CHAPITRE VII : Regard

Les cauchemars se répétaient et s’enchaînaient d’une telle manière que je ne pouvais me reposer tranquillement… Je venais de prendre la décision d’éliminer tous les cons et les gens néfastes de ce monde, mais cela n’allait pas être une mince affaire, et je ne savais pas du tout comment j’allais m’y prendre… Le soir, lorsque Lisa rentra du collège, je me sentais déjà un peu mieux. Déboulant dans ma chambre, elle s’exclama :

« Levi ! Réveille-toi !
– Je ne dors même pas… rétorquai-je, sortant ma tête de sous la couverture. Que me veux-tu ?
– J’aimerais juste que tu m’accompagnes chercher des trucs à manger au magasin…
– Des trucs à manger ? C’est-à-dire ? lui lançai-je, suspicieux. Pourquoi n’attends-tu pas que Maman rentre pour lui demander de t’accompagner ?
– Et bien… C’est que… bredouilla-t-elle.
– Je vois… Tu veux aller acheter des bonbons, c’est ça ? Et comme Maman et Papa ne veulent pas que tu en manges…
– S’il te plaît, Levi ! C’est pas très loin ! Et j’ai pas envie d’y aller toute seule, j’ai peur quand il fait noir comme ça… Et puis, je suis ta petite sœur, il faut que tu veilles sur moi… Je te passerais un peu de bonbons si tu m’accompagnes…»

C’est vrai qu’il faisait sombre, et qu’on ne sait jamais ce qui pourrait arriver à une jeune fille mignonne et jolie comme elle. Elle me toisa avec ses yeux capricieux. Je n’allais pas la laisser y aller toute seule, quand même… Alors je lui dis d’un air ennuyé :

« C’est bon, tu as gagné ! Mais arrête avec tes caprices… Tiens, tu n’as pas un DM de sciences physiques à faire pour lundi par hasard ? Et bien, je ne t’aiderais pas, dans ce cas !
– Mais… Levi… se lamenta-t-elle.
– Tu le feras toute seule, comme une grande, pour une fois. la coupai-je, repoussant mes draps, prêt à partir à la recherche de bonbons pour une petite sœur en détresse. Bon, on y va ? »

Je devais avoir environ 6 épaisseurs pour me protéger du froid extérieur. Lorsque nous marchions, Lisa me parla de sa journée de cours, ponctuée d’histoires de filles. Je faisais semblant d ‘écouter. J’allais retourner dans le magasin où j’ai commis mon premier meurtre. L’effroi s’empara de moi.

« Non, il ne faut pas avoir peur ! pensai-je très fort, me réconfortant, Je me suis fixé un but ! Il ne faut absolument pas revenir sur le passé ! Peut-être que mon premier meurtre était un accident car je me suis laissé emporter, mais je ne dois pas renoncé sous l’effet de la peur ! Si les ténèbres commencent à m’envahir, il faut que je les repousse ! Et si je veux sauver cette humanité qui commence largement à décliner, c’est aussi pour que Lisa vive dans un monde meilleur et paisible ! Alors si j’abandonne dès le début, les cons pourront fêter leur victoire ! Et je ne perdrais pas contre eux ! Donc je ne dois pas m’affoler pour si peu. Au moins pour Lisa…
– Exactement ! s’incrusta Blood. »

Je me demandais où il était passé celui-là ! Reprenant confiance en moi, je m’adressai à ma petite sœur :

«  Lisa… C’est juste une question débile qui n’a aucun lien avec la réalité et qui est totalement impossible, mais si je me mettais à tuer des gens, tu penserais quoi de moi?
– Euh… Levi…
– Oui ? répondis-je du tac au tac.
– Qu’est-ce qu’il se passe là-bas ? Le magasin est fermé ? me questionna-t-elle. »

Je tournai mon regard vers la boutique. Cette dernière était inaccessible d’accès. En effet, des policiers et des enquêteurs occupaient la zone. Mon regard s’assombrit. Lisa, quant à elle, semblait étonné et curieuse. Je les fixait attentivement, me mettant en tête qu’ils étaient tous mes ennemis secondaires désormais. Mais je n’avais aucunement l’attention de les éliminer. J’avais envie de jouer un peu au chat et à la souris avec eux.

