Dans le hall, ils furent rejoints par Lucian, bien déterminé à récupérer Iris et le collier. L’adolescente comprit alors qu’ils seraient une gêne et que, s’il les retardait trop, ils ne parviendraient pas à s’enfuir. Elle fit signe à Matt d’accompagner Rùna et sa mère jusqu’à Hierro-Terra. Elle leur promit de les rejoindre d’ici quelques heures. Matt hésita, mais dut se résigner à l’écouter lorsque Julicia lui demanda de faire ce qu’elle disait. Tout le petit groupe s’enfuit, laissant derrière lui, Iris, Lucian et leur otage. Le mage lui redemanda calmement de le suivre :
– Je suis désolé de m’être énervé la dernière fois, mais j’étais vraiment désorienté à cause de ces révélations sur toi et du coup j’ai perdu mon calme. C’est juste que j’aie vraiment besoin de ton aide pour réunir les deux mondes. J’ai tellement attendu pour ça et d’un coup je me retrouve avec toi et le collier à portée de main. J’aurais préféré ne pas te mêler à tout ça, mais je n’ai pas le choix…
– Lucian, je ne sais pas pourquoi tu veux faire s’unifier Hierro-Terra et Fortius-Mancie, mais je ne suis pas un instrument que tu peux utiliser à ta guise. Je ne t’aiderais pas tant que tu ne m’auras pas convaincue.
– Mais combien de temps cela prendra-t-il? Comment est-ce que je peux savoir si tu changeras d’avis un jour ?
– Je ne sais pas. Mais je pense que cela ira beaucoup plus vite si tu arrêtes de me forcer la main. Tu n’es pas une mauvaise personne Lucian. Je pense que si tes intentions sont justes, elles finiront par me toucher tôt ou tard. Alors, tu vas me laisser faire mon choix ou tu vas encore tenter de m’emmener de force ?
– De toute façon, tu ne voudras pas me prêter ta magie si je t’y force. Sache qu’il n’y a pas un seul jour où je ne serai là pour te convaincre.
– On verra cela, affirma-t-elle souriante. En attendant, nous devons retrouver le collier puis retourner sur Hierro-Terra.
Il acquiesça d’un mouvement de tête puis il se dirigea vers le juge qui les observait depuis tout à l’heure. Il le saisit par ses cheveux gris et lui jeta violemment la tête contre le sol. Il se servit ensuite des roses situés dans un des vases posés sur la table basse à sa gauche pour lui envoyer des épines et l’étrangler avec la tige. Ensuite, il fit sortir l’eau des canalisations et l’envoya en jet dans le visage du vieil homme. À terre, le mage se tordait et hurlait de douleur. Il implorait l’indulgence de Lucian, mais celui-ci était extrêmement rancunier. Iris avait du mal à regarder la scène. Elle s’interposa entre lui et Lucian afin d’arrêter cette séance de violence gratuite. Il obéit et se pencha au-dessus du vieillard. Il passa aux menaces :
– Voyez-vous, je n’aurai aucun scrupule à vous tuer, à vous faire souffrir comme vous me l’avez fait pendant de longues heures. Mais je vais vous laissez la vie sauve. Vous savez pourquoi ? Parce que vous allez me conduire jusqu’au collier des anges.
– Jamais ! Vous n’avez qu’à me faire périr, je n’en ai rien à faire. Je ne vous donnerai pas le collier !
– Brave jusqu’à la fin. Vraiment, vous m’impressionnez ! Puisque vous voulez mourir, je vais vous y aider. Iris, ferme tes jolis yeux. Tu n’as pas à voir ça.
Lucian posa sa main sur le ventre du vieillard. Il ferma les yeux et se concentra jusqu’à ce que sa main dégage une lumière noire. De l’eau sortie alors par chacun des orifices du juge. Dans cette pièce raisonnaient les cris les plus horribles qu’on put entendre. Iris essayait de se boucher les oreilles, mais les horribles supplications la traversaient et l’effrayaient. Ses yeux non plus n’arrivaient pas à se fermer. Le vieil homme se vidait de tous les liquides qu’il avait en lui devenant de plus en plus desséchés. Lucian stoppa son incantation un instant et redemanda au vieil homme de le conduire au collier sous peine de l’achever. Sans surprise, il accepta. Lucian le réhydrata et l’aida à se relever. Le mage les conduisit jusque dans une salle gardée entièrement par des ordinateurs et par quelques marionnettes. Il entra les divers codes demandés pour passer, présenta sa carte d’identité quand il le fallait et parvint enfin à les faire accéder à une grande salle remplit d’artéfact magie rare voir pour certain légendaire. Le collier était là, déposé délicatement sur un coussin de velours rouge au-dessus d’un pilier de granite. Il luisait d’une lumière bleue ciel à l’approche de sa propriétaire. Lucian s’en saisit et le passa au cou d’Iris doucement et admira les marques de la jeune fille qui brillait désormais comme le collier. Elle baissa alors les yeux comme apeurée par Lucian. Elle était encore sous le choc après ce qu’elle l’avait vue faire dans le hall de la tour. Sa puissance, sa froideur face à la souffrance et aux cris de détresse, tout cela l’effrayait. Depuis qu’elle l’avait rencontré, elle avait toujours éprouvé un malaise indescriptible en sa présence, mais elle pensait qu’en apprenant à le connaitre cela disparaîtrait. Elle avait cru voir en lui une lueur de bonté quand il l’avait protégé dans le temple, mais maintenant, elle le voyait froid, calculateur et capable du pire. Elle le suivit en silence jusqu’à la sortie du tribunal puis sur Hierro-Terra, grâce à leur chewing-gum de retour.
C’est au manoir de Félicité qu’ils retrouvèrent Matt, Julicia, Rùna et Eden. Ils discutèrent ensemble des précautions qu’il leur faudrait prendre pour échapper définitivement au tribunal. C’est Eden qui aborda le premier point :
– Je pense que la première chose à faire et d’empêcher le tribunal de revenir nous déranger.
– J’ai peut-être une idée, affirma Iris. Si les pouvoirs du collier ont pu séparer Hierro-Terra et Fortius-Mancie, ils peuvent surement fermer les passages entre les deux mondes.
– C’est possible, le tribunal serait alors incapable d’opérer, mais d’un autre côté tous les autres mages ne pourraient plus voyager, expliqua Julicia. Et puis il resterait un problème, pour que cela fonctionne nous aurions besoins de l’anneau des abysses.
– Ce n’est pas réellement nécessaire. Je pense que le collier est assez puissant pour réaliser ce sort tout seul, déclara Lucian impatient de voir Iris à l’œuvre.
– Eh bien, il ne nous reste plus qu’à essayer. Quelqu’un saurait-il quelle formule je dois utiliser ?
Les mages se regardèrent agacés. Aucun d’entre eux ne connaissait d’enchantement capable de les aider. Julicia après un moment de réflexion s’exclama :
– Je sais ! Attendez-moi là, je reviens tout de suite !
