2999, à l’aube du troisième millénaire, la planète bleue n’est plus bleu mais couleur poussière avec de minuscule taches d’eau. Mais elle n’est pas morte, la vie est encore présente. Nous sommes les descendants de ceux qui n’ont pas pu partir dans l’espace.
Nous sommes des humains qui avons évolué à cause des UV, des infrarouges, du méthane, des métaux lourds, de la rareté du dioxygène …
Nous avons perdu nos ongles, notre peau s’est couverte d’écailles de mélanine, les yeux sont devenus sensibles aux infrarouges mais ne distinguent pas le reste du spectre lumineux. La cage thoracique, c’est davantage développé et la boîte crânienne a diminuée.
Je me nomme Kî est je suis une nouvelle humaine, j’ai vécu au bord d’une de ces tâches bleues, vestiges des anciennes mers. J’ai passé mon existence à compiler les archives et les traces d’antan et maintenant, que notre peuple s’apprête à quitter la Terre, je dois laisser une trace de notre passé récent afin que lorsque les générations futures atteignent un nouveau monde, elles ne commettent pas les même erreurs.
L’eau que nous avions aurait été mortelle au XXI ème siècle, là elle est source de vie et d’espoir. Nous récupérons toutes sortes de plastique afin de façonner habilement nos vêtements. Comme beaucoup d’autres, je suis vêtu d’une sorte de cotte de maille en bouchon de plastique et de bottes en plastique fondu. Je fais partie du clan des Yumin (pêcheurs). Mes parents et mes frères utilisent des harpons en ferraille pour attraper des poissons-serpents. Nous fouillons également les ruines de béton et vendons les ferrailles au plus grand clan, les Builters. Je suis allée plusieurs fois chez les Builters, et la cité qu’ils ont bâti m’a toujours émerveillée. Alors que les Yumin ne peuvent vivre que la nuit, afin de ne pas être brûlé par les ultraviolets, les Builters ont construit une cité sous-marine.
Ils n’ont que très peu de technologies, beaucoup sont récupérées parmi les ferrailles, d’autres sont déduite d’observation. Lorsque l’on plonge une bouteille à l’envers dans de l’eau, de l’air se retrouve emprisonné. Tout comme les marins du XV ème siècle utilisèrent la cloche de plongée de Halley, les Builters fabriquèrent de grandes coupoles en ogive. Ils utilisèrent du fer et du plastique récupérés. Les coupoles furent tirées sur l’eau, où elles flottèrent grâce à des boyaux de poissons transformés en bouées provisoires. Les bouées détruites par l’eau, l’ogive s’enfonce doucement dans l’eau, emprisonnant l’air. Des cordes de plastique amarraient la structure au fond de la petite mer. Afin de renouveler l’air, toujours grâce au plastique, ils fabriquèrent des tuyaux qui partirent du sommet de la coupole jusqu’à la surface de l’eau tels des tubas. Chaque structure étant indépendante, on s’y rend en nageant, chaque plancher comporte une trappe donnant dans l’eau. (Sans avoir jamais vu de castor, les Builters ont reproduit leur mode de vie)
Parmi les coupoles, il y en a une toute de plastique transparent, mise à part l’armature en fer. Le plancher est percé en son centre exact afin de créer l’accès, au Temple. C’est un lieu où les anciens se réunissent mais aussi où le peuple remercient le créateur de leur avoir offert le plastique en abondance.
Afin de surveiller les abords de la cité, des tourelles émergent de l’eau et permettent de voir le petit oasis qui s’est constitué d’acacias du désert et de palmiers nains. Les premiers arbres apportent du combustible les second, des fruits qui donnent une diversification alimentaire. Les gardes au sommet des tourelles doivent être vigilant aux chèvres. Les chèvres ont fait évoluer leur régime alimentaire et désormais elles se nourrissent de végétaux, d’insectes, de charognes et parfois de chair humaine. Elles n’hésitent pas à attaquer les humains isolés.
Parmi toutes les coupoles, il y en a une beaucoup plus grande, où pendant une génération, les builters se sont activés comme des fourmis pour assembler une « chose » qui doit être le sauveur.
Ce Sauveur ressemble à un gigantesque poisson-serpent et nous permettra bientôt de quitter la Terre en direction des étoiles…
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