« Ils ne m’atteindront jamais. pensai-je, Ils ne pourront jamais remonter à moi. Surtout avec mon faux visage et mes fausses empreintes. Bonne chance, mais la partie est gagné d’avance !
– On fait comment alors pour mes bonbons, Levi ? intervînt Lisa. »

Je la regardai, lui lançant un regard qui voulait tout dire. Elle regarda vers le sol, gênée. Poussant un petit soupir d’amusement, je retournai alors ma tête pour épier à nouveau mes ennemis, et là… Le choc. Mes yeux s’arrêtèrent sur un individu à la fois mystérieux et intriguant. Il semblait avoir environ le même âge que moi, mais un peu plus grand en taille. Des cheveux blancs et une tranche de fromage pendant de sa bouche.

« Mais que fait quelqu’un d’aussi jeune dans la police ?! Pourquoi est-ce que je le regarde comme cela, avec autant d’insistance ? me questionnai-je, surpris. »

Soudain, il tourna son regard vers moi. Nous étions éloignés mais pourtant, je sentais quelque chose… Que lui aussi devait sentir. Nous nous regardâmes yeux dans les yeux. Ces yeux encore plus clairs que les miens me stupéfiaient. Le temps était comme stoppé autour de moi. Je ne sais pas pourquoi mais je croyais voir mon miroir. Sans le connaître, juste en l’apercevant, je savais que cet ennemi n’allait pas être comme les autres… Puis il croqua dans son fromage, et retourna à son travail d’inspection. Je continuai néanmoins à le regarder, jusqu’à ce que Lisa me tire le bras, m’interrogeant :

« Qu’y a-t-il, Levi ? On peut rentrer ? Il fait super froid et j’ai pas envie de tomber malade !
– Et c’est toi qui dit ça ? lui répliquai-je, la toisant toujours du même air. »

Je ne savais pas pourquoi ce jeune m’intriguait autant, mais j’étais sûr de quelque chose… En un seul regard, aussi loin soit-il, je compris que cette partie allait être plus intéressante et plus amusante que ce à quoi je m’attendais. Blood se mit à ricaner, tandis que je rentrais à la maison avec Lisa, qui n’avait toujours pas répondu à ma question…

Pendant le week-end, je ne fis que me reposer, et aider Lisa à faire son DM de sciences physiques… Oui, bon, elle les a pas eu ses bonbons finalement, alors merde !
Lundi 2 Février, je me sentais beaucoup mieux. Comme d’habitude, je me levai et me préparai pour me rendre au lycée. J’avais quand même loupé un jour de cours, et j’espérais qu’il n’y ait pas d’interros sur quelque chose que je n’aurais pas vu… Ce jour-là, mon passage par la cabine se fit rapidement, et je ne m’arrêtai pas pour demander à Blood un renseignement sur le nouveau pouvoir acquis, sachant pertinemment qu’il ne répondrait pas à ma question.

« Tu commences à bien me connaître, niark ! Aujourd’hui, je sens qu’on va bien s’amuser !
– Juste une question, Blood, le nouveau pouvoir que j’ai, est-ce que je peux m’en servir pour me battre ?
– Rohhh… Bon, OK ! On va dire que c’est Noël ! Et ma réponse est yep !
– Merci, Blood. Depuis quand les démons fêtent Noël au fait ?
– Niark !
– C’est pas vraiment une réponse… »

Arrivé au lycée, le con de la dernière fois m’interpella :
« Hé ! Lévi le petit con ! T’étais passé où ? Au fait, ton pote avec ses cheveux rouges là… La dernière fois, je lui ai cassé sa sale gueule ! Il la ramenait top et il se considérait plus fort, plus intelligent et supérieur à moi !
– Eh bien il a totalement raison… marmonnai-je du coin de mes lèvres.
– T’as dit quoi, là ? me dit-il d’un ton agressif, en m’attrapant par le bras.
– Que dalle… répondis-je, le repoussant et m’éclipsant un peu plus loin, pour me transformer en Blood sans être vu par ce con, qui se dirigea vers un de ses potes. « 

Métamorphosé, je m’avançai vers eux, passant derrière en disant :