Elle se précipita vers les escaliers et se rendit au troisième étage. Là, elle ouvrit une trappe dissimulée dans le plafond et accéda à un grenier obscur et poussiéreux. Après avoir fouillé parmi les vieilleries éparpillées partout dans la pièce, elle trouva enfin l’objet de sa recherche. Elle retourna ensuite au près des adolescents qui l’attendaient impatiemment au rez-de-chaussée et leur tendit sa trouvaille. Il s’agissait d’un vieux grimoire aussi lourd et épais qu’une brique. Sur la couverture de cuir marron était gravé les armoiries de la famille de Félicité ainsi qu’au-dessous, le symbole du collier des anges. Quand la mère ouvrit le bouquin, elle remarqua que comme dans ses souvenirs les pages étaient toutes blanches. Mais quand elle le donna à Iris, de l’écriture et des illustrations apparurent. Des formules classées par ordre alphabétique étaient contenues dans ce livre. Elle se présentait sous forme de chanson ou de poème. Paroles et partitions s’enchainaient à travers les pages. Iris feuilleta le grimoire jusqu’à tomber sur une formule capable de fermer les passages.
– Ça y est, je l’ai trouvé ! Commençons :
Les derniers liens doivent être sellés
L’héritière, la gardienne de mes terres
Je lui confie ma magie pour que le peuple prospère
Mage, Homme, vos mondes ne peuvent plus être liés
Il est temps de fermer vos entrées
Tout au long de sa récitation, ses longs cheveux châtains se hérissèrent au-dessus de sa tête. Tout son corps s’illumina de la même manière que le collier. Ses yeux d’un bleu céleste prirent une teinte azurine. L’incantation terminée, Iris repris ses couleurs et ses cheveux retrouvèrent place. Elle s’assied sur le divan encore sonnée par son premier enchantement. Bien sûr, il n’y avait pas vraiment de moyen de savoir si cela avait échoué ou pas.
Les trois garçons, après s’être assuré qu’Iris se portait bien, retournèrent chacun dans leur logement respectif. Mère et filles se retrouvait ensemble, en famille. Iris et Rùna commencèrent par refaire les présentations afin de partir d’un meilleur pied. Ensuite, toutes les trois entamèrent une grande séance de ménage afin de rendre ce manoir salubre. Les deux plus jeunes s’écroulèrent de fatigue une fois le travail terminé. Elles étaient vraiment fières de pouvoir admirer cette maison étincelante de propreté. Leur dur labeur fut récompensé par les délicieux plats de Julicia. Des feuilletés aux épinards comme entrée, un délicieux rôti de bœuf agrémenté de pruneaux et de coings pour plat principal et pour le désert, une tarte aux pommes saupoudrée de cannelle. Après tant d’années, Iris pouvait enfin profiter d’un repas de famille. Toutes les trois mangèrent, se racontant des tas de choses sur leur vie passée. Après avoir ressassé leurs souvenirs, elles s’imaginèrent leur avenir ensemble, les voyages et les activités qu’elles feraient, ces heures où elles s’amuseraient sans craindre le futur, sans jamais plus être séparé. Julicia posa une question à sa fille qui la mit mal à l’aise :
– Je me demandais où étais ton père et ton frère. Je n’ai pas trouvé une seule de leurs affaires ici ?
– Je suis désolée maman, ils ne vivent plus ici. Père s’est remarier peu de temps après ta disparition et il a eu de nouveaux enfants à Hérédite.
– Je vois. Je ne pouvais pas lui demander d’attendre éternellement. Je suppose qu’il est heureux maintenant, c’est tout ce qui compte. Et Honoré, habite-t-il avec lui ?
– Je ne sais pas où il se trouve. La dernière fois que je l’ai vue, il était…
Iris s’arrêta en plein milieu de sa phrase. Elle ne savait pas réellement dans quoi était impliqué son frère et elle ne voulait pas risquer de ternir son image auprès de sa mère. Elle réfléchit un instant à ce qu’elle dirait puis elle reprit la fin de sa phrase :
– Il était sur le point de partir pour son tour du monde. Qui sait quel pays il est en train de visiter à l’heure qu’il est.
– Il doit avoir tellement grandi, la dernière fois que je l’ai vue il venait d’avoir douze ans. Il doit être devenu un homme désormais. Je suis vraiment heureuse de savoir que tout le monde se porte bien.
Iris était mal à l’aise d’avoir menti, mais le sourire étincelant de sa mère l’aidait à déculpabiliser. Après ce long repas, les filles débarrassèrent la table avant d’aller faire leur toilette et se coucher. Pour la première fois, Iris ne se sentait pas seule et déprimée le soir. Son cœur était apaisé et ne craignait plus rien. La joie de voir son plus grand rêve s’être réalisé était indescriptible, mais surtout inébranlable. Elle s’était réveillée seule et se couchait désormais entourée d’une famille aimante.
Il était huit heures quand le réveil d’Iris sonna. C’était plutôt rare que ce vieil appareil se décide à fonctionner, cela présageait une excellente journée. Elle enfila son uniforme scolaire et se fit une rapide queue de cheval. Puis elle alla réveiller Rùna et l’aida à choisir une tenue parmi ses anciens vêtements. La petite fille eut le béguin pour une robe courte d’inspiration gothique lolita, marron et noir. Iris lui boucla ensuite ses cheveux et les embellit d’un serre-tête en dentelle brun. Les deux jeunes filles se précipitèrent par la suite, au rez-de-chaussée d’où émanait une délicieuse odeur de viennoiseries et de chocolat chaud. Julicia, qui s’était levée une heure plus tôt, avait eu la bonne idée de passer à la boulangerie avant le petit déjeuner. Elle avait dressé toute la table et avait profité du temps qui lui restait pour commencer à remplir les papiers d’inscriptions de Rùna au collège. Elle les embrassa chacune sur la joue puis les invita à table. C’est pendant le repas qu’elle annonça à la plus jeune qu’elle comptait l’inscrire dans un établissement scolaire. Celle-ci s’étouffa avec son croissant en entendant cela puis feint d’être enchantée par cette idée. Elle n’avait en réalité aucune envie de passer du temps avec d’autres enfants de son âge, en particulier des êtres humains. Iris les laissa en discuter et pris route vers le lycée. Sur le chemin, elle croisa Eden. Celui-ci lui tendit, une rose et lui déclara :
– Accepte cet humble présent. Elle n’est pas à la hauteur de ta beauté, mais je suis certain qu’elle te plaira.
– Elle est vraiment jolie Eden, mais je vais devoir refuser. En fait, j’y suis allergique. Mais, je suis vraiment flattée par cette attention.
Elle s’éloigna du garçon désemparé pour aller saluer Méliana et Aélys. Elles échangèrent quelques banalités avant de se rendre en cour. Pendant toute la journée, Lucian s’assied à côté d’elle. Il prétexta que c’était pour mieux voir le tableau, mais Iris avait bien compris qu’il la surveillait. Après une longue journée de cour, elle se rendit à l’antre où Eden et Matt lui enseignèrent quelques formules de base. Après plusieurs ratés, elle arriva enfin à utiliser les sorts de téléportation et de lévitation. Après cela, elle et Matt rentrèrent au manoir où ils dinèrent avec Julicia et Rùna. Celles-ci avaient discuté toute l’après-midi de l’inscription du jeune mage au collège et étaient allées se rendre chez une conseillère d’orientation. Par simple curiosité, elle avait fait passer à Rùna un test de QI. Quand elle vit le résultat, elle fit refaire trois autres tests à la jeune fille afin de s’assurer qu’il n’y avait aucune erreur. Plus de doute possible, Rùna était bel et bien une surdouée. Avec un quotient intellectuel de cent quatre-vingts ainsi qu’une culture incroyable pour une enfant de cet âge, elle pouvait démarrer sa scolarité immédiatement en seconde. Il existait d’ailleurs une classe spécialisée pour les surdoués dans le lycée d’Iris. Tout le repas, elles continuèrent d’en discuter l’une pesant le pour et l’autre le contre. Iris et Matt les laissèrent débattre et se goinfrèrent en silence. Le repas fini, ils prirent tous place devant la télévision. Après une heure de film policier, chacun se prépara pour aller dormir. Matt en fit de même, invité par Julicia à venir vivre dans la résidence plutôt que dans l’ancienne école.
