CHAPITRE VI : Danger

Et encore une affaire de résolue… Mais pas par mon équipe… Qui suis-je? Loan Hunter. J’ai 16 ans depuis peu et je travaille, en temps que détective à plein temps, à la brigade spéciale d’enquête des meurtres, qu’il soient en série ou non. Malgré mon jeune âge, j’ai une intelligence supérieure et je suis un surdoué, et c’est pourquoi je ne vais plus à l’école depuis l’âge de 12 ans, mon père m’en ayant retiré à l’aide d’une dérogation, afin que je travaille pour lui. En effet, c’est lui le chef de cette brigade. Il a constitué 3 équipes, dont 2 composées de plus d’une dizaine d’agents, et la dernière, celle qui est souvent méprisée par les autres (surtout la B), n’étant même pas considérée comme une vraie équipe, la mienne, l’équipe C…

Hélas, malgré ma présence et celle de mon cerveau supérieur, nous ne résolvons pratiquement aucune enquête, à part celles mettant en scène des suicides (en même temps, on a juste à affirmer sur un papier officiel que c’est bel et bien un suicide et c’est résolu)… J’aimerais seulement que mon père soit fier de moi… Mais pourquoi me met-il dans cette équipe composée seulement de 3 autres agents ? Contrairement à moi, ils ne sont pas très futés, et c’est souvent de leur faute si nous n’arrivons pas à clore nos enquêtes… Je pense donc que c’est pour me mettre à l’épreuve que mon père m’a fait intégré cette équipe, mais d’un certain point de vue, du mien en tout cas, c’est quelque chose de sadique et d’inhumain… Tout ce que je veux, moi, c’est que mon père soit fier de moi ! Et qu’il m’adresse la parole, comme un vrai père à son fils ! Et non faire comme si j’étais un étranger à ses yeux ! En plus, avec la mort de ma mère, je ne suis plus que sa seule famille… Et s’il refoule sa descendance, comme un vulgaire déchet, c’est cruel de la part d’un père, vous ne trouvez pas ?! De plus, en m’abandonnant à mes 12 ans, il m’a également privé de foyer, et le bureau de mon équipe est mon unique logement… Donc s’il ne m’avait pas intégré dans la police, je vivrais dehors…
Bon, passons. Au point où on en est, il faut à tous prix résoudre la prochaine affaire, sinon je m’en voudrais jusqu’à la fin de ma misérable vie, car je ne serais plus digne de lui…

Je suis mi-français, mi-américain (mon père est français, et ma mère était américaine), et j’ai grandi aux États-Unis, puis je suis venu en France (on se demande pourquoi) avec mon père à mes 7 ans. C’est là-bas que je suis devenu obsédé par les tranches de fromage. Oui, je suis un énorme mangeur de tranches de fromage, c’est une des raisons de mon existence (je ne suis pas gros pour autant, au contraire, je suis mince) ! Je ne sais pas pourquoi, mais je pense toujours que c’est ce détail qui rend mes cheveux blancs, mais ce serait alors très étrange ! En effet, mes cheveux sont d’une blancheur inhabituelle pour mon âge. Mais arrêtons de parler de moi, ce n’est pas quelque chose que j’apprécie… En revanche, même si je la trouve incompétente, je me dois de vous parler des personnes qui composent mon équipe… Mais que ce soit clair : je ne fais qu’un vif résumé, je ne veux pas y passer trois heures.

Tout d’abord, il y a Kyle Butler, 21 ans, qui a lui aussi des origines américaines. Un type sympa, mais vachement maladroit et assez enfantin, qui dort souvent, surtout lorsque les autres bossent… C’est une particularité, d’ailleurs on s’est dit que ça venait de là ses crises de fainéantise aiguë… Il est également le plus jeune de la brigade après moi, et le dernier membre à avoir intégré notre équipe. Puis il y a Marco Santini, 36 ans, provenant d’une brigade du sud de la France, qui a été muté dans la notre après avoir agi violemment avec son supérieur, je ne sais dans quel contexte, car il déteste qu’on lui parle de cela, et parle d’un ton quelque peu « abrupt ». Pour finir, Anna Belle, 26 ans, spécialiste dans tout ce qui est recherche, mais qui est complètement folle, et qui n’arrive jamais à rester concentrée… Quelle équipe de choc, n’est-ce pas ?

