurs froides s’emparent des miliciens qui sont pétrifiés devant cette incarnation de la noirceur. L’un d’eux finit par s’écrier…
— La mort et la malédiction sont sur nous ! Fuyez, prenez vos familles et fuyez !
Ce cri a pour effet de réveiller ses compagnons de cet incroyable torpeur d’horreur et tous – si aucun son n’ose encore sortir de leurs lèvres – font preuve d’un mouvement général brusque, ils abandonnent leur poste et fuient vers le village.
L’homme en armure noire sourit, un léger et court rictus s’échappe de sa bouche : il jubile, oui, sa proie est agitée, excitée par la peur et il le sait, en tant que chasseur, qu’il n’y a rien de plus jouissif que de jouer avec sa proie, de la tuer petit à petit, de jouer avec son esprit et ses nerfs, de la travailler au corps. Il dégaine alors son épée dont l’orbe en son sein brille d’une magnifique lumière rouge écarlate : un halo sanguinaire annonçant le macabre spectacle qui se déroulera ici et maintenant. Il commence une lente marche vers le village, bien décidé à se recouvrir du sang de ces innocents. Une légère voix, féminine et gracieuse se met à résonner dans son crâne.
— Ils ne méritent pas de vivre mon amour… Ils m’ont tué… Tous les humains m’ont tué, je suis une martyre et ils ont été mon bourreau… Tues-les, tues-les tous jusqu’au dernier… Ils ne méritent pas la pitié du Seigneur des Ténèbres.
— Oui, Kaeina, je sais… Je te vengerai de chaque parcelle d’humanité qui peut subsister dans ce monde corrompu et salit par la folie des hommes…
Dit-il en chuchotant à lui-même.
Cet esprit dérangé avance vers le village et sous ses yeux, une terrible pagaille prend possession de la bourgade entière : des cris, des chevaux qui galopent, des maisons qui sont retournées de fond en comble… L’effroi semble avoir saisit l’ensemble de la population. Malheureusement pour ces paysans, le Seigneur des Ténèbres n’accepte pas que ses proies s’échappent si facilement et si rapidement. Il pointe alors son épée vers le ciel masqué d’un voile noir impénétrable, même pour les étoiles. Il l’abaisse après quelques instants et pose son index sur l’orbe rouge qui prend une couleur pourpre. Instantanément, une bulle sombre, un dôme magique apparaît autour du village. Ils sont tous prisonniers de la mort.
De l’autre côté, dans le quartier le plus au nord-ouest, la jeune femme et son fils entendent le bruit dehors, tout ce tumulte inhabituel. Elle se relève de sa chaise, les traces sur la lourde table en chêne montre qu’elle ne pouvait attendre, elle avait étalé là plusieurs poignées de sel et dessinait avec. Si les dessins n’ont aucune significations visuelle, ils montrent bien le stress et l’inquiétude qu’elle affronte. La jeune mère s’approche donc de la fenêtre pour regarder ce qu’il se passe. Elle tend sa main vers l’épais tissu bleu ciel et à ce moment, alors qu’elle l’empoigne, son cœur n’aura sans doute jamais autant battu, elle s’attendait à tout : l’horreur des combats, des flammes, un carnage indicible mais elle ne pourra contempler l’horreur, a cet instant précis, quelqu’un frappe vivement à la porte. Surprise, elle fait volte-face en direction de l’entrée et ouvre de grands yeux. La sueur commence à couler le long de ses tempes mais elle s’avance avec prudence vers l’épaisse porte de bois. La jeune femme retire la chaise puis ouvre d’un coup sec la porte : son compagnon est là, devant elle.
— Hyriss ! HYRISS !
Il semble complètement paniqué, à bout de souffle. Il s’appuie sur l’encadrement de la porte pour reprendre son souffle et dès que son cœur le lui permet, il reprend la parole.
— Il faut partir, au plus vite, emmène notre fils dehors le plus vite possible !
Il a l’épée à la main et se retourne, face au village, il est sur ses gardes.
— Au nom de tous les dieux Meaden, qu’est-ce qu’il se passe ? MEADEN !