À vingt-trois heures, les ronflements de Rùna et Julicia résonnaient dans toutes les pièces. Iris, qui n’arrivait pas à dormir, observa les étoiles depuis le petit balcon de sa chambre. Ses cheveux châtains volaient au grès du vent rafraichissent. Elle se sentait bien et n’aurait changé sa vie pour rien au monde. Elle avait récupéré une mère, gagné une petite sœur et vivait avec son meilleur ami. Ce n’était pas la vie dont elle rêvait, c’était bien mieux.
Au fil des jours, sa vie reprit un cours normal et un train-train quotidien rassurant s’installa. Iris continua les cours de magie et s’améliora lentement mais surement. Elle dut supporter les avances d’Eden et les arguments de Lucian tous les jours. Rùna, après avoir appris les connaissances de base sur Hierro-Terra, fut inscrite dans la classe spécialisée dont lui avait parlé la conseillère. Julicia entreprit l’idée de se trouver un petit boulot pour s’occuper quand les filles étaient au lycée. Elle s’essaya aux métiers de caissière, animatrice, de cuisinière dans un fast-food et bien d’autre avant d’ouvrir sa boutique de fleur dans le centre-ville. Cette paix dura environ trois mois, jusqu’à ce samedi où Julicia reçut une lettre de son ancien époux :
« Ma douce Julicia,
Je suis heureux de savoir qu’après tant d’années, tu es enfin de retour parmi nous. Comme tu peux le voir, je ne suis pas à tes côtés, mais tout mon cœur et mon âme sont avec toi. Je n’ai pas su t’attendre et je me suis remarié. Si tu la rencontrais, je suis certain que vous vous entendriez à merveille. C’est d’ailleurs parce que je meurs d’envie de te revoir que je t’invite à passer quelques jours chez moi à Hérédite. J’espère que tu pourras venir et peut-être parviendras-tu à emmener Iris avec toi. Elle refuse de me voir depuis environ quatre ans, je sais que tu pourras la raisonner.
Ton Yanice »
Deux billets de train étaient joints à la lettre. Julicia, impatiente de revoir son grand amour, s’empressa d’aller en parler à sa fille :
– Iris, je peux te parler une minute. ?
– J’arrive, s’exclama la jeune fille en dévalant les escaliers. Qu’est-ce qu’il y a ?
– Je voudrais savoir si tu voulais venir avec moi voir ton père à Hérédite.
– C’est hors de question ! Je ne veux plus le revoir.
– Mais Iris…
– Je n’ai rien à lui dire et toi non plus. Il ne lui a fallu qu’un an pour se remarier après ta disparition. Il nous a laissé seuls Honoré et moi et il ne nous a plus donné de nouvelle. Nous n’existions plus pour lui et c’est maintenant que tu es revenue qu’il veut jouer son rôle de père. Je ne lui pardonnerais pas ce qu’il a fait !
– Je comprends. Mais j’espère qu’avec le temps ta rancœur diminuera et qu’enfin tu lui reparleras. Puisque tu ne viens pas, j’emmène Rùna avec moi.
– Fait comme tu veux. Ça ne me regarde pas.
– Nous partirons ce soir vers dix-neuf heures. Si tu changes d’avis, dis-le-moi.
Elle s’éloigna vers le laboratoire de Rùna pour lui annoncer la nouvelle. Iris, sur les nerfs à cause de cette lettre, prit un peu l’air dans le quartier. Elle envoya un message à Aélys et Méliana afin qu’elles se rejoignent dans le parc municipal. A sa grande surprise, seule une des jumelles vint. C’était Aélys. Iris l’aborda tout sourire comme d’habitude, mais celle-ci lui parut extrêmement distante et quelque chose lui sembla étrange :
– Salut ! Je suis contente que tu aies pu venir. Méliana n’est pas là ?
– Écoute Iris, si je suis venu c’est pour te dire que ni Méliana ni moi n’avons le droit de te parler.
– De quoi tu parles ? Je ne comprends pas. Ais-je fais quelque chose de mal ?
– Mon père travail avec le gouvernement et il m’a expliqué que tu étais une fugitive, une voleuse et que tu aurais fait évader de dangereux criminels.
– Je te promets que rien de tout ça et vrai. Tu penses vraiment que j’aurais pu faire toutes ces choses et retourner tranquillement au lycée ensuite ? Demande à Méliana, elle te dira tout.
– Elle m’a déjà parlée de la magie en essayant de te défendre. Mais moi, je ne crois pas à ces histoires pour enfants.
– Je te jure que c’est la vérité. Je n’ai rien fait de mal.
– Je suis désolée Iris, mais je ne te crois plus. Désormais, nous ne sommes plus que de simples camarades. Et n’essaye pas d’embobiner ma sœur, je ne te laisserai plus lui parler.
Elle lui tourna le dos et s’éloigna sans un mot. L’incompréhension ou la tristesse, elle ne savait pas comment réagir. Iris compris alors que le gouvernement de Pyravis était de mèche avec celui de Fortius-Mancie et que, si les deux jumelles ne se retournaient contre elle que maintenant, c’était parce que les portails entre les deux mondes s’étaient rouverts. Angoissée par ce qu’elle venait d’apprendre, elle se précipita chez elle. Là-bas, elle convînt sa mère d’avancer son départ pour Hérédite sans pour autant lui dire ce qu’elle risquait :
– Écoute maman, je pense qu’il serait préférable que tu t’en ailles aujourd’hui chez papa. J’ai entendu dire qu’une grève de train aura lieux dans les prochains jours et que cela durera probablement toutes les vacances.
– Vraiment ? Dans ce cas, je préviens ton père puis nous partons. Tu es sure que tu peux rester seule.
– T’en fais pas je me débrouille depuis pas mal d’années déjà. Et puis, Matt est avec moi. Tu peux partir tranquille.
– Dans ce cas, je vais tout de suite me préparer.
Une fois Julicia et Rùna partis, elle invita les trois mages à venir chez elle et leur expliqua toute la situation. Matt réagit avec colère :
– Comment ! Tu as tout révélé à Méliana. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Comment as-tu pu croire que cette pipelette pourrait se taire ?
– Je ne pensais pas que son père…
– As-tu déjà réfléchi aux conséquences ? reprit Matt.
– Arrête de t’énerver ! s’exclama Eden. Elle te dit qu’elle ne pensait pas à mal, alors fiche-lui la paix.
– C’est vrai qu’au lieu de l’accabler on devrait réfléchir à une solution. Tout d’abord, comment le sort à t-il put se rompre ? interrogea Lucian.
– Peut-être que je n’avais pas la puissance nécessaire pour le maintenir ouvert plus longtemps, supposa l’adolescente.