Mais ce jour-là, le jeudi 29 Janvier, dans la nuit, là où sortent les ombres, le bureau reçut des vidéos de caméras de surveillance et le dossier d’un meurtre récemment commis dans une petite boutique située dans les banlieues de la ville. Un agent de l’équipe B me le transmis, après avoir descendu les escaliers qui menait au sous-sol, là où se trouvait notre bureau. En effet, pour mettre en évidence notre infériorité et notre insignifiance, le bureau de mon équipe était le seul à se situer au sous-sol du bâtiment de police… Ouvrant la porte du bureau sans gêne, l’agent m’interpella :

« Tenez, Hunter ! Une nouvelle affaire pour votre équipe! Cette fois-ci, j’espère que vous allez la résoudre sans que les autres équipes ne le fassent à votre place ! Bande de crétins incompétents…
– Merci, Monsieur Martin… répondis-je, sur un ton insipide.
– Crétins incompétents ?! s’énerva Marco, craquant les os de ses poings, Il va voir si nous sommes incompétents !
– Du calme, ce n’est sans doute pas ce qu’il voulait dire… l’interrompis-je, ne voulant pas qu’une bagarre vienne semer la zizanie, Réveille plutôt ton coéquipier !
– Hé , Kyle ! Réveille-toi, on a du boulot ! s’exclama l’homme, d’un ton carabiné. »

Le jeune continua de pioncer sur le canapé.
« Il m’énerve ! Je vais lui en coller une, il va voir ! s’énerva Marco.
– Laisse le dormir un peu ! dit Anna .
– Anna a raison, laisse le dormir, il ne pourra que se reprocher à lui-même s’il loupe cette vidéo ! Nous l’aurons déjà vue et nous commencerons l’enquête avant lui, tant pis pour lui s’il a du retard sur nous ! Bon, allez, jetons un œil au dossier ! me précipitai-je, sortant le dossier d’une enveloppe, contenant une cassette de vidéo surveillance, bien emballée. »

Je l’ouvris puis me mis à lire à haute voix :

« Homme âgé de 42 ans assassiné le jeudi 29 Janvier 2004, à 17h23, dans une petite boutique. Arme du crime : poignard. Une jeune femme, travaillant dans ce magasin, a été victime de cet homme, qui l’a menacé du même poignard pour prendre l’argent de la caisse, et a même failli lui trancher la gorge suite à l’arrivée d’un jeune indescriptible physiquement, qui sauva la demoiselle et tua l’homme. La scène du crime a été filmée par des caméras de surveillance, possibilité de reconnaître le criminel. L’arme du crime était toujours présente sur les lieux du crime, possibilité de trouver des empreintes. 
– Eh bien, si l’on peut avoir le visage du meurtrier et ses empreintes, cela va être facile de clore cette affaire ! s’égosilla Anna. 
– Regardons la cassette, ajoutai-je, la mettant dans le lecteur de cassettes, mettant en route la vidéo. »