« Ce soir, rendez-vous ans la rue adjacente à celle de l’école maternelle. Vous pouvez venir avec des potes si vous voulez, je vous tabasserai tous donc n ‘hésitez pas. Plus il y aura de cons, plus on rira.
– Tu déconnes, là ? Ouais, ok, on sera là et on te fera ravaler ta langue, le bouseux ! s’interposa le pote du con, qui devait être aussi stupide que lui, avec tout de même plus de cheveux que lui (l’autre avait le crâne rasé et mon Dieu ce que c’était moche!)
– On verra ça… répondais-je en les regardant de travers, plaçant toute ma confiance dans mes pouvoirs.  »

Ce fut l’heure d’aller en cours. Toute la journée, je pensai à mon nouveau pouvoir… Puis en cours de maths, le prof fit une interro surprise sur le cours de vendredi…

« J’ai vraiment de la chance ! pensai-je, ironiquement. Blood, tu peux m’aider ?
– Tu veux un cadeau de Pâques aussi ? répondit-il, ricanant.
– Décidément, je pense que ce démon est chrétien… Je me demande même s’il ne va pas se mettre à vouloir faire enfant de chœur ! »

Cette interro de maths fut un échec cuisant. Maths étant le dernier cours de ce lundi, je me rendis au point de rendez-vous, me métamorphosant avant que les autres n’arrivent. Puis je vis apparaître trois personnes derrière moi. Le con, son pote, et un autre de ses potes.

« Je pensais que t’allais te débiner, sale tarle ! Et ce gars avec nous tu le connais pas car il ne fait pas parti de notre lycée ! Je l’ai invité à se défouler avec nous car je veux qu’il…
– Arrête de parler, on dirait une femmelette, le coupai-je vivement, le regardant dans les yeux avec mes yeux rouges obnubilés de sang.
– Espèce de petit…commença-t-il. »

Il avait à peine commencé sa phrase que je m’élançai vers lui et lui donnai un uppercut bien placé. Il s’envola, la mâchoire probablement cassée, et je compris que mon nouveau pouvoir était un pouvoir vraiment cliché, c’est-à-dire, la force surhumaine. En effet, avec mon corps banal d’humain, j’étais incapable de faire aussi mal à quelqu’un de cette envergure. Lorsque mon poing toucha sa figure, les autres s’écartèrent d’un bond. Atterrissant près de moi, je lui assénai un violent coup sur le crâne, l’écrasant ainsi en bouillie sur le sol.

« Pour la énième fois, je ne suis pas petit ! Et je ne suis pas gay ! Suivant ! »

Celui qui venait d’un autre lycée semblait horrifié et il s’élança contre un mur. L’autre sortit un couteau-suisse et me le planta dans la tête, alors que j’étais abaissé suite au dernier coup que j’avais porté.

« J’aime pas trop les coups dans le dos ! Sale lâche ! En plus je ne vois plus rien ! Tu as dû toucher les aires visuelles alors ! Et puis la vache ! Ça fait plutôt mal un coup comme ça dans la tête ! Tu veux goûter pour voir ? »

Je retirai le couteau-suisse de mon crâne, et ma vision se reforma complètement. Je souris d’un air diabolique, et m’élançai sur lui, l’attrapant par la tête et le projetant vers le mur. Ce dernier s’effondra (le mur, pas le con). Il avait été facile à tuer. Le dernier survivant se mit à courir à toute vitesse, apeuré. Je lui lançai le couteau-suisse dans la jambe, le faisant tomber de tout son long. Je m’approchai de lui en disant :

« Je ne savais pas que j’avais un talent pour le lancer de couteaux ! J’en apprends tous les jours !
– Pitié !! Me tuez pas, je… C’est pas moi ! C’est Kevin qui m’a forcé !!
– Kevin ? Qui c’est, ça ?
– Le premier que… vous avez… tué… me répondit-il, tremblant de partout.
– Eh bien, je ne connaissais même pas leur nom. Et puis, franchement, j’en avais rien à faire. Kevin… Quel nom ringard ! C’est quoi ton prénom ?
– Henri… Pitié, me tuez pas…
– D’accord. Comme je ne peux prouver si tu es un con ou pas, Henri, je te laisse la vie sauve. N’hésite pas à parler de moi à la police, ça pourrait être amusant ! Et juste une dernière chose… »

Souriant toujours d’un air toujours aussi sadique, j’arrachai le couteau-suisse de la jambe d’Henri pour couper la peau de mon bras gauche devant lui, faisant couler plein de sang le long de son visage. Il s’évanouit, et je pus savourer ma première véritable victoire contre ces vermines.

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