– Je ne pense pas que ce soit la cause, affirma Eden. Quand on lance un sort, toute l’énergie est libérée à l’instant même. C’est vrai qu’un peu de ton énergie a dû continuer d’alimenter le sort après, mais tu ne t’es jamais senti mal et tu ne t’es pas évanouie non plus, donc tu as toujours eut assez de force pour le maintenir. S’il s’est estompé, c’est parce qu’il a été rompu par quelqu’un.
– Mais par qui ? questionna Matt. C’est pas n’importe quel mage qui pourrait rivaliser avec la magie des anges.
Iris eut un éclair de génie. Elle reprit le grimoire qu’Eden lui avait offert et relut la légende. Le collier des anges et l’anneau des abysses y étaient décrits comme deux puissants artéfacts. Ce qui signifie qu’un héritier du sorcier qui aurait pris possession de la bague pourrait sans doute effectuer des sorts aussi grandioses que celui qu’Iris avait réalisé, et même l’annuler. Une fois sûre de son hypothèse, elle la soumit à ses amis :
– Je pense qu’un des héritiers du sorcier peut être derrière tout cela.
– Mais bien sûr ! s’exclamèrent Matt et Eden parfaitement synchros.
Lucian paraissait vraiment surpris et embarrassé par ces déductions. Son visage pâlit et quelques gouttes de sueur dévalèrent son front. Tout indiquait qu’il était trempé jusqu’au cou dans cette affaire. Eden et Matt le comprirent facilement alors qu’Iris, bien plus crédule et innocente, s’inquiéta pour lui :
– Tu ne vas pas bien Lucian ? Tu as l’air vraiment pâle. J’espère que tu n’es pas malade.
– Je vais bien, ne t’en fais pas. Je dois juste être fatigué. Je vais rentrer me reposer, on reparlera de cela demain.
– Prends soin de toi, affirma-t-elle inquiète.
Juste après son départ, Matt et Eden prétextèrent une sortie avec d’autres garçons de leur classe afin de pouvoir suivre Lucian. Tels des agents secrets, ils le pistèrent avec concentration et méthode. Tels des ninjas, ils se fondèrent dans le décor jusqu’à ne faire qu’un avec. Rien ni personne ne pourrait arrêter ces détectives magiques, rien à part une petite fouineuse rousse. Ils étaient tellement concentrés qu’ils ne remarquèrent même pas Kira qui les suivait de près. Il faut dire qu’elle était bien plus entrainée et astucieuse qu’eux. Quand ils furent près des docs, Eden compris que Lucian se rendait dans son repère. Ils l’observèrent depuis une ruelle entrer dans le bâtiment, puis se postèrent devant la fenêtre pour observer ses manigances. Malheureusement pour eux, Kira était déjà derrière eux avec tout un tas de mages prêt à les éliminer. Étant donné le nombre impressionnant d’armes pointées sur eux, ils préférèrent capituler sans même essayer de combattre. Lucian fut à la fois étonné et intrigué par la présence de ses ennemis de toujours. Il les interrogea sur ce qu’ils pensaient avoir découvert :
– Je vous écoute. Que me reprochez-vous cette fois ?
– D’avoir ouvert les portails, affirma Eden.
– Pourquoi aurais-je fait cela ? interrogea-t-il. Je suis tout autant en danger que vous maintenant. En plus, je ne suis pas un héritier du sorcier et je n’ai pas la bague.
– Bah pt’être qu’t’en connais un et que tu lui as demandé, supposa Matt persuadé de sa culpabilité.
– Dans ce cas, je vous le demande, qu’est-ce que j’avais à gagner ?
– On ne sait pas encore, mais on va le découvrir ! s’exclama Eden.
– Eh bien enquêtez, vous ne trouverez rien. Maintenant, si vous n’avez plus aucune autre accusation à me faire, fichez le camp !
– Très bien Lucian, mais tant qu’on n’est pas sûr de ton implication, tu ne t’approches plus d’Iris ! Ordonna Eden
– C’est ce qu’on verra. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, c’est une grande fille qui décide elle-même qui elle voit.
Les deux ados furent raccompagnés par Kira jusqu’à la sortie. Maintenant qu’ils étaient repérés, il leur fallait trouver un autre endroit pour chercher des indices. Comme ils étaient à court d’idées, ils se rendirent au manoir de Félicité afin d’expliquer à Iris leurs soupçons. Quand ils arrivèrent, ils trouvèrent l’enchanteresse allongée sur son canapé recouvert de paquet de chips et la bouche au goulot d’une énorme bouteille de soda à l’orange. La pièce était redevenue la porcherie qu’elle était avant le retour de Julicia. Iris était dans une période de dépression à cause de la lettre de son père et de l’inquiétude que lui causait le retour menaçant du tribunal. Qui plus est, Méliana et Aélys ne voulaient plus lui adresser la parole. Tout semblait aller mal et cela lui rappelait son passé, quand tous ceux qui lui était chers l’avaient abandonnée. Alors les yeux noyés par les perles d’eau de sa tristesse, elle visionnait des séries télévisées où tout le monde était heureux et entouré et elle enviait leur vie, elle rêvait d’une existence simple et sans problèmes. D’une vie sans péripétie. Matt qui l’avait déjà vue comme cela compris qu’il valait mieux la laisser seule pour le moment et remis la discutions à plus tard. Il monta dans sa chambre où il passa le reste de l’après-midi à réfléchir. Eden s’approcha doucement de l’élue de son cœur et ôta de ses cheveux les aliments qui s’y étaient coincés. Elle le regarda avec ses grands yeux troublés, silencieuse et intriguée. Quand il se pencha vers elle pour essuyer ses larmes et qu’elle sentit son souffle effleurer son visage, sont cœur s’accéléra. Il déposa ensuite sa main sur sa nuque et l’attira doucement vers son visage. Quand ils furent si proches que leurs nez se touchaient, elle murmura à son prince juste au-dessus d’elle: « Tu es là pour moi ? » ce à quoi il répondit en chuchotant « Pour toute l’éternité ». Puis ils fermèrent leur paupière et déposèrent délicatement leurs lèvres les unes contre les autres. Ce petit, mais tendre baiser redonna à Iris une pointe de confiance en elle. Elle se redressa et serra l’adolescent contre elle. Cette étreinte romantique dura une longue minute. Une minute durant laquelle aucun son ne retentit dans la pièce à part celui des cœurs des deux amants qui battaient en harmonie. Eden brisa le silence en lui déclarant :
– Tu n’as plus jamais à être seule.
Cette phrase retentit comme la plus merveilleuse qu’on lui ait dite. Elle l’avait repoussé depuis tant de temps, trop effrayé de se réveiller et de le voir arrêter d’être ce prince qu’elle avait idéalisé comme le plus grand des gentlemen. De le voir redevenir un psychopathe sadique sans aucun sentiment pour elle. Mais cette fois, il était si honnête. Il était plus réel que dans tous ses rêves. Meilleur, plus beau et plus gentil. Dans les tendres yeux pourpres d’Eden elle voyait une lueur que personne ne lui avait jamais adressée, elle qui n’avait jamais été aimée à ce point. Elle se sentait liée par ce doux baiser comme s’il avait fusionné avec celui qui le lui avait donné. Une autre larme coula doucement de son œil droit. Eden la rassura :
– Je ne te laisserai plus, alors ne pleure plus et souris-moi s’il te plait.