Il se retourne, et découvre sa femme comme il ne l’a jamais vu auparavant. Si ses yeux sont larmoyants, heureux de voir que son mari est sain et sauf malgré l’évidente gravité de la situation, son ton est énervé, une colère qui réside dans le fait qu’elle ne comprend rien à ce qui se passe. Il lui sourit simplement et pose sa main sur l’une de ses joues, ce qui a pour effet de la calmer mais aussi de la faire fondre en sanglots.
— Meaden, c’est bien toi… Hein, c’est bien toi hein ?
Elle tombe dans ses bras et s’agrippe à ses épaules, le serrant de toutes ses forces pour s’assurer qu’il est bel et bien là.
— Hyriss, vas chercher Arkhan, je vais vous emmener là où nous serons en sécurité.
Malgré ses paroles, elle ne bouge pas d’un pouce et, la tête enfouie dans le creux de son cou, ses yeux embués, ses protestations se font entendre sous forme de sanglots légèrement criés. Pourquoi donc le malheur s’abat sur eux, aujourd’hui ? Le monde n’aurait-il pas pu leur donner un peu de répit ?
Meaden se dégage légèrement de l’étreinte pour saisir avec délicatesse le visage de sa femme et relever son regard vers les yeux bleus clairs de l’homme. Il lui caresse lentement la joue de son pouce droit et lui donne un nouveau petit sourire réconfortant. A ce moment là, alors que leurs regards se croisent, se mêlent l’un en l’autre, les cris et les chocs semblent disparaître, comme s’ils étaient happés tous les deux dans un voile hermétique à tout malheur, à toute violence, à tout bruit parasite, à tout problème.
L’homme en armure finit par rompre ce moment hors du temps en détournant le regard vers son fils qui se frotte les yeux avec toute la beauté que le monde et les dieux peuvent placer dans l’enfance. Les sons de carnage et d’horreur n’ont pas l’air de l’atteindre et c’est avec son innocence qui le caractérise si bien qu’il s’adresse à son père.
— Où est-ce qu’on va papa ?
Ses petites joues rosées muent en un petit sourire dans le mouvement de ses petites lèvres.
— Prends tes affaires mon fils, papa va t’emmener dans un endroit magnifique…
Sur ces mots, Meaden se retourne et lâche sa femme pour surveiller l’entrée de la maison. Aussitôt, reprenant un peu de force et de vigueur, elle va rassembler le nécessaire pour un voyage. Au fil des minutes qu’il lui faut pour la préparation, les cris semblent se rapprocher, des explosions retentissent soudain et un flamme surnaturelle jaillit en travers de la rue. Meaden la rappelle alors à l’ordre et c’est dans les quelques secondes qu’elle s’exécute. Elle referme le drap dans lequel elle a placé toute la nourriture et noue le tout avec un noeud simple mais solide. Elle se dirige alors vers la porte d’entrée où son mari l’attend. Elle saisit la main de son fils au passage.
— Meaden, nous sommes prêts à partir, dépêchons-nous !
Il ne répond pas et est anormalement immobile pour un homme aussi remuant que lui, la peur fait sans doute son effet. Meaden ?
Face à son air interloqué, son mari tombe à ses pieds, mort, transpercé de part en part au niveau du thorax.
Les yeux de la jeune femme s’ouvrent alors bien ronds et elle découvre horrifiée la pire vision qu’elle aurait pu imaginer un jour contempler de ses yeux. Son mari, maculé de son propre sang, gît à ses pieds, sans vie, sans couleur, sans chaleur. Les larmes commencent à perler au coin de ses yeux et son visage se crispe en une expression mêlée de peur et de dégoût. Elle relève lentement la tête et au fur et à mesure qu’elle se redresse, elle découvre un grand homme en armure noire tenant fermement une épée faite de métal noire dans la main gauche. Une épée qui brille de mille feux, une épée qui brille d’une couleur étrangement de la même couleur que le sang de son mari qui s’écoule sur les bas de sa robe longue. Elle découvre enfin le visage du monstre, de cette Ombre du Nord, du Seigneur des ténèbres, de ce tueur sans émotions. Ses yeux rougeoyants la percent plus violemment encore que ne l’a fait son épée pour son mari, elle perçoit en lui toute cette haine et cette colère qui explosent en ce moment même. Malgré l’acte abominable qu’il vient de commettre, malgré la noirceur de cette âme qui se dévoile à son regard, la jeune femme ne peut se détourner de ce visage. Peur ou admiration ? Le mélange est bien curieux et non moins subtil. Un instant s’écoule, un moment qui semble interminable, une seconde qui semble être une heure, ils se regardent, les yeux dans les yeux et lisent l’un en l’autre.