La vidéo était en couleurs, mais ne contenait aucun son. Au début, c’était calme. Puis un homme, muni d’un couteau, entra dans le magasin, menaçant alors la jeune femme du guichet, qui poussa un cri. Enfin, je suppose puisqu’il n’y avait pas de son… Quelques secondes après, un jeune entra. Un jeune plus qu’étrange… Il semblait effrayé et tétanisé. Mais il avait des cheveux rouges comme le sang. J’étais absorbé par ce jeune, comment il était. Rapidement, je sortis une tranche de fromage de ma poche, déchirant l’emballage pour l’avaler goulûment, presque sans mâcher. Puis l’homme empoigna la femme et semblait menacer le jeune de l’égorger si il faisait un mouvement. Oui, je conjecture derechef, vu qu’il n’y a aucun son comme je l’ai déjà précisé et que je n’y étais pas… Mais apparemment, c’était ce qui se passait. Si j’étais un criminel, c’est comme ça que j’aurais agi. Le jeune ne bougeait pas, il semblait ne pas comprendre à quoi il avait à faire. Puis soudainement, il se jeta sur l’homme, qui repoussa la jeune femme, et le criminel tomba sur le parquet. Celui-ci donna des coups de couteaux à son assaillant. C’est alors qu’un événement qui me semblait impossible se produisit… Il passa tellement vite et ce fut tellement surprenant que je n’avais pas eu le temps de tout voir, alors je demandai à Anna de repasser la vidéo quelques secondes en arrière et de faire un zoom sur le jeune aux cheveux rouges. Ce dernier, qui venait de se faire poignarder, continua de bouger et hurla quelque chose à l’homme. Il venait pourtant de se prendre une dizaine de coups de lame !

J’ouvris de grands yeux étonnés et une grande bouche ébahie, laissant tomber des morceaux de mon plat favori. J’en ressortis une autre, et encore une autre, me goinfrant comme pas possible, tant j’étais intrigué par ce miraculé. Qui était-il ? Comment se faisait-il que les coups de poignards ne l’affectaient pas ? Puis il prit le couteau de l’homme et lui planta dans la tête. Il resta fixe un court laps de temps, avant de se relever. Il prit une expression d’horreur, puis il s’enfuit en courant. Après cela, la femme appela la police, et j’arrêtai la vidéo, vu qu’il n’y avait plus rien à regarder. Devant la TV, nous restâmes fixes et ébahis. Anna semblait paralysée. Marco détourna son visage de honte. Kyle ronflait. Et moi… Intrigué, je me remis à manger mon fromage. Cette enquête pouvait sembler difficile pour les autres, mais moi, cela m’excitait. Puis je dis aux autres :

« Vous avez vu la même chose que moi , n’est-ce pas ? Ce jeune… les coups de… les coups de couteaux… ont étés inefficaces contre lui… Si quelqu’un de normal se fait autant poignarder, il n’en survivrait pas… J’hallucine… Je ne sais pas pour vous, mais moi, une enquête comme celle-ci, je saute dessus direct ! Je veux tout savoir sur ce jeune ! Son nom, son âge, où il habite, son manga préféré, sa pointure de chaussures, et s’il aime les tranches de fromage ! Cherchez son visage dans la banque de données, à l’aide du zoom sur son visage que nous avons effectué ! Immédiatement !
– Très bien ! répondit Anna, cherchant tout de suite sur son ordinateur, entrant les caractéristiques du visage du criminel. »

Enfin ! Enfin une enquête intéressante ! Raaaah ! Depuis le temps que j’attendais ce moment ! Mon excitation me faisait manger de plus en plus de tranches de fromage, les sortant une à une de ma poche, les alignant une à une dans ma bouche. Marco alla s’asseoir, d’une mine dépitée, ( bref, sa tête de d’habitude) près de Kyle, qui ronflait toujours aussi fort. Puis Anna me certifia :