– Tu étais là et je ne voyais pas à quel point je t’aimais. Je n’ai fait que te repousser et toi, tu n’as pas abandonné. Je suis si bête. Si je suis toujours seule, c’est parce que je ne pouvais pas accepter qu’on tienne à moi, qu’on reste près de moi. Toutes les fois où j’aurais dû accepter tes présents et tes poèmes…
– Arrête de t’accabler. Tu n’as rien fait pour être seul. Tu n’as juste pas eu beaucoup de chance auparavant, mais maintenant, tout cela est fini. Ce qui compte c’est que tu es enfin ouvert les yeux.
– Merci pour tout Eden.
– Ce n’est rien. Je suppose que tu veux bien être ma petite amie maintenant.
– D’accord, mais dans ce cas, je ne peux plus être ton assistante, affirma-t-elle ironique. Ça ne te dérange pas ?
– Je crois que j’arriverais à vivre avec, dit-il en riant.
Un sourire plus radieux et lumineux que les soleils eux-mêmes étincela sur le visage encore mouillé d’Iris. Eden s’approcha à nouveau et l’embrassa pour lui dire en revoir. Il retourna chez lui le cœur encore retourné par ce baiser au gout de chips, de soda et d’amour. Elle aussi était troublée et songeait à eux deux, en repensant à chaque moment qu’ils avaient échangé. Ils passèrent chacun la soirée à contempler les lunes en pensant l’un à l’autre.
Matt la sortie de ses pensées en lui apportant son plat préféré, une crêpe surmontée de deux boules de glaces, vanille-noisette, recouverte par un nuage de crèmes fouettées le tous nappés par un coulis de chocolat au lait et saupoudrés de vermicelle de sucres multicolores :
– Je m’suis dit que tu d’vrais avoir faim.
– Tu supposes bien. Pour un tel plat, j’ai toujours faim ! s’exclama-t-elle.
– Eh bien, tu as retrouvé le sourire plus vite que j’imaginais
– Tu m’as vue pleurer ? Je suis désolée si je t’ai inquiété.
– Alors, pourquoi tu déprimais sur le canapé au milieu de paquets de chips ?
– Mon père a écrit. Il voulait que je vienne le voir maintenant que ma mère était de retour. J’ai encore refusé, mais, après avoir réfléchi longuement, je crois que je devrais y aller. Un jour, il sera trop tard pour qu’on se pardonne et alors, je ne m’en remettrais pas.
– Je comprends. Tu comptes partir quand ?
– Dans deux ou trois jours. Mais rien n’est encore sûr. Je ne sais pas si j’aurais le courage de lui parler.
– Je pense que tant que tu as envie d’y aller tu devrais partir. Prends le train demain et passe un peu de temps avec ta famille. Surtout qu’il serait peut-être temps que tu rencontres tes deux petits frères.
– Et si jamais je ne les aimais pas. Je ne peux pas m’ôter l’idée qu’ils m’aient volé mon père, alors qu’intérieurement, je sais qu’ils n’ont rien à voir là-dedans.
– Ais confiance, tout se passera bien.
– Tu as sans doute raison, mais vous avez besoins de mon aide pour les portails.
– On se débrouillera sans toi, t’en fais pas. Tu n’as qu’à refaire l’enchantement de temps à autre pour t’assurer qu’ils restent fermés.
– Bien ! tu m’as convaincu. Je partirai demain matin.
– Très bien. J’te laisse te régaler et dormir. On se revoit demain pour ton départ.
Elle lui répondit par un grand sourire couvert de glace et de chantilly.
Le lendemain matin, elle fit rapidement sa valise et se prépara au départ. Après s’être habillée, coiffée et avoir rapidement mangé une pomme, elle dit au revoir à Matt. Avant de se rendre à la gare, elle fit un tour chez son nouveau petit ami. Eden fut réveillé par le toc-toc incessant du poing d’Iris sur sa porte. Quand il lui ouvrit, elle se jeta à son cou pour l’embrasser. Comme la belle au bois dormant ce baiser le réveilla totalement. Il fut surpris de cette visite si matinale. Iris commença par s’excuser de l’avoir réveillé, puis lui parla de son départ imminent :
– Je suis passé pour te dire au revoir. Je vais prendre le train dans une heure pour aller voir mon père à Hérédite.
– Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé hier ? demanda-t-il un peu contrarié.
– Et bien, je ne savais pas encore quand je partirais jusqu’à ce que Matt m’en convaincu. Mais ne t’en fais pas, je serais là dans une semaine.
– Je ne m’en fais pas, je trouve juste cela trop précipité. Tu es sure de vouloir partir maintenant ?
– Si je ne le fais pas maintenant je n’aurais pas le courage d’y aller. Je te promets que mercredi prochain à la même heure, je viendrais te voir. Je dois y aller maintenant ou je serais en retard.
– Laisse-moi t’accompagner, je pourrais te dire au revoir là-bas.
– Tu as raisons et ce sera bien plus romantique comme cela.
– C’est vrai qu’une si belle rose comme toi a besoin d’un entretien à sa hauteur.
– Et seul le « prince du lycée» pourrait en être capable, reprit-elle.
Ils échangèrent un rire complice. Eden enfila rapidement une chemise blanche, un veston bleu et une cravate desserrée jaune ainsi qu’un jean bleu marine. Il chaussa ses baskets noires aux lacets de même couleur que sa cravate puis retourna auprès de son invitée. Il lui ouvrit la porte et, comme tout gentleman qui se respecte, il lui porta sa valise. Jusqu’à la gare, il la contempla comme si c’était la dernière fois. Puis arrivé sur les quais, il lui prit les mains délicatement et les embrassa chacune leurs tours. Il la regarda monter dans le train et observa jusqu’à la dernière seconde l’appareil qui disparaissait, trop vite.
Après avoir quitté la gare, il se rendit directement au manoir. Quand Matt lui ouvrit la porte, il lui colla directement son poing à la figure et il s’exclama :
– Ça, tu l’as bien mérité !
– J’peux savoir pourquoi tu m’as frappé ? Ça ne va pas bien chez toi !
– Pourquoi t’as demandé à Iris de partir ? Tu ne pouvais pas supporter que je sois avec elle, c’est ça ?!
– Si je lui ai dit de prendre ce train, c’est pour qu’elle aille voir son père, mais c’est vrai que j’ai eu un certain plaisir à l’éloigner de toi.
– Pourquoi tu as fait ça ? Elle t’intéresse ? Tu es jaloux, c’est ça ?!
– Ça n’a rien à voir. Je considère Iris comme ma sœur et je ne veux pas qu’elle traine avec toi. Et toi, tu es mon meilleur pote. Je te connais bien. Pour l’instant elle t’amuse alors tu lui promets la lune et quand t’auras fini de jouer avec, tu la laisseras comme toutes les autres. Et alors là, sa déprime d’hier soir n’aura l’air que d’un léger coup de blues comparé à la détresse dans laquelle tu la laisseras.
– Ce n’est pas comme les autres fois, affirma-t-il avec une grande sincérité.
– Arrête ton baratin et laisse tomber. Si je te vois encore la draguer, t’auras affaire à moi !