Hyriss finit par fondre en larmes, elle tombe à genoux dans le sang frais de son mari et prend sa tête dans ses mains. La proximité de la mort l’assaillit en ce moment mais ce qui lui fait le plus peur, ce n’est pas de mourir, c’est de savoir qu’elle ne pourra pas sauver son fils de ce monstre qui n’a que l’apprence d’un homme. Dans les sanglots incontrôlables, l’Ombre du Nord peut discerner quelques mots.
— Pourquoi… Pourquoi faites-vous cela… Pourquoi Meaden… Pourquoi tuez-vous ceux que j’aime..? N’avez-vous donc… N’avez-vous donc pas de cœur ? N’av… N’avez… N’avez vous donc jamais aimé ?! Dit-elle, d’un ton sec et colérique, relevant d’un coup le regard vers celui de l’homme en armure noire qui continuait de l’observer avec une expression indéchiffrable.
A vrai dire, malgré l’état dans lequel est ce monstre, il ne peut se résigner à ignorer les complaintes de cette femme envers laquelle il parvient même à ressentir de la pitié. En fait, ses mots le touchent, droit dans son cœur… Il se rend compte à ce moment à quel point sa croisade contre l’humanité est idiote. Il n’aurait donc jamais aimé pour commettre ces atrocités ? Les questions rhétoriques fusent dans l’esprit de la bête en armure et il finit par s’adresser en retour à la jeune femme alors qu’il pointe son épée vers son époux. Étrangement, elle se serait attendu à une voix rauque, sauvage, violente et éreintée, mais elle est, au contraire, particulièrement douce, sur une fréquence basse et même agréable à entendre, bien que légèrement sifflante.
— J’ai déjà aimé, oui… Trop même… Cette femme a été tuée par ces même gens que vous portez dans votre cœur… Le mien est bien trop détruit, bien trop en ruines pour que je puisse trouver du réconfort… Découvrez alors quel effet cela fait, ce sentiment que le monde vous en veut personnellement parce qu’il vous arrache tout ce que vous chérissez au plus profond de votre être. Sentez cette odeur de mort et de désolation, regardez ce paysage de feu et de sang. Vous voilà vivant mon histoire au chapitre précédent, seule face à un carnage qui échappe à votre contrôle, face à la mort, face au destin qui s’abat sur votre pauvre vie de façon inéluctable. J’ai aimé, Hyriss, oh oui j’ai aimé, à en mourir si seulement je le pouvais.
A ces mots, ses sanglots s’arrêtent net, choquée par ces mots mais surtout par ce prénom qu’il prononce. A mesure qu’il formule sa réponse, elle est surprise de voir à quel point il est, en fait, véritablement humain.
Elle qui avait toujours vécu dans l’idée que le bien et le mal sont deux entités distinctement séparées, elle qui – avec tous les gens qui l’entourent – était persuadée que les tueurs et les brigands n’ont pas d’âme ni de sentiments. Voilà bien des choses qui s’effondrent aujourd’hui : son quotidien, son mari, ses illusions, son monde. Elle regarde avec un air béat son interlocuteur, ne sachant quoi penser ni dire. Elle hait ce monstre, jusqu’au plus profond de son être, mais elle éprouve l’irrémédiable besoin de croire en ses mots. Ne serait-ce pas un terrible piège ? N’essaierait-il pas de jouer avec son esprit ? Non, elle a lu en lui, cet homme est blessé et s’il semble conscient de ses actes, il est surtout l’esclave soumis à ses propres remords, à ses propres fautes, à son propre passé. Hyriss incline légèrement la tête en direction du cadavre de son mari et voix avec stupeur qu’une fumée épaisse et blanche s’échappe de son corps et semble aspirée par cette épée qui a tout de magique. Elle se rend alors compte que l’ennemi du jour vient de se nourrir de l’âme de Meaden. Leurs regards se croisent à nouveau et tout disparaît autour d’elle : le monstre arbore une charmante cruauté qui la vide elle-même de toute pensée ou sentiment; elle fait face au démon.
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