« Je ne trouve rien dans la banque de données ! Aucun visage y ressemblant !
– Eh bien, ma chère Anna, c’est peut-être… Car ce visage n’existe pas ! répondis-je, certain.
– Comment le savez-vous, Monsieur Hunter ? Vous êtes devin? C’est ça, hein, c’est ça ? me demanda-t-elle, surprise.
– Euh… Non, mais tu peux m’appeler Loan, tu sais. Je dis cela tout simplement car, comme vous l’avez constaté, il a une certaine résistance aux coups de couteaux… Néanmoins, en suivant mon intuition, même si cela paraît improbable… Il se pourrait que ce soit…
– Un monstre ?! s’écria la jeune femme.
– Pourrais-tu me laisser finir ma phrase ? Non, cela aurait pu être une hypothèse, mais c’est un humain comme un autre. Ce serait vraiment tiré par les cheveux qu’un monstre se promène dans la ville et que personne ne s’en aperçoive. De ce fait, ça n’en est pas un.
– Comment le savez-vous ? Vous le connaissez ? Ah non ! Je vois ! C’est vous, n’est-ce pas ?!
– Mais pas du tout… J’ai juste remarqué un petit détail : son sac, qui s’apparente plutôt à un sac de cours. Vous avez déjà vu des monstres à l’école, vous ? Donc par associations d’idées, on peut penser que ce jeune est un collégien ou un lycéen, même si son physique est très étrange. Il rentrait sûrement chez lui en revenant des cours, l’heure du crime étant 17h23. Et puis, il ne se comportait pas comme un monstre. Il semblait horrifié, et son acte l’a effrayé, et c’est une caractéristique normale pour un humain. Si les monstres existaient vraiment, ils n’auraient pas de remords, ni de peurs. Mon hypothèse est la suivante… Le meurtrier est un collégien ou un lycéen qui… Je sais que ce que je vais dire va vous étonner, mais je me fie toujours à mon intuition… Pour faire clair, si il a résisté aux coups de couteaux et que son visage n’existe pas… Il se pourrait que ce jeune dispose d’atouts surnaturels, comme des sortes de pouvoirs. Ce n’est qu’une hypothèse, et elle est certes, surnaturelle, mais lors d’une enquête, il faut toujours être imaginatif et aller au-delà de la barrière du réel. Regardez Mulder et Scully ! »

Forcément, je me pris un vent… Personne ne connaissait la série culte avec ces deux personnages dans cette foutue équipe d’andouilles décérébrées terminées à l’acide sulfurique ! Excusez-moi, mais lorsqu’une enquête m’intrigue terriblement, je m’emporte facilement… Et comme c’est la première fois que je suis si emballé par une enquête, c’est donc la première fois que je suis aussi excité. Il va falloir me calmer sur les doses de fromage, sinon je vais enfler comme un ballon de baudruche !

« Mais, mon hypothèse se tient, vous ne trouvez pas ? repris-je, essayant de passer pour autre chose qu’un illuminé. Il va falloir se rendre sur les lieux du crime pour prendre les empreintes sur le couteau et poser des questions à la femme du guichet, le criminel ayant crié quelque chose à l’homme et cela pourrait être une piste importante. Ensuite, il va falloir faire la liste des collèges et lycées de la région. Avec un peu de chance, nous trouverons le criminel, et nous l’arrêterons… Je pense d’ailleurs que, vu comment il a réagi lorsqu’il a remarqué ce qu’il venait de faire, qu’il ne se mettra pas à tuer d’autres personnes. En ce moment, il doit être horrifié par son acte. Il est peut être seul, il se rend seulement compte de ce qu’il a fait, il doit se cacher… Ou peut-être pas, et s’il arrive à se reprendre rapidement de son acte, il pourrait commencer à aimer ce qu’il fait, et tuer d’autres personnes, qui sait… Les tueurs peuvent avoir des comportements imprévisibles. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas, alors concentrons-nous sur ce meurtre uniquement ! Les gars, j’ai vraiment envie de réussir cette enquête… Et ce n’est pas qu’une envie, c’est notre devoir de prouver que nous ne sommes pas des incompétents… Et dans cette enquête… Nous allons tout donner ! Est-ce clair ? »

Et c’est ainsi que nous nous embarquâmes dans cette affaire. En revanche, nous n’avions aucune idée où cela allait nous mener… Et nous ne savions pas encore quel danger nous guettait…

67