En temps normal, Eden n’aurait pas cru aux menaces de Matt mais il les avait prononcés avec tant de sérieux que tout laissait croire qu’il l’enverrait à l’hôpital s’il se faisait encore prendre à séduire Iris. Mais il était éperdument amoureux et ne voulait pas renoncer à elle. S’il voulait éviter d’avoir affaire à Matt, il allait devoir se faire plus discret à l’avenir.
Les garçons après avoir réglé leurs comptes commencèrent enfin à parler de leur enquête sur Lucian. Matt avait bien réfléchi, s’ils voulaient en apprendre plus, ils devaient rechercher cet héritier. Ils devaient sans doute il y avoir des informations sur l’anneau des abysses parmi les documents qu’Eden avait volés à Lucian. Ils prirent chacun une pile de dossiers et entamèrent une longue lecture. Au bout d’une quinzaine de minutes, Matt l’interpella pour lui montrer sa découverte :
– Eh ! Regarde ça. Il est écrit ici qu’une grotte dédiée au sorcier serait dissimuler quelques parts dans la plaine des Troodons au sud d’Osauryx.
– Osauryx ? C’est assez problématique…
– Pourquoi ça ?
– Eh bien si tu suivais en cours, tu saurais qu’aucun transport ne conduit à Osauryx et qu’aucune carte du territoire n’a encore été établie.
– Eh bien on n’a qu’à s’y téléporter, p’tit génie.
– Sauf qu’il faudrait qu’on visualise le lieu de téléportation et comme on n’y est jamais allé et qu’aucune photographie des lieux n’existe, on ne peut pas utiliser la magie pour s’y rendre.
– Alors, on doit y aller de nous-mêmes et je pense avoir une idée.
Matt se rendit au troisième étage dans l’aile sud du bâtiment. Derrière une grande porte en bois se trouvait la bibliothèque. Les murs de cette immense salle étaient tous couverts de livres pour certains uniques. Cette impressionnante collection contenait des ouvrages secrets datant d’avant la séparation. L’un d’entre eux relatait la création de Pyravis sous forme de légende. Ce livre, Iris et Matt l’avaient lu des milliers de fois. Voilà ce qu’il y avait d’écrit :
« Des voyageurs exploraient le Nouveau Monde en quête d’une terre exploitable pour la fondation de leur ville. Malheureusement, dans l’immensité de la forêt tropicale, ils finirent par se perdre. Après trois nuits à s’enfoncer dans les obscurités sauvages, une lumière vive vint éclairer leur route. Ils se laissèrent guider par cette étoile filante jusqu’à une plaine fleurie traversée par une rivière assez large et profonde pour alimenter une ville. Un nid de paille grand de plusieurs mètres était sous un arbre et luisait de la même couleur que celle de la lumière qui les avait guidés. Quand ils s’approchèrent, ils virent une immense créature écailleuse à l’allure d’un oiseau, allongé dans le lit de brindille. Le dragon couleur feu leur apparut comme le protecteur de cette terre. Au fil du temps, cette plaine devint un village puis une ville. Mais un jour, des hommes avides de pouvoir voulurent posséder et exploiter le dragon. Le protecteur se retourna contre les habitants et mit le feu à tout ce qui se trouvait sur son passage. Malgré sa puissance, le dragon fut vaincu par les Hommes et fut enfermé dans une grotte à la périphérie de la ville. C’est comme cela que fut bâtit Pyravis, la ville de l’Oiseau de feu. On raconte que les tremblements de terre que subit la ville sont dû au dragon qui essaye de s’évader de sa prison de roche. »
Eden plutôt septique demanda à Matt :
– Ton plan ce n’est pas d’utiliser le dragon, j’espère ?
– Bah si ! C’est un moyen de transport rapide et une arme efficace en cas de problème.
– Ce n’est qu’une légende pour enfant. Les dragons, ça n’existe pas.
– Qu’est-ce qu’on en sait ? Des tas de contes parlent de dragons sur Fortius-Mancie.
– Même si c’était vrai, la ville a plusieurs millénaires. Le dragon doit déjà être mort depuis le temps.
– Il y a toujours quelques tremblements de terre donc c’est que lui ou un de ses descendants est en vie.
– Je n’y crois pas à ton histoire. Je vais chercher une autre solution. Tu n’as qu’à partir à la chasse au dragon pendant ce temps. Moi, je vais explorer des pistes plausibles.
– Tant pis pour toi. Moi j’ai les tripes d’aller trouver ce gros oiseau. Et je n’ai pas besoins de toi pour le faire.
Matt sortit de la maison avec le livre en main. Pour trouver le lieu de la grotte, il allait avoir besoin de l’aide d’une professionnelle. Il s’empressa de lui téléphoner dès qu’il fut assez loin du manoir :
– Iris, c’est moi.
– C’est qui moi ? interrogea-t-elle faisant semblant de ne pas savoir.
– T’as bientôt fini de faire l’idiote ? C’est Matt.
– Je te préviens, je raccroche à la prochaine insulte, affirma-t-elle contrariée. Alors qu’est-ce que tu me veux ?
– Je voulais prendre de tes nouvelles puis parler à Rùna.
– Alors mes nouvelles ? Mon père fait tout pour se racheter et ça m’embarrasse et me culpabilise. Je n’arrête pas d’ignorer ma belle-mère et j’ai enfin fait la connaissance de mes deux petits frères. Ils s’appellent Acquila et Zeno et ils sont tout simplement adorables. Enfin, je pense que ça me fait du bien de découvrir ma famille paternelle et de revoir mon père après tant d’années.
– Je suis content que tout se passe bien pour toi. En fait, tu peux prolonger ton séjour, Eden et moi allons devoir nous absenter de Pyravis quelques jours.
– Quoi ! Où est-ce que vous allez sans moi ?
– On va se terrer dans une grotte, affirma-t-il ironiquement.
– C’était une question sérieuse, Matt.
– On recherche des indices pouvant nous conduire à l’anneau des abysses, mais pour l’instant on n’a pas grand-chose. Si on a besoin de toi, on te contactera. Maintenant, tu peux me passer Rùna ?
– Tiens j’te la passe, mais n’oublie surtout pas de me rappeler à la seconde ou vous avez quelques choses.
Iris se rendit au bord de la piscine où Rùna rêvassait sur un orque gonflable et lui donna le portable :
– Alors comme ça, t’as quelques choses à me demander mauvaise herbe. Ça va te couter cher, mais si tu me supplies, je pourrais peut-être t’accorder une partie de mon immense savoir.
– Te supplier ? Prends pas tes rêves pour la réalité la savante folle en couche-culotte.
– Dans ce cas je raccroche…
– Attends ! Si tu m’aides je t’arrangerai un rendez-vous avec Eden.
– Je te dirais tout ce que tu veux savoir ! s’exclama-t-elle très intéressée.
– Je préfère ça. Alors que pourrais-tu me dire sur les dragons ? Je veux en trouver un et je ne sais pas comment.
– Tu veux chercher un dragon ? Même moi je sais que c’est qu’une légende pour enfant ! affirma-t-elle en se moquant de lui.
– C’est bien pour cela que je te pose la question.
– C’est ça moque toi le vieux. Si tu cherches vraiment cette créature mythologique, voilà ce que je sais. D’après les divers écrits sur eux, il est dit que les dragons dégageraient une forte chaleur et qu’ils vivraient à l’abri des regards. Certaines espèces pourraient parler comme nous. Il est aussi conté qu’ils sont attirés par un chant appelé la mélodie des dragons. Mais aucune partition portant ce nom n’aurait été trouvée. C’est tout ce que je sais.
– Ça devrait être suffisant. Oh ! Une dernière chose. Dans le labo que t’as installé au sous-sol du manoir, est-ce qu’il y aurait un appareil capable de capter une grande source de chaleur ?
– J’ai des lunettes infrarouges, mais je ne pense pas que ça te soit très utile.
– Je te les emprunte quand même.
– Ne me les casse pas ou tu seras mon prochain cobaye. Je dois te laisser maintenant. N’oublie pas mon rendez-vous.
Elle raccrocha et reprit sa sieste au soleil. Matt retourna au manoir sans se faire apercevoir d’Eden et se rendit au sous-sol. Quand il ouvrit la porte, il se trouva face à la copie conforme du laboratoire du palais des lumières. Tout était soigneusement rangé. L’un mur était recouvert de lunettes de formes, couleurs et fonctions différentes. Trouver la bonne paire allait être plus compliqué que prévu. Il les essaya une par une. Après les lunettes à rayon X, stéréoscopique, vidéo et bien d’autre, il finit enfin par trouver les lunettes à vision infrarouge. Il comprit à peu près leur fonctionnement en les essayant. Bien sûr, il n’allait pas les porter dans toute la ville, mais seulement dans les lieux pouvant abriter le dragon. Il fouilla toute la forêt à la périphérie de la ville ainsi qu’une partie des montagnes, mais aucune source de chaleur anormale ne fut décelée. C’est alors qu’un éclair de génie traversa cette petite tête rouge. A l’époque où le livre fut rédigé, Pyravis n’était pas d’aussi grande envergure. Donc la grotte devait se trouver dans un endroit à la périphérie de l’ancienne ville. Cette révélation arriva trop tard et la recherche dû être remise au lendemain. Quand il rentra au manoir, il trouva Eden en train de jouer du piano dans le salon. Une musique mélancolique et douce enveloppait la pièce. Les notes se suivaient avec harmonie dans un rythme parfait. Le pianiste était absorbé par la musique si bien qu’il n’entendait que la mélodie et ne voyait que l’instrument. Il ne bougeait la tête que pour regarder la partition, où devrais-je dire le livre. Car c’était sur le grimoire d’Iris qu’étaient inscrites les notes. Matt observa le musicien sans un mot jusqu’à ce qu’il finisse son morceau, et même après la dernière note, il resta silencieux un moment, encore retourné par l’effet de cette mélodie. Puis quand Eden se retourna, il lui demanda l’utilité cette musique :
– Quel sort déclenche cette mélodie ?
Eden resta silencieux un long moment, plutôt embarrassé. Cette musique intitulée « la mélodie des cœurs » permettait à deux personnes liées par des sentiments très forts et étant éloigné de sentir la présence de l’être aimé. Ainsi, Iris et Eden avaient pu partager un moment à deux malgré les distances. Comme Matt allait sans aucun doute le défigurer s’il apprenait qu’il continuait de séduire Iris, il préféra passer à un autre sujet :
– Ses vertus… aucune idée. Mais dis-moi, tu l’as trouvé ce dragon ? interrogea-t-il avec un semblant d’intérêt.
– Presque, je suis sûr de le trouver demain. Et toi, tes recherches « sérieuse », t’en es où ?
– Comme je n’ai rien trouvé, j’ai décidé de t’aider à chercher ce dragon. Je n’ai rien de mieux à faire de toute façon.
– Tu t’avoues déjà vaincu ? Ça m’arrange parce que je vais avoir besoin de tes talents de musiciens.
– Comment ça ? Je croyais que tu cherchais un dragon pas un musicien.
Matt lui raconta tout ce que lui avait appris Rùna, en omettant bien sûr l’histoire du rendez-vous. Quand la « mélodie du dragon » fut abordée, Eden se souvint alors avoir vu une partition éponyme dans le livre de sort. Après avoir feuilleté un moment les pages du livre, ils trouvèrent enfin le chant. Matt prit son air satisfait et profita de l’instant pour se moquer de son camarade :
– Si les dragons n’existent pas, à quoi peut bien servir cette partition selon toi ? Le mieux dans tout ça, c’est que tu viens toi-même de prouver que t’avais tort. On se la ramène moins p’tit génie.
– C’est bon, t’as fini tes moqueries ? Tu avais raisons si ça peut te satisfaire. Maintenant, peut-on se mettre au travail ?
– T’es susceptible ! s’exclama-t-il encore tout souriant de sa victoire. Bon ! Plus sérieusement, tu penses pouvoir me chanter ça ?
– C’est écrit ici que seul l’enchanteur dragon peut utiliser ce sort. Je commence à croire qu’il est plus difficile de trouver ce dragon plutôt que de rechercher des indices.
– C’est notre seul moyen d’accéder à cette fichue grotte et ainsi trouver le possesseur de la bague. Tant qu’on ne l’aura pas trouvé et neutralisé, on ne sera pas en sécurité.
– Je sais bien, mais je trouve que cela prend trop de temps.
– Alors, pressons-nous de trouver cette enchanteresse. A-t-on des indications sur cette personne dans le grimoire ?
– Je ne pense pas qu’on en aura besoin, affirma Eden en pleine réflexion. En fait, je suis presque certain que l’une des sbires de Lucian était qualifiée d’enchanteresse dragon dans les dossiers que je lui ai volés.
– Eh bien, fouillons les fiches et trouvons-la. On aura plus qu’à lui demander de chanter.
Une grande partie de la nuit, ils relurent les dossiers. Eden tomba sur un document ne concernant aucunement l’enchanteresse, mais ayant tout de même son importance. C’était la feuille d’information d’Aurélian Antiqua, le frère de Matt. Il serait un marionnettiste travaillant pour Lucian. Eden préféra garder ces informations pour lui afin d’éviter une autre dispute avec son ami. Pendant environ une heure, ils continuèrent leur recherche jusqu’à tomber sur celui d’une dénommée Kenna Avia. D’après les indications, la jeune magicienne était âgée de dix-sept ans et vivait seule dans un appartement dans la banlieue de Pyravis. Les deux mages établirent le plan suivant : Eden irait convaincre l’adolescente d’utiliser ses pouvoirs tandis que Matt trouverait le lieu où l’incantation devrait être prononcée…
Le lendemain, Matt observa avec ses lunettes tous les lieux qui pourraient être susceptible d’héberger le dragon. Il marcha près de trois heures et trouva enfin un endroit dégageant une chaleur anormalement élevée. Le dragon devait se trouver sous un des rochers du square des quais. Après une rapide observation, il remarqua que l’un des rochers était brulant alors qu’il n’était même pas exposé au soleil. Maintenant qu’il était certain d’avoir trouvé le lieu, il ne lui restait plus qu’à attendre le retour d’Eden en espérant qu’il ait pu convaincre l’enchanteresse dragon.
Eden était justement en train de frapper à la porte de la magicienne. Quand elle ouvrit la porte, elle attrapa l’adolescent par le col et le força à entrer puis, elle le balança sur un vieux fauteuil usé. Ensuite, elle saisit un six coups posés sur une étagère à l’entrée. Toute tremblante, elle interrogea Eden en perdant rapidement son calme et en criant à la fin de chaque phrase :
– Qu’est-ce tu veux ? C’est Antonin qui t’envoie c’est ça ?! Vous ne m’aurez pas !
– Tu te trompes, expliqua-t-il en essayant de dissimuler sa peur et de l’apaiser, je n’ai rien avoir avec cette personne. En fait, je ne la connais même pas.
– Si tu crois que je vais gober tes histoires ! Je ne me laisserai plus avoir par vous, je ne vous appartiens plus !
– Écoute-moi. Je m’appelle Eden et je suis seulement venu te demander de m’aider. J’ai volé des dossiers à Lucian et ton adresse était dedans c’est comme cela que je t’ai trouvée. Personne ne m’a envoyé.
– Dans ce cas, que me veux-tu ? Si tu mens, j’te promets que j’t’envoie six bastos dans ta jolie p’tite tête.
– Tout d’abord, merci du compliment, mais j’ai déjà une copine. Et si je suis venu ici, c’est pour te demander d’invoquer un dragon pour moi. J’ai besoin de me rendre dans un pays lointain et à part le dragon je n’ai aucun moyen de transport pour m’y rendre. Après, je te laisserais tranquille, c’est promis.
– Je l’ai déjà dit à Lucian, je ne sais pas invoquer les dragons !
– Ça tombe bien parce que moi, oui.
La déclaration d’Eden surprit et intéressa Kenna. Elle avait toujours été frustrée de ne pas pouvoir utiliser les pouvoirs que lui avait transmis son père. Leur tradition familiale voulait qu’elle apprenne par elle-même à les utiliser. Toute sa famille la considéré comme un paria à cause de son incapacité à invoquer les dragons, et ce, depuis déjà plusieurs années. Devenue la risée de tous, elle avait fait le choix de ne plus voir les siens avant d’avoir réussi ce pour quoi elle était faite. Après avoir réfléchi, elle se décida à accepter :
– J’accepte de t’aider à condition que tu me laisses venir avec vous là où tu emmènes le dragon.
– Marché conclu. Maintenant, tu veux bien ranger ton arme s’il te plait ?
– Dac, mais si j’apprends que tu bosses avec ce manipulateur de Lucian, je le ressors et j’te descends avant même que t’aies le temps de dire ouf !
Eden rejoignit Matt dans le square. Dès que le regard de Kenna croisa celui de Matt, ce fut le coup de foudre. Du moins pour l’adolescente, car, même si Matt ne resta pas indiffèrent au charme de la jeune fille aux yeux noirs, il n’était pas du genre à s’amouracher si facilement. Une fois les présentations faites, la cantatrice entama son chant. Une douce mélodie se répandit et fit vibrer les feuilles des arbres. Au fil des notes, l’apparence de l’enchanteresse se métamorphosa. Ses cheveux verts fusionnèrent avec son dos et les pointes se partagèrent en deux grandes ailes de même forme que celles d’une chauve-souris. Quelques écailles turquoises apparurent sur son front, ses joues et sur ses poignets. Ses oreilles s’allongèrent, ses pupilles se dilatèrent et son teint prit une teinte verdâtre. Un sceau magique apparut sur la pierre et la fit exploser. Un escalier menant à un passage souterrain se dévoila alors sous les yeux des trois adolescents. Ils s’enfoncèrent dans le tunnel, lampes torches à la main. Pendant qu’ils exploraient les lieux, Kenna, encore sous sa nouvelle forme, entama un véritable interrogatoire :
– Comment avez-vous trouvé ce lieu et cette partition ?
– On a cherché. T’as pas de questions plus intelligentes ? interrogea Matt.
– Si j’en ai, répliqua-t-elle ! Pourquoi est-ce que deux mages comme vous avez besoin d’un dragon pour voyager. Vous pourriez utiliser votre magie et vous téléporter.
– On ne peut pas. Ça te va comme réponse ?
– Nous allons dans le territoire des Troodons, une espèce de dinosaure surévoluée, expliqua Eden avec plus de court C’est trop dangereux pour les Hommes de se rendre là-bas, du coup, personne ne sait à quoi ressemble cet endroit. C’est pour cela que nous ne pouvons-nous y téléporter. Même pour nous, ces immenses reptiles sont une menace. Tu es sure de vouloir venir avec nous ? questionna Eden.
– Pas de doute, je vous accompagne ! Vous ne vous en sortirez pas à deux et je ne suis pas encore sûr que vous ne complotiez pas avec Lucian. Je sais même pas ce que vous comptez faire à Osauryx.
– On te racontera tout une fois en route, reprit Matt d’un ton sec. Maintenant, tais-toi, on approche d’une salle et le dragon y est sans doute !
Elle envoya à Matt un regard plus noir que la nuit auquel celui-ci répondit par une grimace. Avec ces deux têtes brûlées, Eden n’allait surement pas s’ennuyer. Un grand séisme fit trembler le sol et un hurlement terrifiant fit frissonner les trois aventuriers. À cause du tremblement de terre, le chemin se referma derrière eux. Ils étaient pris au piège et étaient désormais contraints de demander de l’aide au dragon. Ils pénétrèrent dans une salle immense ou l’objet de leur recherche se jetait contre les murs pour tenter de s’évader. Le dragon indigo, de longueur et hauteur équivalente à celle d’un camion de transport, était tenu en laisse par une épaisse chaine en métal. Ses ailes étaient semblables à celle de Kenna, mais bien entendu, elles étaient beaucoup plus imposantes que celles de l’enchanteresse. À chacun de ses cris, ses quatre langues fourchues et longues de plusieurs dizaines de centimètres sortaient de son énorme gueule. L’allure impressionnante de la bête coupa la parole aux adolescents et les paralysa sur place. Ses yeux jaunes aux pupilles semblables à celles d’un chat les fixèrent longuement. Puis le monstre prit une immense inspiration qui aspira les gravats aux alentours et qui fit voler les cheveux des mages. Tout cet air qu’il avait aspiré se transforma en un souffle enflammé qui frôla de très près Matt, Eden et Kenna et qui les sépara chacun dans un coin de la pièce. Matt cria à Kenna :
– Si ça continue comme ça, on va cramer sur place ! Fais quelques choses Kenna !
– Je n’sais pas quoi faire ! La partition, je l’ai lâché en m’écartant et elle a brulé. Je peux plus rien faire pour vous alors, débrouillez-vous !
– Ok, on se calme, expliqua Eden. Matt, fais diversion tandis que moi je l’immobilise. Kelly, comme t’es à moitié dragon, tu pourras peut-être lui parler.
– Kenna ! Je m’appelle Kenna ! Et je n’parle pas le reptile !
– Peu importe, essaye quand même ! s’exclama Eden
Matt se posta droit devant le dragon, bouclier et épée à la main, fixant droit dans les yeux la bête et la défiant du regard. Il allait devoir servir d’appât et ne jamais contre-attaquer afin de l’empêcher de les tuer tout en pouvant préserver ce moyen de transport qu’ils étaient venus chercher. Pendant ce temps, Eden se lança dans une longue incantation destinée à paralyser le reptile. Comme ils avaient affaire à un ennemi de grande envergure, il lui faudrait avoir le champ libre une dizaine de minutes pour arriver à la fin du sortilège. Mais tiendraient-ils jusque-là ?
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